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La cannelle peut-elle devenir un traitement naturel du syndrome métabolique ?

Endocrinologie et métabolisme

Par Lila Rouland | Publié le 1er décembre 2025 | 3 min de lecture


Le syndrome métabolique (MetS) constitue une problématique de santé publique croissante à l’échelle mondiale. Il regroupe un ensemble de troubles : hypertension artérielle, obésité viscérale, hyperglycémie, dyslipidémie et résistance à l’insuline. Ces anomalies, souvent liées à un mode de vie sédentaire et à une alimentation déséquilibrée, augmentent considérablement le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2.


Face aux limites des traitements pharmacologiques, la recherche s'oriente vers des approches complémentaires comme l’usage de plantes médicinales. Parmi celles-ci, la cannelle (Cinnamomum verum), riche en composés phénoliques et volatils, présente un fort potentiel thérapeutique grâce à ses propriétés antidiabétiques, anti-inflammatoires, antioxydantes et hypolipidémiantes.


Quels mécanismes expliquent les effets protecteurs de la cannelle contre le syndrome métabolique ?


Composition bioactive et mécanismes physiologiques


La cannelle renferme de nombreux composés actifs dont le principal est la cinnamaldéhyde, responsable de ses effets pharmacologiques. Ce composé améliore la sensibilité à l’insuline, diminue les triglycérides, réduit l'adiposité viscérale et possède une action thermogénique favorisant l’oxydation des graisses.
Des études montrent que la cinnamaldéhyde bloque les enzymes digestives α-amylase et α-glucosidase, réduisant ainsi l'absorption intestinale du glucose et les pics postprandiaux. Elle stimule également le transporteur de glucose GLUT4, augmentant l'utilisation du glucose par les cellules.


Effets sur l’obésité et les troubles lipidiques


Des essais cliniques sur l’humain et l’animal ont démontré l’efficacité de la cannelle pour réduire la masse grasse, l’IMC et le tour de taille. Combinée à une activité physique, elle améliore significativement la composition corporelle. Chez les rongeurs et les poissons-zèbres, elle diminue les taux de cholestérol LDL, de triglycérides et de glucose sanguin, tout en régulant l’expression des gènes lipidiques.


Dans des essais sur des patientes ménopausées, des doses de 2,4 mg par jour pendant trois mois, associées à un régime hypocalorique, ont permis d’abaisser la graisse corporelle et de moduler le métabolisme lipidique. Ces résultats sont corroborés par des tests de lipase hépatique, d’indicateurs glycémiques et d’enzymes hépatiques.



Effets antidiabétiques


Plusieurs études cliniques ont montré qu'une supplémentation de 3 à 6 g de cannelle par jour pendant 40 jours réduit significativement la glycémie à jeun et postprandiale, ainsi que l'hémoglobine glyquée (HbA1c). La cannelle augmente également l’insuline sérique tout en améliorant la fonction pancréatique.


Des études animales et humaines montrent que la combinaison de cannelle avec d'autres extraits (fenugrec, oignon, thé) renforce son effet hypoglycémiant, souvent supérieur à celui de la metformine dans certaines mesures postprandiales.



Effets sur la dyslipidémie et l’hypertension


La cinnamaldéhyde réduit significativement les niveaux de LDL, TG et cholestérol total, tout en augmentant le HDL. Chez les rats ovariectomisés, elle inhibe l’accumulation lipidique aortique et le stress oxydatif. Chez l’humain, l’ajout de cannelle (1 à 1,5 g/jour) améliore la réponse lipidique à l’exercice aérobie et diminue significativement les marqueurs de risque cardiovasculaire.


En matière de tension artérielle, une étude sur 200 patients hypertendus a révélé qu’une consommation quotidienne de 2 g de cannelle associée à un régime équilibré diminue de manière significative la pression artérielle systolique et diastolique, en plus du rapport taille-hanches.



La cannelle a-t-elle sa place dans la prise en charge clinique du syndrome métabolique ?


La cannelle, par sa richesse en composés bioactifs, s’impose comme une option thérapeutique naturelle prometteuse contre le syndrome métabolique. Son effet est manifeste sur la glycémie, le profil lipidique, l’adiposité et la pression artérielle, avec une bonne tolérance dans les dosages modérés (jusqu’à 6 g/jour).


Cependant, malgré ces résultats encourageants, l’absence de posologie standardisée et les variations interindividuelles nécessitent la poursuite des recherches, notamment des essais cliniques à large échelle. Il reste essentiel d’évaluer les effets secondaires à long terme, en particulier pour des usages à fortes doses ou prolongés.


L’intégration de la cannelle dans les protocoles de prévention et d’accompagnement des maladies chroniques offre une voie d’avenir en phytopharmacologie.  


À lire également : Tumeurs germinales testiculaires : épidémiologie, facteurs de risque et avancées thérapeutiques



À 
propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing

Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.


Source(s) :
The therapeutic perspective of cinnamon (Cinnamomum verum) consumption against metabolic syndrome. Bibi, T., et al.(2024) Journal of Functional Foods, 122, Article 106545. ;

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