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Cancer de la prostate et alimentation : quel régime adopter pour mieux prévenir ?

Oncologie

Le cancer de la prostate est la deuxième cause de cancer chez l’homme dans le monde. Son incidence varie fortement selon la géographie, les origines ethniques et surtout les facteurs liés au mode de vie, notamment l’alimentation. L’étude examine comment graisses, protéines, glucides, vitamines et phytonutriments influencent la survenue et l’évolution de cette pathologie. Si les données cliniques sont encore hétérogènes, les indices s’accumulent en faveur de régimes riches en végétaux et pauvres en produits animaux transformés. L’objectif est d’identifier les composantes alimentaires qui pourraient freiner la carcinogenèse prostatique. Ce que nous mangeons favorise-t-il l’inflammation et la tumeur ? Graisses : le bon équilibre entre oméga-3 et oméga-6 Les acides gras saturés et les acides gras trans issus des régimes occidentaux riches en viande, produits laitiers et huiles transformées sont associés à une augmentation du stress oxydatif, des androgènes intra-prostatiques et des facteurs inflammatoires. Ces éléments favorisent la prolifération tumorale. À l’inverse, les oméga-3 (poissons gras) exercent un effet protecteur, en modulant l’inflammation et en ralentissant la progression tumorale. Protéines : viande rouge, œufs, produits laitiers et alternatives végétales Les protéines animales, notamment la viande rouge, les œufs riches en cholestérol et les produits laitiers (surtout le lait entier), favorisent des niveaux élevés d’IGF-1, un facteur impliqué dans la prolifération des cellules prostatiques. Des études montrent une corrélation entre leur consommation et le risque de récidive ou de progression. Les protéines végétales, notamment issues du soja (isoflavones), exercent au contraire des effets cytotoxiques et anti-androgènes. Glucides : attention aux sucres raffinés Une consommation excessive de glucides simples (sodas, pâtisseries, pain blanc) favorise l’hyperinsulinémie, stimule la voie IGF-1, et accroît l’inflammation chronique. Des régimes pauvres en glucides ont montré, chez l’animal, une réduction significative du volume tumoral. Vitamines et minéraux : bénéfices limités des suppléments isolés Les rôles des vitamines A, D et E dans la prévention du cancer de la prostate restent controversés. L’excès de calcium, notamment via les produits laitiers, pourrait augmenter le risque tumoral. En revanche, les vitamines obtenues par l’alimentation offrent une meilleure synergie antioxydante qu’en supplémentation. Phytonutriments : les alliés végétaux de la prostate Plusieurs composés bioactifs démontrent un potentiel anti-tumoral :
  • Lycopène (tomate) : antioxydant puissant, lié à une réduction du PSA et du risque tumoral.
  • Catéchines (thé vert) : action anti-inflammatoire et apoptotique sur les cellules cancéreuses.
  • Indoles (brocolis, choux) : prévention de formes agressives.
  • Allium (ail, oignon) : effets anti-prolifératifs démontrés.
  • Curcumine (curcuma) : freine la croissance tumorale, surtout en nano-forme.
Enfin, les régimes végétaux ou de type méditerranéen (fruits, légumes, poisson, huile d’olive) sont associés à une incidence réduite de cancer de la prostate et à une meilleure survie. Prévention ciblée : et si tout commençait dans l’assiette ? Le cancer de la prostate, influencé par les hormones, le stress oxydatif et l’inflammation, pourrait être partiellement modulé par des choix nutritionnels ciblés. Cette revue met en évidence qu’une alimentation faible en graisses saturées, sucres raffinés et protéines animales, et riche en végétaux, phytonutriments et oméga-3, agit favorablement à plusieurs étapes de la carcinogenèse. Cependant, l’hétérogénéité des résultats observés chez l’homme s’explique par la variabilité des protocoles méthodologiques, des populations étudiées et par la complexité intrinsèque des interactions nutritionnelles. À ce jour, aucun nutriment isolé ne peut être recommandé en prévention, mais un régime globalement équilibré, anti-inflammatoire et antioxydant, semble être la meilleure stratégie. Les études futures devront mieux intégrer les contextes individuels (génétiques, culturels, alimentaires) pour proposer des recommandations personnalisées efficaces en oncologie nutritionnelle.

Source(s) :
: Babakhanlou R, Gowin K. The Impact of Diet and Nutrition on Prostate Cancer – Food for Thought? Current Oncology Reports. 2025;27:278–289. ;

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