Darolutamide : Va-t-il redéfinir la stratégie initiale dans le cancer de la prostate métastatique ?
Oncologie
Le cancer de la prostate
métastatique sensible à la castration (mCSPC) a longtemps été traité
uniquement par suppression androgénique (ADT). Mais les avancées
récentes ont fait émerger des stratégies combinées, notamment avec les inhibiteurs
du récepteur aux androgènes (ARSi). Parmi ces agents, le darolutamide,
déjà validé dans le cancer résistant à la castration non métastatique,
suscite un intérêt croissant pour une utilisation précoce. L’étude ARANOTE,
récemment publiée, évalue l'efficacité du darolutamide + ADT par rapport
à l’ADT seul chez des patients atteints de mCSPC sans chimiothérapie
préalable, comblant un vide clinique laissé par d'autres essais majeurs
comme ARASENS.
Darolutamide + ADT : une alternative
suffisante sans chimiothérapie ?
L’étude ARANOTE est un
essai de phase III, multicentrique, randomisé et en double aveugle, qui a
inclus 553 patients atteints de mCSPC, naïfs de chimiothérapie.
Les patients ont été répartis entre darolutamide + ADT (n = 278) et placebo
+ ADT (n = 275). La majorité présentaient une maladie à haut volume
selon les critères de CHAARTED (72 %), et 70 % avaient une maladie de novo
.
Le critère principal, la survie
sans progression radiologique (rPFS) a été atteint avec une réduction de
55 % du risque de progression ou de décès dans le bras darolutamide (HR = 0,45
; IC à 95 % : 0,34–0,59 ; p < 0,001). À 12 mois, 87,8 % des patients
sous darolutamide étaient sans progression contre 72,7 % dans le bras
placebo .
Le taux de survie globale (OS)
à 12 mois était élevé dans les deux groupes : 96,9 % pour darolutamide
contre 93,2 % pour le placebo. Bien que les données OS soient encore
immatures, une tendance favorable est observée.
Du point de vue tolérance,
les effets indésirables de grade ≥3 étaient comparables entre les deux bras
(25,4 % vs 25,7 %). Les plus fréquents incluaient fatigue, hypertension et
douleurs musculo-squelettiques. Aucun nouveau signal de toxicité notable
n’a été observé. Le profil de sécurité du darolutamide reste favorable,
notamment en ce qui concerne les effets neurologiques, grâce à sa faible
pénétration hémato-encéphalique.
En comparaison avec l’étude ARASENS
(ADT + darolutamide + docétaxel), ARANOTE se distingue en ciblant une population
différente : des patients sans indication initiale de chimiothérapie. Cette
approche offre une alternative sans docétaxel, avec une tolérance accrue
et une efficacité clinique prouvée.
Peut-on désormais éviter la
chimiothérapie d’emblée ?
Les résultats d’ARANOTE
positionnent le darolutamide + ADT comme une option thérapeutique de
première ligne solide dans le mCSPC sans chimiothérapie, notamment
pour les patients inéligibles ou réticents au docétaxel. L’objectif de
maintenir une efficacité comparable à celle des triplets tout en améliorant
la tolérance semble atteint.
Cette stratégie pourrait changer
la norme thérapeutique, en particulier dans les contextes de faible
volume métastatique ou pour des patients fragiles. Les études futures
devront affiner la stratification : qui bénéficiera le plus de la
combinaison avec darolutamide ? Peut-on intégrer des biomarqueurs de réponse
pour individualiser le traitement ?
La place du darolutamide
dans l’arsenal du mCSPC se renforce. Mais la question clé demeure :
peut-on désormais éviter la chimiothérapie d’emblée chez certains
patients tout en assurant une maîtrise durable de la maladie ?
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