Virus utilisé en thérapie génique : risque de cancer ?
En thérapie génique, il est fréquent d’utiliser des virus modifiés pour faire pénétrer des gènes dans des cellules afin de traiter une maladie génétique. Les vecteurs dérivés de virus adéno-associés ou AAV permettent un transfert de matériel génétique, a priori sans intégration de l’ADN à la cellule hôte, sous forme d’épisome. Les AAV sont approuvés par l’autorité de santé américaine FDA (Food and Drug Administration) dans le traitement de l’amyotrophie musculaire spinale. Cependant, après une étude portant sur des chiens traités avec des AAV pour l’hémophilie il y a 10 ans, il a été montré que le vecteur peut insérer son gène dans l’ADN hôte.
Les travaux, présentés au meeting annuel de l’American Society of Hematology (ASH) à Orlando (Floride, USA) le 9 décembre 2019 par Denise Sabatino ont montré que pour 7 chiens sur 9, la thérapie génique a permis de restaurer la production du facteur VIII déficient dans l’hémophilie. Cependant, chez 2 de ces chiens, le niveau de production de ce facteur a largement dépassé la valeur normale. En étudiant les foies de 6 chiens, l’équipe a mis en évidence l’intégration de fragments du gène codant pour le facteur VIII dans le génome de nombreuses cellules hépatiques, parfois près de gènes impliqués dans la croissance cellulaire. Ces cellules se sont divisées davantage, ce qui pourrait expliquer la quantité importante de facteur produite chez 2 des chiens. Bien qu’ils ne soient pas encore publiés, ces travaux montrent qu’il est important de vérifier l’intégration des gènes livrés par des AAV pendant une période supérieure aux 5 ans de surveillance requis par la FDA. Il apparait donc que l’intégration des gènes dans l’ADN est à double tranchant. En effet, cela permettrait une plus longue activité thérapeutique de ces ADN, mais avec un risque de développer des cancers.
Ces données ont été présentées au congrès de l’ASH. Retrouvez le 61st ASH Annual Meeting & Exposition (7-10 Décembre 2019, Orlando, FL, USA) sur MedflixS.
Article Science - doi:10.1126/science.aba7696
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