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Alimentation végétale : un frein à la progression du cancer de la prostate ?

Oncologie

Le cancer de la prostate est la seconde tumeur maligne la plus fréquente chez l’homme. Malgré les progrès thérapeutiques, la gestion post-diagnostique de la maladie reste un enjeu majeur, en particulier en ce qui concerne les facteurs modifiables, tels que le régime alimentaire. Si les aliments d’origine végétale sont reconnus pour leur rôle dans la prévention primaire, leur impact sur la progression de la maladie une fois le diagnostic établi demeure incertain. Cette étude de cohorte prospective américaine vise à évaluer l’association entre l’alimentation végétale post-diagnostic et le risque de progression du cancer de la prostate ou de mortalité spécifique. L’objectif est de déterminer si adopter une alimentation principalement végétale après le diagnostic pourrait ralentir l’évolution clinique de la maladie. Une alimentation végétale peut-elle freiner la progression du cancer de la prostate ? Menée auprès de 2062 hommes atteints d’un cancer de la prostate non métastatique, cette étude utilise les données du registre CaPSURE. Tous les participants ont rempli un questionnaire alimentaire validé entre 2004 et 2016. Deux indices alimentaires ont été analysés :
  • PDI (Plant-Based Diet Index) : consommation totale d’aliments végétaux, qu’ils soient sains ou moins sains.
  • hPDI (healthful PDI) : focalisé uniquement sur les aliments végétaux bénéfiques (fruits, légumes, grains entiers, légumineuses, huiles végétales).
Les événements cliniques considérés comme progression incluent : récidive biologique, traitement secondaire, métastases osseuses ou décès lié au cancer. Données clés Sur un suivi médian de 6,5 ans, 190 événements de progression ont été recensés. Les résultats montrent que les hommes ayant les scores les plus élevés de PDI ont un risque de progression réduit de 47 % comparé à ceux avec le score le plus faible (HR = 0,53 ; IC95 % : 0,37–0,74 ; p-trend = 0,003). En revanche, aucune association significative globale n’a été observée avec le hPDI. Toutefois, chez les hommes ayant un score de Gleason ≥ 7, un hPDI élevé était associé à 55 % de réduction du risque de progression (HR = 0,45 ; IC95 % : 0,25–0,81 ; p-trend = 0,01). La mortalité spécifique liée au cancer de la prostate (61 décès) n’a pas permis de conclure fermement, faute de puissance statistique suffisante. L’alimentation végétale, un nouvel outil thérapeutique en oncologie ? Cette étude renforce l’idée qu’un régime riche en aliments végétaux pourrait jouer un rôle clé dans la gestion post-diagnostic du cancer de la prostate. Les bénéfices observés du PDI global soulignent que l’augmentation des apports en végétaux, même ceux considérés comme moins sains, pourrait contribuer à ralentir la progression tumorale. Les mécanismes potentiels incluent la présence de composés phytochimiques, d’antioxydants, une meilleure régulation de l’insuline et une réduction de l’inflammation chronique. À l’inverse, les aliments d’origine animale, en particulier les produits laitiers entiers et les viandes rouges, pourraient favoriser la progression tumorale via la stimulation de l’IGF-1 et le stress oxydatif. Parmi les limites, on note l’absence d’évaluation du régime pré-diagnostic, une population essentiellement blanche et éduquée, et un risque de biais liés aux comportements sains associés (activité physique, non-tabagisme). Toutefois, l'étude présente une cohorte robuste, un suivi prolongé et une stratégie d’ajustement rigoureuse. En perspective, ces résultats encouragent l’intégration d’un suivi nutritionnel individualisé dans la prise en charge des patients atteints de cancer de la prostate. De futures recherches devraient préciser les effets des différents types d’aliments végétaux et leur interaction avec les traitements oncologiques.

Source(s) :
Plant-Based Diets and Disease Progression in Men With Prostate Cancer. Liu VN, Van Blarigan EL, Zhang L, et al. JAMA Network Open. 2024;7(5):e249053. ;

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