Et si l’exercice physique était la clé pour dissiper le brouillard cognitif après un cancer du sein ?
Oncologie
Le cancer du sein, qui touche plus de 2,3 millions
de femmes chaque année, entraîne des séquelles durables bien après les
traitements. Parmi elles, les troubles cognitifs liés au cancer (CRCI)
affectent jusqu’à 70 % des patientes, avec des symptômes tels qu’une
mémoire défaillante, des difficultés d’attention, un ralentissement mental,
parfois décrits comme un « brouillard cérébral ». Ces troubles, même
modérés, peuvent durer plusieurs années, affectant la reprise professionnelle,
l’autonomie et la santé mentale.
Les mécanismes en jeu incluent les traitements
neurotoxiques (chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie) mais aussi
le stress biologique du cancer lui-même. Face à cela, l’exercice physique, déjà
reconnu pour ses effets sur la cognition en population générale, pourrait
représenter une intervention non pharmacologique pertinente. Toutefois, les
études antérieures manquaient souvent de rigueur méthodologique ou utilisaient
des outils de mesure inadaptés.
Objectif de l’étude : Évaluer l’effet des programmes
d’exercice sur la fonction cognitive des survivantes du cancer du sein via une revue
systématique et méta-analyse d’essais randomisés contrôlés (RCTs), en se
concentrant sur des évaluations cognitives spécifiques et validées.
Quels bénéfices cognitifs concrets pour les survivantes ?
Méthodologie : L’analyse a porté sur 11 essais
randomisés contrôlés, représentant 890 femmes atteintes de cancer du
sein (stades 0 à IV), en cours ou post-traitement. Les programmes d’exercice
comprenaient des activités aérobiques, de renforcement musculaire,
combinées ou corps-esprit (ex. Qigong), d’une durée de 8 à 24
semaines, avec 2 à 5 séances hebdomadaires. L’évaluation cognitive reposait
sur des tests neuropsychologiques standardisés (TMT, HVLT-R, Stroop…) et des
questionnaires auto-rapportés (FACT-Cog, PROMIS).
Les résultats principaux montrent que l’exercice
améliore significativement :
- L’attention et la mémoire de travail (SMD = 0,43 ; p < 0,001) ;
- Les fonctions exécutives comme la flexibilité mentale (SMD = -0,29 ; p < 0,001) ;
- Les capacités cognitives perçues (SMD = 0,95 ; p = 0,003) ;
- Les plaintes cognitives auto-rapportées (SMD = -0,75 ; p < 0,001).
- La mémoire d’apprentissage,
- La vitesse de traitement,
- La fluence verbale.
- Hétérogénéité des outils d’évaluation,
- Faible nombre d’études ayant la cognition comme critère principal,
- Peu de données sur les patientes en traitement actif ou avec cancer métastatique.
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