Cancer du sein triple négatif : peut-on prédire la réponse à l’immunothérapie et la radiothérapie grâce à l’analyse spatiale et unicellulaire ?
Oncologie
Introduction : Un sous-type
agressif à la recherche de nouvelles approches
Le cancer du sein triple négatif (TNBC), dépourvu de récepteurs hormonaux et HER2,
représente un sous-type
agressif et hétérogène.
L’immunothérapie par inhibiteurs
de checkpoint (ICI), comme le pembrolizumab, a récemment montré un potentiel
thérapeutique. Toutefois, seuls 20 % des
patients métastatiques répondent à
cette monothérapie, soulignant le besoin urgent de biomarqueurs prédictifs et
de combinaisons
thérapeutiques plus
efficaces.
Cette étude s’est fixée pour
objectif de décortiquer
les dynamiques spatiales et cellulaires de la réponse immunitaire au pembrolizumab et à la radiothérapie (RT)
néoadjuvante. À travers une approche de profilage unicellulaire (scRNA-seq) et protéomique spatiale (CODEX) sur biopsies longitudinales, les auteurs ont
identifié trois
trajectoires distinctes de réponse chez les patientes atteintes de TNBC.
Quels chemins emprunte l’immunité face au TNBC ? Trois
trajectoires révélées par une cartographie spatiale inédite
Design de
l’étude
L’essai
clinique (NCT03366844) a inclus 50 patientes TNBC nouvellement
diagnostiquées. Le protocole comprenait deux cycles de pembrolizumab, le
second étant combiné à une radiothérapie focale (24 Gy en 3 fractions),
suivis d’un traitement standard (chimiothérapie, chirurgie). Les biopsies ont
été effectuées avant traitement, après pembrolizumab seul, puis après
la combinaison pembrolizumab + RT.
Sur les 34
patientes avec un suivi complet, 67 % ont répondu au traitement (pCR
ou RCB score 0–1). Les données immunologiques ont révélé trois trajectoires :
R1 :
Répondeuses précoces (pré-immunisées)
Ce groupe se
distingue par :
- Une forte infiltration lymphocytaire dès le départ (TIL élevés)
- Des structures lymphoïdes tertiaires (TLS)
- Une expression élevée de MHC I/II par les cellules tumorales
- Une expansion rapide des CD8+ effecteurs après pembrolizumab
- Recrutement de macrophages présentateurs d’antigènes (sc-m11)
- Expansion des CD8+ effecteurs (sc-t6)
- Activation des dendritiques migratoires (sc-m7)
- Augmentation de la proximité spatiale entre T cells, macrophages et cellules tumorales
- Une absence persistante d’infiltration immunitaire
- Faible expression des gènes MHC
- Peu ou pas d’évolution du microenvironnement tumoral post-traitement
- Un groupe pré-immunisé (R1), réactif à l’ICI seul
- Un groupe "froide" activable (R2), qui bénéficie clairement de la RT en complément
Haut du formulaire
Bas du formulaire
Perspectives : intégrer ces données pour stratifier les
patientes et envisager une dé-escalade de chimiothérapie chez les R1
ou une intensification ciblée pour les R2. L’avenir réside dans la médecine
immuno-spatiale personnalisée.
Dernières revues
TNBC : et si tout se jouait dans les mitochondries ?
Par Ana Espino | Publié le 21 octobre 2025 | 3 min de lecture
