Les Oméga-3 : un levier nutritionnel contre le cancer de la prostate
Oncologie
Le cancer de la prostate est la
deuxième tumeur maligne la plus fréquente chez l’homme et la cinquième cause de mortalité par cancer
dans le monde. Malgré les avancées thérapeutiques, les options de prévention et
de réduction de la mortalité restent limitées. Parmi les facteurs modifiables, l’alimentation suscite un
intérêt croissant. En particulier, les acides gras polyinsaturés
oméga-3 (EPA, DPA, DHA) possèdent des propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses
potentielles. Toutefois, les études antérieures rapportent des résultats
contradictoires, et peu de données longitudinales à large échelle existent sur
la relation dose-effet de l’apport
en oméga-3. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact de la consommation
alimentaire d’oméga-3 sur l’incidence
et la mortalité liée au cancer de la prostate,
à partir des données du PLCO Cancer Screening Trial,
une cohorte prospective américaine majeure.
Quelle
dose d’oméga-3 pour protéger vraiment la prostate ?
L’étude a
inclus 30 552 hommes âgés de 55 à 74 ans, suivis pendant une médiane de 7
ans. L’apport en oméga-3 (EPA, DPA, DHA) a été évalué via un questionnaire
alimentaire validé (DHQ), et les risques ont été analysés à l’aide de
modèles de régression de Cox, ajustés sur les facteurs de confusion majeurs
(âge, antécédents, IMC, PSA, mode de vie, etc.).
Les résultats
montrent une relation linéaire inverse entre la consommation
d’oméga-3 et le risque global de cancer de la prostate (HR quintile le plus
élevé vs le plus bas : 0,90, IC 95% : 0,81–1,00 ; p = 0,053), bien que cette
association ne soit plus significative après ajustement complet.
Concernant la mortalité
par cancer de la prostate, une relation non linéaire en U a été
observée (p non-linéarité = 0,009). Le risque de décès diminue
significativement pour des apports compris entre 0,15 et 0,40 g/j, avec
un HR de 0,67 pour le 2ᵉ
quintile vs le 1ᵉʳ (p =
0,011). Toutefois, des apports > 0,4 g/j pourraient augmenter ce risque,
avec un HR de 0,70 dans le 5ᵉ
quintile (p = 0,021).
Ces résultats
suggèrent un effet protecteur à dose modérée, mais potentiellement
délétère à haute dose, probablement en raison d’interactions hormonales ou
d’un déséquilibre entre oméga-3 et autres lipides (comme les oméga-6).
Quelle
stratégie nutritionnelle face au cancer de la prostate ?
Ce travail
confirme le rôle protecteur potentiel d’un apport modéré en oméga-3 sur
la mortalité liée au cancer de la prostate, tout en appelant à la prudence sur
les doses élevées. Les effets anti-inflammatoires des oméga-3, leur
influence sur les voies COX-2 et NF-κB, ainsi que leur capacité à induire
apoptose et autophagie, soutiennent ces observations biologiques.
Cependant,
l’étude présente des limites : données alimentaires auto-déclarées,
analyses basées sur une seule mesure, population essentiellement blanche et
âgée, et absence de distinction entre sources alimentaires et supplémentation.
Les auteurs recommandent des essais contrôlés randomisés pour préciser les recommandations
cliniques.
En pratique,
une consommation modérée d’oméga-3 (notamment par poissons gras, huiles
marines) pourrait réduire le risque de progression et de décès du cancer
de la prostate, en particulier chez les sujets à risque (âge, antécédents
familiaux, surpoids). Toutefois, un apport > 0,4 g/j ne semble pas
bénéfique, et pourrait nécessiter une surveillance personnalisée.
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