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L’existence d’un potentiel lien entre l’exposition aux inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et le risque de diabète de type 2 reste encore incertaine. Les IPP réduisent la sécrétion d’acide gastrique et par conséquent augmente la concentration sanguine de gastrine, elle-même pouvant induire la formation de nouvelles cellules béta pancréatiques. Par ailleurs, les IPP peuvent modifier le microbiote intestinal, certains changements dans le microbiote étant associés à des anomalies dans le métabolisme du glucose. Chez les patients diabétiques sous IPP, le taux d’hémoglobine glyquée est inférieur à celui des patients diabétiques sans IPP. Enfin, les IPP augmentent les niveaux plasmatiques de diméthylarginine, impliqué dans la résistance à l’insuline et le diabète.

Dans un nouvel essai clinique de phase 3, une étude cas-contrôle, des chercheurs ont évalué l’impact des IPP sur l’incidence du diabète de type 2. Ils ont analysé les données des services de santé de la région de la Lombardie en Italie, intégrant les données médicales de 777 420 patients âgés d’au moins 40 ans, qui ont été nouvellement traités par un inhibiteur de la pompe à protons entre 2010 et 2015. Le critère d’inclusion dans l’étude était le diagnostic d’un diabète de type 2 au cours de la période de suivi.

Un total de 50 535 patients ont été diagnostiqués pour un diabète de type 2 durant la période de suivi jusqu’en 2020 (durée moyenne de suivi 6,2 ans), soit une incidence de 10,6 cas pour 1 000 personnes-années. Ces patients ont été appariés avec un nombre identique de sujets contrôles, sélectionnés aléatoirement dans la cohorte selon leur âge (âge moyen 66 ans), leur sexe (environ 50 % d’hommes) et leurs comorbidités. Les deux IPP les plus prescrits étaient le pantoprazole et l’oméprazole. Les sujets atteints de diabète de type 2 étaient plus prédisposés à l’utilisation en parallèle de médicaments antihypertenseurs et hypolipémiants.

Par rapport aux patients traités par IPP sur moins de 8 semaines, ceux traités sur 8 semaines à 6 mois avaient un risque accru de 19 % d’être diagnostiqués pour un diabète de type 2 au cours de la période de suivi [OR= 1.19; intervalle de confiance 95% : 1.15–1.24], une fois les données ajustées sur l’âge, le profil clinique, les comorbidités, les traitements en cours et le type d’inhibiteur de la pompe à protons. Entre 6 mois et deux ans de traitement, le surrisque était de 43 % [OR = 1.43 ; 95% CI : 1.38–1.49], puis de 56 % au-delà de deux ans de traitement par IPP [OR = 1.56 ; 95% CI : 1.49–1.64).

L’association entre la durée de traitement par IPP et le risque de diabète de type 2 était en moyenne plus forte chez les sujets jeunes (entre 40 et 65 ans, au-delà de 2 ans de traitement) [OR = 1.74 ; 95% CI : 1.62–1.86], mais aussi chez les sujets avec un profil clinique plus complexe [OR = 2.47 ; 95% CI : 2.08–2.93].

Les données de ce nouvel essai clinique concordent avec trois récentes études prospectives de cohorte regroupant 204 689 américains et révélant une augmentation du risque de diabète de type 2 avec la durée de traitement par IPP. Mais d’autres études, et en particulier une récente méta-analyse, ne révèle aucune association significative entre les IPP et le diabète de type 2. Il n’existe donc pas à ce stade de données cliniques suffisamment convaincantes pour modifier les pratiques de prescription des IPP, ni pour introduire des recommandations en matière de dépistage du diabète chez les sujets traités au long cours par IPP.


Source(s) :
Giovanna Liuzzo et Carlo Patrono. Long-term use of proton pump inhibitors and risk of diabetes mellitus: the totality of the evidence does not support a change in practice, European Heart Journal, September 2022, 469. ;

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