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Prurit chronique : un traitement sous vitamine(s)

Dermatologie et Vénérologie

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Le prurit chronique constitue un symptôme déroutant et invalidant, commun à de nombreuses dermatoses (eczéma, psoriasis, urticaire), maladies systémiques (insuffisance rénale chronique, cholestase hépatique), et affections neuropathiques. Malgré sa fréquence, il reste souvent mal contrôlé par les traitements classiques tels que les antihistaminiques, les corticoïdes ou les immunosuppresseurs. Ces stratégies, bien que couramment utilisées, offrent des résultats inconstants, exposent à des effets indésirables et ne sont pas adaptées au long cours.


Face à ces limites, l’intérêt pour des alternatives mieux tolérées s’est accru. Plusieurs vitamines – notamment D, B12, B3 (niacinamide) et E – se sont révélées prometteuses grâce à leurs effets anti-inflammatoires, antioxydants, immunomodulateurs ou renforçant la barrière cutanée. Cependant, les résultats restent hétérogènes et aucune recommandation n’est encore formalisée.

Cette étude a été initiée de sorte à évaluer l’efficacité des différentes vitamines dans la réduction de l’intensité du prurit chronique, toutes étiologies confondues, en examinant les effets selon le type de vitamine, la voie d’administration et la durée du traitement.
 


Des vitamines contre les démangeaisons ?


Dans cette étude, 21 essais contrôlés randomisés ont été analysés. Ils concernaient 1 723 participants atteints de prurit chronique d’origine dermatologique, systémique ou oncologique. Les études portaient sur les vitamines D2, D3, B3, B12 et E, administrées par voie orale ou topique, sur des durées variant de 4 à 52 semaines. L’effet principal mesuré après traitement était la diminution du prurit via des échelles standardisées (VAS, SCORAD, UAS7).


Les résultats montrent un effet modéré mais significatif des vitamines sur l’intensité du prurit. Les effets les plus marqués ont été observés avec la vitamine B12 topique et la vitamine D3 topique, notamment dans l’eczéma atopique, le prurit lié à l’insuffisance rénale ou au cancer. Les formulations orales, notamment en vitamine B3 et E, ont également montré une efficacité modérée. Pour finir, les effets des vitamines D2 et D3 orales restaient modestes.


Les traitements de courte durée (≤12 semaines) étaient associés à de meilleurs résultats que ceux prolongés au-delà de 24 semaines, suggérant une possible adaptation physiologique ou une baisse d’adhésion. Des bénéfices complémentaires ont été observés sur les lésions cutanées et les marqueurs inflammatoires (TNF-α, IL-6, hsCRP).
 


Vitamines miracles ou mirages ?


Le prurit chronique est un symptôme invalidant, souvent résistant aux traitements standards, qui altère significativement la qualité de vie. Malgré la diversité de ses causes, sa prise en charge reste insuffisamment codifiée, et les options thérapeutiques actuellement disponibles sont souvent peu efficaces à long terme ou mal tolérées.


L’un des grands défis est de proposer des approches thérapeutiques alternatives, accessibles et mieux tolérées, capables de moduler l’inflammation, restaurer la barrière cutanée et limiter les médiateurs du prurit sans effets indésirables majeurs.

Dans ce contexte, les vitamines suscitent un intérêt croissant, tant pour leurs propriétés biologiques que pour leur potentiel de repositionnement thérapeutique.


Cette étude visait à évaluer l’efficacité antiprurigineuse des vitamines administrées par voie topique ou orale, en comparant leur impact sur l’intensité du prurit, les lésions cutanées associées et les marqueurs inflammatoires. Les résultats confirment que certaines vitamines — notamment la B12 et la D3 en application locale — peuvent apporter un soulagement significatif, en particulier dans les dermatoses inflammatoires et les prurits systémiques.


Néanmoins, plusieurs limites majeures réduisent la généralisation des résultats (hétérogénéité des protocoles, courte durée des des études, absence de suivi à long terme, manque de standardisation des formulations …), justifiant la nécessité de travaux plus rigoureux supplémentaires. À ce titre, les recherches futures devront évaluer les effets des vitamines sur des périodes plus longues. Elles devront aussi préciser les doses optimales et les meilleures voies d’administration. Il sera essentiel d’identifier les profils de patients les plus répondeurs. Intégrer les vitamines dans la stratégie thérapeutique du prurit pourrait ainsi favoriser une prise en charge plus ciblée, efficace et durable.



  

Source(s) :
Kuo, Wu-Hsien, et al. "Updated Meta-Analysis on Vitamin Supplementation for Chronic Pruritus: Expanding Evidence Beyond Vitamin D." International Journal of Molecular Sciences 26, no. 8 (2025): 3840 ;

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