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Le régime végétal peut-il freiner la progression tumorale en limitant les acides aminés ?

Oncologie

Par Lila Rouland | Publié le 16 octobre 2025 | 3 min de lecture


#Oncologie #CancerDuSein #RégimeVégétal #MétabolismeTumoral


Le cancer du sein métastatique repose sur une forte dépendance aux acides aminés pour sa croissance et sa survie. Ces nutriments essentiels peuvent être synthétisés ou absorbés directement depuis le sérum circulant, constituant ainsi une cible métabolique d’intérêt. Alors que l’inhibition enzymatique des voies de biosynthèse d’acides aminés s’est révélée peu concluante en clinique, la réduction des apports alimentaires pourrait représenter une alternative plus efficace.

Dans ce contexte, les régimes végétaux plus pauvres en protéines et acides aminés suscitent un intérêt croissant. Cette étude clinique visait à évaluer l’impact d’un régime végétal intégral sans restriction calorique, sur les concentrations sériques en acides aminés chez des patientes atteintes de cancer du sein métastatique.


Une réduction significative des marqueurs métaboliques pro-tumoraux



Méthodologie :
L’essai clinique a inclus 17 patientes suivant pendant 8 semaines un régime végétal intégral, sans restriction de portions ni de calories. Le suivi alimentaire s’est basé sur des journaux alimentaires de trois jours et des rappels téléphoniques non planifiés. Les prélèvements sériques ont été réalisés aux semaines 0 et 8. Les concentrations en métabolites ont été mesurées par LC-MS à haute résolution, et les données alimentaires ont été analysées via le NDSR.


Modifications nutritionnelles observées
: Les participantes ont consommé un volume alimentaire globalement plus élevé, mais avec moins de calories (-), de lipides, et de protéines totales. Le régime a induit une substitution presque complète des protéines animales par des protéines végétales, avec une augmentation marquée des fibres alimentaires.


Effets métaboliques
: Après 8 semaines, on a observé une baisse significative du poids corporel et de l’IMC, accompagnée de réductions des taux sériques de cholestérol total, HDL, LDL, mais pas des triglycérides. De façon plus pertinente sur le plan oncologique, les niveaux d’insuline et de facteur de croissance IGF-1 ont également diminué de manière significative, et ce, sans réduction des glucides alimentaires, suggérant un effet indépendant du glucose.


Impact sur les acides aminés
: Le régime a réduit de manière significative la consommation totale d’acides aminés. Au niveau sérique, 5 acides aminés essentiels sur 9 (isoleucine, leucine, lysine, phénylalanine, thréonine) et 4 acides aminés non essentiels sur 11 (alanine, glutamate, proline, tyrosine) ont diminué de manière significative. Fait surprenant, la valine a augmenté, indiquant une régulation sérique indépendante de l’apport alimentaire pour certains acides aminés.


Marqueurs tumoraux :
Les taux de CA15-3 et CA27.29, marqueurs du cancer du sein, ont présenté une tendance à la baisse non significative, suggérant un potentiel effet anti-tumoral à confirmer par des études à plus long terme.  



Un régime faisable, bien toléré et potentiellement synergique


Le régime végétal intégral ad libitum s’est révélé faisable, bien accepté et non délétère, avec une amélioration subjective du bien-être cognitif, de la fatigue et de l’humeur des participantes. Il a permis de réduire les niveaux sériques de plusieurs acides aminés et facteurs pro-tumoraux (IGF, insuline), sans carence ni perte rapportée de qualité de vie.


Les limites de l’étude incluent sa courte durée (8 semaines), l'absence d’analyse de la composition corporelle, et la taille d’échantillon réduite. Cependant, ces résultats suggèrent que réduire les acides aminés, y compris les essentiels, via l’alimentation est possible cliniquement sans effets secondaires majeurs.


À l’avenir, des essais randomisés de plus longue durée, éventuellement combinés à des thérapies ciblant le métabolisme tumoral (ex. inhibiteurs PI3K), pourraient confirmer l’intérêt synergique de ce régime comme adjuvant métabolique en oncologie.

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À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing

Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.



Source(s) :
Scales TQ, Smith B, Blanchard LM, Wixom N, Tuttle ET, Altman BJ, Peppone LJ, Munger J, Campbell TM, Campbell EK, Harris IS. Cancer & Metabolism. 2024;12:38. ;

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