Reprogrammation épigénomique cellulaire : clés de la progression d’Alzheimer et de la résilience cognitive
Neurologie
#Alzheimer #RésilienceCognitive
La maladie d’Alzheimer (MA) demeure la première cause de
démence, caractérisée par une perte de mémoire progressive et une
dégénérescence neuronale. Si l’accumulation des plaques amyloïdes et des
enchevêtrements de protéines tau est bien connue, les mécanismes épigénétiques
à l’origine de la vulnérabilité et de la résilience neuronales restent encore
mal compris.
Dans cette étude de référence, les chercheurs ont créé un
atlas multiomique à cellule unique de 3,5 millions de cellules issues de 384
échantillons cérébraux post-mortem, couvrant six régions cérébrales de 111
individus atteints ou non de MA.
Le travail intègre des données de snATAC-seq, RNA-seq et
multiome, permettant de cartographier plus d’un million d’éléments régulateurs
cis (cCREs) et 123 modules régulateurs répartis sur 67 sous-types cellulaires.
Cet ensemble inédit révèle comment l’instabilité épigénomique, la perturbation
des compartiments nucléaires et la dérégulation transcriptionnelle alimentent
la progression de la MA, tandis que la stabilité préservée soutient la
résilience cognitive.
Cartographier l’épigénome cérébral : une exploration
région par région
L’étude s’est concentrée sur six régions clés : le cortex
entorhinal (EC), l’hippocampe (HC), le cortex préfrontal (PFC), le cortex
temporal moyen (MTC), le gyrus angulaire (AG) et le thalamus (TH). Ces zones
représentent des régions précocement et tardivement vulnérables dans la
progression de la MA.
Les cellules ont été classées de manière hiérarchique en
sept classes (neurones excitateurs, neurones inhibiteurs, oligodendrocytes,
astrocytes, microglies, cellules progénitrices oligodendrocytaires [OPCs] et
cellules vasculaires), puis subdivisées en 67 sous-types.
L’analyse de l’accessibilité de la chromatine, des motifs de
facteurs de transcription (TF) et des modules cCRE a mis en évidence des
réseaux régulateurs spécifiques selon la région et le type cellulaire.
Fait essentiel, la compartimentation génomique à l’échelle
du génome a été étudiée. Dans un cerveau sain, la chromatine alterne entre
compartiments actifs (riches en gènes, accessibles) et répressifs (silencieux,
associés à la lamina nucléaire). Dans la MA, un remaniement généralisé est
observé : la chromatine répressive devient active, et inversement, surtout dans
l’EC et l’HC.
Érosion épigénomique : corrélation avec le déclin
cognitif
1. Relaxation épigénomique généralisée
Les échantillons de MA avancée montrent une activation
globale de la chromatine répressive (ex. chr18) et une répression de
chromosomes normalement actifs (ex. chr19). Cela traduit une perte de fidélité
des compartiments nucléaires et une altération de la précision
transcriptionnelle.
2. Perte d’information épigénomique
Les analyses unicellulaires révèlent une réduction
généralisée de l’information épigénomique dans toutes les classes cellulaires,
particulièrement chez les glies (oligodendrocytes, OPCs, microglies) et les
neurones excitateurs vulnérables de l’EC et de l’HC. Les neurones excitateurs
des couches superficielles du néocortex et les neurones inhibiteurs SST
présentent aussi une forte érosion.
3. Activation gliale suivie d’un épuisement
Les cellules gliales gagnent initialement en identité
épigénomique lors de leur activation. Mais sous un stress prolongé, elles
perdent leur stabilité et entrent dans des états d’épuisement. Les microglies
et astrocytes activés montrent une chute marquée d’information épigénomique,
particulièrement chez les porteurs du variant APOE4.
4. Résilience cognitive et préservation épigénomique
Contrairement aux profils pathologiques, les individus dits
résilients cognitivement (capables de maintenir leurs fonctions malgré les
lésions) présentent une information épigénomique plus élevée dans l’ensemble du
cerveau. Les neurones vulnérables conservent leur stabilité et les glies
activées évitent l’épuisement. Cela suggère que le maintien de l’intégrité
épigénomique sous-tend la résilience.
Réseaux régulateurs : de la stabilité à la dysfonction
Les cellules stables protègent la chromatine et le noyau
(ASTN2, RORA, VCAN), tandis que les cellules en érosion activent stress et
inflammation (APOE, CST3, VIM). Les complexes Polycomb jouent le rôle de
gardiens épigénomiques.
En pratique : renforcer la structure nucléaire, maintenir
l’hétérochromatine ou cibler les régulateurs de la chromatine pourrait protéger
les neurones et préserver la cognition. Une piste prometteuse pour des
interventions épigénétiques personnalisées contre Alzheimer.

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