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13/10/2025

Bouger… et tenir la distance après le cancer ?

Oncologie

Par Ana Espino | Publié le 13 octobre 2025 | 3 min de lecture


#OctobreRose #Cancer #ActivitéPhysique #SuiviMédical


Avec l’augmentation du nombre de survivants du cancer, la prise en charge ne s’arrête plus à la rémission. Le maintien de la qualité de vie devient un enjeu central, notamment via l’activité physique, reconnue pour ses effets sur la fatigue, la fonction physique, le moral, et même le risque de récidive.


Pourtant, les interventions en cours de traitement, bien que bénéfiques à court terme, peinent à induire des changements durables. Une fois le programme terminé, beaucoup de patients réduisent significativement leur niveau d’activité, faute de soutien ou de motivation. Les données restent encore limitées sur les trajectoires à long terme de l’activité physique et les facteurs de vulnérabilité qui freinent son maintien. Dans ce contexte, cette étude a été conçue pour identifier les profils évolutifs d’activité physique sur cinq ans, après une intervention encadrée, et déterminer les prédicteurs de chaque trajectoire chez des patients traités pour un cancer du sein, de la prostate ou colorectal. L’objectif est d’éclairer les leviers d’une prise en charge plus personnalisée et durable en oncologie.


Qui reste actif après l’intervention ?


556 survivants du cancer (sein, prostate, colorectal) ayant suivi une intervention d’activité physique encadrée pendant 6 mois au cours de leur traitement ont été sélectionnés. L’activité physique modérée à intense (MVPA) a été mesurée objectivement à l’aide de moniteurs d’activité, à sept reprises sur une période de cinq ans. Pour identifier les profils de comportement dans le temps, les auteurs ont appliqué une modélisation de classe latente.


Quatre trajectoires distinctes ont émergé : un groupe à faible activité stable (18 %), un groupe à activité modérée stable (41 %), un groupe avec un niveau élevé initial suivi d’un déclin progressif (28 %), et un dernier groupe maintenant une activité très élevée de façon stable (13 %).


Les analyses ont révélé que les patients présentant un IMC élevé, une condition physique réduite, une motivation initiale faible, ou appartenant au sexe féminin étaient plus susceptibles de suivre une trajectoire de faible activité ou de déclin. À l’inverse, un bon niveau de forme physique au départ, une autoefficacité perçue élevée, ainsi qu’une forte adhésion au programme initial favorisaient le maintien d’un niveau d’activité élevé sur le long terme. Ces résultats mettent en évidence des profils à risque spécifiques, ouvrant la voie à des interventions ciblées pour améliorer le maintien de l’activité physique après le cancer.


Vers un accompagnement plus durable et ciblé


Le cancer est une pathologie chronique dont les séquelles persistent bien au-delà du traitement médical. Le maintien de l’activité physique après rémission représente un enjeu crucial pour la santé globale des survivants, mais reste difficile à garantir sur le long terme. L’objectif de cette étude était de décrire les trajectoires d’évolution de l’activité physique après une intervention structurée, et d’identifier les freins spécifiques à sa pérennisation. Les résultats montrent que seule une minorité de patients maintient durablement un niveau d’activité élevé, tandis que la majorité adopte un profil stable ou décroissant, influencé par des facteurs de risque bien identifiés, tels qu’un IMC élevé, une forme physique réduite ou un manque de motivation initiale.


Toutefois, des limites de cette étude persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Il sera nécessaire de valider ces trajectoires dans des populations plus diversifiées, d’intégrer des facteurs psychosociaux et comportementaux, et de développer des stratégies de suivi prolongé adaptées aux profils à risque. À terme, l’enjeu est de transformer les interventions ponctuelles en programmes durables, personnalisés et intégrés aux soins de support. Une telle approche pourrait améliorer significativement la qualité de vie à long terme des survivants du cancer, en ancrant l’activité physique comme pilier de la prise en charge post-traitement.




À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Ax, A. K., et al. (2025). Longitudinal Profiles and Predictors of Physical Activity in Cancer Survivors Post-Exercise Intervention: A 5-Year Follow-Up of the Phys-Can RCT. Integrative cancer therapies, 24, 15347354251362447 ;

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