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Enzalutamide dans le mHSPC : même efficacité, même tolérance après 75 ans ?

Oncologie

Le cancer de la prostate métastatique hormono-sensible (mHSPC) représente un enjeu thérapeutique majeur, notamment chez les patients âgés. Ces derniers sont souvent exclus des essais cliniques en raison de comorbidités multiples, d’une plus grande fragilité physiologique, ou de la crainte d’effets indésirables accrus. Pourtant, plus de 65 % des décès liés au cancer de la prostate concernent des hommes de 75 ans et plus, soulignant l’urgence d’adapter les traitements à cette population. L’étude ARCHES, déjà connue pour avoir démontré le bénéfice de l’enzalutamide combiné à une hormonothérapie de privation androgénique (ADT), propose ici une analyse post hoc selon l’âge (<75 vs ≥75 ans), afin d’évaluer si l’âge impacte les résultats cliniques, la tolérance et la qualité de vie. Le traitement par enzalutamide est-il aussi toléré chez les patients âgés ? Cette étude randomisée en double aveugle a inclus 1 150 hommes atteints de mHSPC, répartis de manière équitable entre enzalutamide + ADT et placebo + ADT. Parmi eux, 29,5 % avaient ≥75 ans. Le suivi médian était de 44,5 mois. Les critères d’évaluation comprenaient la survie globale (OS), la survie sans progression radiographique (rPFS), les événements indésirables (EI) et les paramètres de qualité de vie (QoL). Les patients traités par enzalutamide ont présenté une amélioration significative de l’OS dans les deux groupes d’âge :
  • <75 ans : HR 0,61 ; IC 95 % : 0,47–0,79
  • ≥75 ans : HR 0,76 ; IC 95 % : 0,54–1,09
Après ajustement pour le crossover thérapeutique, l’amélioration de la survie persistait :
  • <75 ans : HR 0,54 ; IC 95 % : 0,41–0,71
  • ≥75 ans : HR 0,66 ; IC 95 % : 0,44–0,95
Concernant la rPFS, les résultats étaient également en faveur de l’enzalutamide, avec des bénéfices observés dans les deux groupes malgré des HR plus larges chez les patients ≥75 ans, en raison de la taille réduite de l’échantillon. Le traitement par enzalutamide a été généralement bien toléré. Toutefois, les patients plus âgés présentaient plus souvent des EI de grade 3-4 (46,4 % vs 36,1 %), des interruptions de dose (20,2 % vs 10,9 %) et des réductions de dose (11,9 % vs 7,2 %). Aucun décès lié au médicament n’a été rapporté. Les profils d’EI les plus fréquents comprenaient la fatigue, les fractures, les chutes et les troubles cognitifs, avec une incidence plus élevée chez les ≥75 ans. Néanmoins, les scores de qualité de vie (FACT-P) et de douleur (BPI-SF) sont restés stables dans le temps, sans détérioration notable, quel que soit l’âge. L’âge n’est plus une barrière au traitement optimal du mHSPC Le cancer de la prostate métastatique hormono-sensible, particulièrement fréquent chez les hommes âgés, nécessite des stratégies thérapeutiques efficaces mais bien tolérées. Cette analyse post hoc de l’étude ARCHES confirme que l’enzalutamide combiné à l’ADT améliore significativement la survie globale et retarde la progression de la maladie, sans compromettre la qualité de vie, même chez les patients ≥75 ans, malgré un profil de tolérance plus exigeant. L’objectif de l’étude — vérifier l’impact de l’âge sur les résultats cliniques — est donc atteint : l’efficacité de l’enzalutamide ne diminue pas avec l’âge, ce qui milite en faveur de son utilisation systématique dès le diagnostic, indépendamment de l’âge. Toutefois, la fragilité gériatrique doit être prise en compte via une évaluation individualisée des risques et bénéfices. Des études prospectives dédiées aux patients âgés sont désormais nécessaires pour mieux guider les décisions cliniques, intégrer des critères de fragilité, et valider ces résultats en situation réelle.

Source(s) :
Saad, F., et al. (2023). Clinical outcomes of enzalutamide in metastatic hormone-sensitive prostate cancer in patients aged <75 and ≥75 years […]. The Lancet Healthy Longevity, 4(10), e656–e667. ;

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