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Le froid chez soi, un risque sous-estimé

medecine generale

Par Ana Espino | Publié le 17 décembre 2025 | 3 min de lecture


Les températures froides à l’intérieur des logements – souvent inférieures à 18°C – représentent un risque sanitaire encore sous-évalué, malgré des recommandations officielles, notamment de l’OMS. Ces environnements sont fréquents dans un contexte de précarité énergétique, particulièrement dans les pays tempérés ou froids, et concernent surtout les personnes âgées, fragiles, ou à faibles revenus. Le problème est aggravé par la hausse des prix de l’énergie, les logements mal isolés et les inégalités sociales, qui limitent la capacité des ménages à maintenir un habitat chauffé correctement.
Si plusieurs effets délétères du froid ont été évoqués (troubles cardiovasculaires, respiratoires, musculosquelettiques ou du sommeil), les preuves scientifiques restaient jusqu’ici dispersées, peu actualisées, et ne permettaient pas de définir des seuils d’intervention précis selon les profils. Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à  mettre à jour les connaissances depuis 2014 sur l’impact du froid intérieur sur la santé physique, mentale et le bien-être, en se concentrant sur des études menées dans des contextes climatiques comparables à ceux des pays européens. Quel impact du froid chez soi ? 20 études, extraites de sept bases de données médicales, ont été sélectionnées sur la base d’une méthodologie rigoureuse. Les critères d’inclusion exigeaient des mesures objectives de température ambiante au sein des domiciles, dans des pays à climat tempéré ou froid. La majorité des études concernait des adultes âgés, une population particulièrement sensible aux effets du froid. Parmi ces 20 études, 17 ont identifié des effets négatifs significatifs sur la santé, associés à des températures intérieures basses (<18°C). Sur le plan cardiovasculaire, plusieurs travaux ont observé une augmentation de la pression artérielle, des anomalies électrocardiographiques (ECG), ou encore une hausse du nombre de plaquettes. Sur le plan respiratoire, des symptômes aggravés chez les patients atteints de BPCO ont été rapportés dans les environnements froids. Le sommeil est également perturbé. Le froid retarde l’endormissement, réduit sa qualité et augmente les réveils nocturnes, notamment via une hausse de la nycturie (envie fréquente d’uriner la nuit). En termes de fonctions physiques, le froid est associé à une diminution de la force musculaire, particulièrement au niveau des membres inférieurs, augmentant le risque de chute chez les personnes âgées. Enfin, la perception globale de l’état de santé est altérée, les habitants de logements froids rapportant plus fréquemment une mauvaise santé perçue, indépendamment d’autres facteurs. Les données concernant la santé mentale, les enfants, ou les effets à long terme restent en revanche peu explorées. Un risque invisible mais bien réel Le froid intérieur chronique constitue un facteur de risque sous-estimé qui peut altérer la santé cardiovasculaire, respiratoire, physique et même la qualité de vie au quotidien. L’objectif de cette revue était de synthétiser les preuves récentes et d’identifier les domaines encore insuffisamment documentés. L’étude confirme que les logements froids ont un impact tangible sur la santé, en particulier chez les personnes âgées ou souffrant de pathologies chroniques. Toutefois, des limites méthodologiques persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Les études disponibles restent très hétérogènes, menées sur de petits échantillons, avec peu de données longitudinales. Le rôle de facteurs confondants (humidité, ventilation, qualité du bâti, précarité énergétique) est encore mal exploré, et les seuils critiques de température varient selon les profils. Les perspectives futures devront inclure la conduite d’études prospectives intégrant des données sociales, climatiques et médicales, de même que l’évaluation d’interventions concrètes, comme la rénovation énergétique ou les aides au chauffage. Des recommandations spécifiques pourraient ainsi être développées pour les publics les plus vulnérables, afin de faire du confort thermique un déterminant de santé à part entière.





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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante. 

Source(s) :
Janssen, H., et al. (2023). Cold indoor temperatures and their association with health and well-being: a systematic literature review. Public health, 224, 185-194 ;

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