Cancer du sein : et si la clé se trouvait dans notre assiette et nos bactéries ?
Oncologie
#Oncologie #cancerdusein #Microbiote #nutrition
#chimiothérapie
Le cancer du sein (CS) reste le
cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde et l’une des principales
causes de mortalité. Son incidence croissante est liée non seulement aux
facteurs génétiques et hormonaux, mais aussi à des éléments de mode de vie
modifiables comme l’alimentation, l’obésité et la sédentarité. Cette revue
explore comment la nutrition et la modulation du microbiote intestinal peuvent
contribuer à la prévention, au traitement et à la survie après un CS, en
mettant en lumière l’importance croissante de l’axe nutrition–microbiome
Microbiote : le nouvel acteur
clé du cancer du sein
Le microbiote intestinal, composé
de trillions de micro-organismes, influence la digestion, l’immunité, le
métabolisme des hormones et l’inflammation systémique. La dysbiose, déséquilibre
des communautés microbiennes — est impliquée dans l’obésité, le diabète et
divers cancers, dont le CS. Des bactéries intestinales régulent par exemple le
métabolisme des estrogènes via la β-glucuronidase, qui réactive ces hormones et
peut favoriser les cancers hormono-dépendants. Par ailleurs, certains microbes
produisent des acides gras à chaîne courte (AGCC), aux effets
anti-inflammatoires et antitumoraux
Chez les patientes atteintes de
CS, on observe une diversité microbienne réduite et une composition distincte.
Des espèces pathogènes comme Fusobacterium nucleatum et Bacteroides
fragilis favorisent la croissance tumorale et les métastases, tandis que
des bactéries bénéfiques (Lactobacillus, Bifidobacterium) exercent des
effets protecteurs en renforçant la barrière épithéliale, en régulant
l’immunité et en induisant l’apoptose des cellules tumorales. Des recherches
récentes suggèrent également l’existence d’un microbiome spécifique au tissu
mammaire, pouvant influencer directement le microenvironnement tumoral
Stratégies alimentaires :
nourrir la santé, affamer la tumeur
Les habitudes alimentaires
influencent fortement à la fois le risque de CS et la composition du
microbiote.
·
Régime méditerranéen (MD) : basé sur les
fruits, légumes, légumineuses, poissons et huile d’olive, il réduit le risque
de mortalité de 13 % et améliore la survie à 15 ans (63,1 % vs 53,6 %). Le
MD favorise également une diversité microbienne accrue et la présence de
bactéries bénéfiques comme Bifidobacterium et Faecalibacterium
prausnitzii.
·
Régime cétogène (RC) : pauvre en
glucides, riche en graisses. Il limite le glucose dont dépendent les cellules
tumorales (effet Warburg). Des études animales et cliniques montrent une diminution
de la taille des tumeurs et une amélioration de la réponse à la
chimiothérapie. Chez l’humain, il a été associé à une diminution de
l’insuline sérique et du volume tumoral, avec une baisse notable du stade
de la maladie dans certains cas. Toutefois, il réduit la diversité microbienne
et la production d’AGCC
·
Régimes à base de plantes : riches en
fibres et en phytochimiques (polyphénols, phytoestrogènes). Ils sont liés à une
baisse de 15 à 20 % de la mortalité par cancer et régulent des
voies tumorales clés comme NF-κB et la signalisation estrogénique. Ils
augmentent la présence de bactéries bénéfiques et d’AGCC
·
Régime DASH : conçu contre
l’hypertension, il diminue aussi le risque de CS, notamment chez les femmes
préménopausées. Riche en fibres et antioxydants, il réduit la réabsorption
d’estrogènes et favorise un microbiote protecteur
Ces molécules cachées dans nos
assiettes qui défient le cancer
Plusieurs composés alimentaires
présentent des effets anticancéreux :
·
Isoflavones de soja (génistéine,
daidzéine) : phytoestrogènes qui se lient préférentiellement aux récepteurs
ERβ, limitant la prolifération cellulaire. Une consommation précoce
(enfance/adolescence) est la plus protectrice. Le soja peut renforcer
l’efficacité du tamoxifène et stimuler la croissance de probiotiques
·
Sulforaphane (brocoli, chou) : puissant
antioxydant et régulateur épigénétique, il favorise l’apoptose, réduit la
taille tumorale et améliore l’action de la chimiothérapie. Il augmente les
Lactobacillus intestinaux
·
Polyphénols du thé vert (EGCG) : aux
effets antioxydants, anti-angiogéniques et pro-apoptotiques. Associés à une
baisse du risque de récidive et à une synergie avec le tamoxifène
·
Curcumine (curcuma) : inhibe NF-κB, STAT3
et HER2, réduisant la prolifération et les métastases. Elle favorise aussi les
bactéries bénéfiques (Bifidobacterium, Lactobacillus)
·
Resvératrol (raisin, vin rouge) :
anti-inflammatoire et antioxydant, il module l’apoptose et interfère avec les
cancers estrogéno-dépendants. Le microbiote transforme le resvératrol en
métabolites bioactifs à potentiel anticancéreux
Conclusion & perspectives
La nutrition et la modulation du
microbiome apparaissent comme des leviers complémentaires et non toxiques dans
la lutte contre le cancer du sein. Associées aux thérapies classiques, ces
approches pourraient renforcer l’efficacité des traitements, limiter les
récidives et améliorer la qualité de vie. Reste désormais à confirmer ces
promesses par des essais cliniques de grande ampleur pour ouvrir la voie à une
prise en charge plus personnalisée et intégrative.

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