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Tumeurs germinales testiculaires : épidémiologie, facteurs de risque et avancées thérapeutiques

Oncologie

Les tumeurs germinales testiculaires (TGCT) représentent les cancers les plus fréquents chez les hommes jeunes âgés de 15 à 40 ans, correspondant à environ 95 % de l’ensemble des cancers testiculaires. Elles prennent naissance à partir des cellules germinales et se divisent en deux catégories : les séminomes et les tumeurs germinales non séminomateuses (NSGCT), chacune nécessitant une approche thérapeutique spécifique. Bien que rares dans la population générale, les TGCT présentent des enjeux cliniques majeurs, car elles touchent principalement des hommes en âge de procréer et peuvent affecter la fertilité ainsi que la santé à long terme. Une revue récente publiée dans JAMA souligne les aspects clés — épidémiologie, facteurs de risque, diagnostic et avancées thérapeutiques — et rappelle que les TGCT constituent l’un des plus grands succès de l’oncologie lorsque le diagnostic est posé précocement.   Épidémiologie L’incidence des TGCT a augmenté au fil du temps, en particulier dans les régions à revenu élevé telles que l’Europe du Nord, l’Amérique du Nord et l’Australie, tout en demeurant plus faible en Asie et en Afrique. Malgré cette hausse, la mortalité mondiale reste extrêmement faible grâce à l’excellente curabilité des TGCT avec les protocoles actuels. Ces tendances épidémiologiques soulignent l’importance du dépistage précoce et de campagnes d’information pour maintenir d'excellents taux de guérison.   Facteurs de risque Les principaux facteurs de risque des TGCT incluent :
  • Cryptorchidie (testicule non descendu) — le facteur prédictif le plus fort, avec un risque multiplié par 4 à 6.
  • Antécédents familiaux ou personnels de TGCT, qui augmentent significativement la susceptibilité.
  • Prédisposition génétique — notamment des mutations du gène KIT ligand (KITLG), impliqué dans la croissance des cellules germinales. KITLG est considéré comme l’un des marqueurs génétiques les plus importants pour comprendre le développement des TGCT.
  • Facteurs environnementaux et liés au mode de vie, encore en cours d’étude, avec peu d’associations formellement établies à ce jour.
  Diagnostic et présentation clinique Le diagnostic précoce est essentiel pour optimiser les chances de guérison. La plupart des patients consultent pour une masse testiculaire indolore ou un gonflement. Certains décrivent une sensation de pesanteur ou de gêne scrotale. Aux stades avancés, la maladie peut se manifester par des douleurs lombaires ou des symptômes respiratoires, témoignant de métastases. Le diagnostic repose généralement sur :
  • l’examen clinique ;
  • l’échographie scrotale ;
  • les marqueurs tumoraux sériques (AFP, β-hCG, LDH).
La sensibilisation du public au test d’auto-examen testiculaire (TSE) pourrait favoriser un diagnostic plus tôt et réduire la proportion de formes métastatiques. Malgré sa simplicité, l’adoption du TSE reste très variable dans le monde, ce qui souligne la nécessité de stratégies éducatives ciblées.   Avancées thérapeutiques et survie Le traitement des TGCT a considérablement évolué, faisant de ces tumeurs parmi les cancers solides les plus curables. La prise en charge débute par une orchidectomie inguinale radicale, suivie d'un traitement adapté au stade :
  • Maladie de stade I
    Généralement gérée par une surveillance active ou une thérapie adjuvante après l’orchidectomie. Pour les patients à risque élevé de rechute, la chimiothérapie adjuvante consiste le plus souvent en 1 à 2 cycles de BEP (bléomycine, étoposide, cisplatine).
    La radiothérapie, autrefois largement utilisée dans les séminomes de stade I, est désormais plus sélective en raison de la toxicité tardive. Lorsqu’elle est indiquée, elle cible les ganglions para-aortiques.
  • Maladie avancée
    Traitée par chimiothérapie à base de platine, le plus souvent BEP, qui demeure le traitement de référence. Les taux de guérison dépassent 80 %, même en présence de métastases.
  Perspectives et prise en charge à long terme Bien que la survie à long terme approche les 95 %, la gestion des toxicités tardives devient une priorité. Celles-ci incluent notamment :
  • maladies cardiovasculaires ;
  • altération de la fonction rénale ;
  • cancers secondaires, tels que :
    • leucémie (souvent liée à l’exposition à l’étoposide) ;
    • cancers du poumon, du tube digestif, de la vessie ou du rein (notamment après radiothérapie).
Avec des taux de cure élevés, l’importance du suivi à long terme, de la préservation de la fertilité, du soutien psychologique et de la surveillance des effets tardifs augmente. Les axes de recherche actuels incluent :
  • une meilleure stratification du risque ;
  • la désescalade thérapeutique ;
  • l’identification de biomarqueurs prédictifs en vue de traitements plus personnalisés.
  Conclusion Les tumeurs germinales testiculaires illustrent un type de cancer où la sensibilisation et le dépistage précoce améliorent directement la survie. Les efforts continus en matière d’éducation, de diagnostic précoce et de traitements fondés sur les preuves sont essentiels pour maintenir des taux de guérison élevés. Une collaboration renforcée entre cliniciens et acteurs de santé publique est nécessaire pour banaliser les discussions autour de la santé masculine et promouvoir une prise en charge précoce.

Source(s) :
Singla N, Bagrodia A, Baraban E, Fankhauser CD, Ged YMA. Testicular Germ Cell Tumors: A Review. JAMA. 2025;333(9):793–803. doi:10.1001/jama.2024.27122 ;

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