17/10/2025
Au-delà de la mammographie : de nouvelles preuves pour le dépistage des seins denses
Oncologie
Par Carolina Lima | Publié le 17 octobre 2025 | 3 min de lecture
Le dépistage du cancer du sein est une pierre angulaire de la détection précoce, mais pour les femmes ayant un tissu mammaire dense, la mammographie traditionnelle montre souvent ses limites. Pour relever ce défi, l’essai BRAID (Breast Screening—Risk Adapted Imaging for Density), récemment publié dans The Lancet, apporte des preuves prometteuses quant à la capacité de l’imagerie complémentaire à combler cette lacune.
La densité mammaire est classée selon le système BI-RADS, les catégories C (densité hétérogène) et D (densité extrêmement élevée) représentant les niveaux les plus élevés. Les femmes appartenant à ces groupes font face à deux problèmes : une probabilité accrue de développer un cancer du sein et une sensibilité réduite de la mammographie. Ce double risque souligne la nécessité de méthodes de dépistage alternatives.
L’essai BRAID est une vaste étude contrôlée randomisée menée dans 10 centres du National Health Service (NHS) au Royaume-Uni. Il a recruté des femmes âgées de 50 à 70 ans, présentant des seins denses et une mammographie négative. Les participantes ont été réparties au hasard dans l’un des quatre groupes suivants :
Le critère principal était le taux de détection des cancers après le premier cycle d’imagerie. Les critères secondaires incluaient les taux de rappel et de biopsie, ainsi que les caractéristiques tumorales.
Plus de 8 800 femmes ont été randomisées :
Taux de détection (pour 1 000 femmes) :
Ces résultats confirment que la CEM et l’IRM doublent plus que le taux de détection par rapport à la mammographie standard, tandis que l’ABUS est moins performant que le soin standard. Fait notable : les tumeurs identifiées par CEM et IRM étaient environ deux fois plus petites que celles détectées par ABUS, suggérant une détection plus précoce.
Les effets indésirables étaient rares mais notables. L’IRM a rapporté un seul cas d’extravasation du produit de contraste, qui se produit lorsque l’agent de contraste injecté fuit de la veine vers les tissus environnants. La CEM a signalé 24 réactions au produit de contraste (principalement mineures, avec un cas grave). L’ABUS n’a signalé aucun effet indésirable, ce qui en fait la modalité la plus sûre, bien qu’elle présente également le taux de détection du cancer le plus faible.
Les résultats de l’essai BRAID marquent un tournant dans le dépistage du cancer du sein chez les femmes ayant un tissu mammaire dense. L’IRM et la CEM ont toutes deux montré une amélioration substantielle du taux de détection par rapport à l’ABUS et à la mammographie standard. Ces données suggèrent que l’imagerie complémentaire n’est pas simplement une option, mais une nécessité potentielle pour cette population à haut risque. Cependant, l’adoption de ces technologies ne se fait pas sans difficultés. Le coût, l’accessibilité et l’allocation des ressources demeurent des obstacles majeurs, en particulier pour l’IRM, qui est coûteuse et exigeante en temps. La CEM, bien que plus accessible, soulève des préoccupations liées aux réactions au produit de contraste, bien que ces risques soient relativement faibles.
Une autre préoccupation essentielle est celle du surdiagnostic — la détection de cancers qui n’auraient peut-être jamais eu de conséquences cliniques. Bien que la détection précoce soit généralement bénéfique, les interventions inutiles peuvent engendrer de l’anxiété, un surtraitement et une augmentation des coûts de santé. L’essai BRAID vise à examiner ces questions, notamment en ce qui concerne l’impact sur la mortalité et le rapport coût-efficacité.
Les implications de ces résultats sont profondes. L’IRM et la CEM démontrent clairement des capacités de détection supérieures, mais leur intégration dans la pratique courante doit tenir compte du coût, de l’accessibilité et des risques potentiels liés à l’utilisation du contraste. Pour l’instant, le message est simple mais puissant : Le dépistage universel ne répond plus aux besoins des femmes aux seins denses. L’imagerie complémentaire — en particulier l’IRM et la CEM — offre une véritable opportunité de détection plus précoce et de meilleurs résultats.
La prochaine étape consiste à garantir que ces avancées soient accessibles, sûres et adaptées à chaque profil de risque individuel. Car, au cœur de cette démarche, réside une vérité essentielle : Chaque femme mérite les meilleures chances de détection précoce — grâce à un dépistage véritablement personnalisé.
Le dépistage du cancer du sein est une pierre angulaire de la détection précoce, mais pour les femmes ayant un tissu mammaire dense, la mammographie traditionnelle montre souvent ses limites. Pour relever ce défi, l’essai BRAID (Breast Screening—Risk Adapted Imaging for Density), récemment publié dans The Lancet, apporte des preuves prometteuses quant à la capacité de l’imagerie complémentaire à combler cette lacune.
Seins denses : faits essentiels
La densité mammaire est classée selon le système BI-RADS, les catégories C (densité hétérogène) et D (densité extrêmement élevée) représentant les niveaux les plus élevés. Les femmes appartenant à ces groupes font face à deux problèmes : une probabilité accrue de développer un cancer du sein et une sensibilité réduite de la mammographie. Ce double risque souligne la nécessité de méthodes de dépistage alternatives.
L’étude BRAID
L’essai BRAID est une vaste étude contrôlée randomisée menée dans 10 centres du National Health Service (NHS) au Royaume-Uni. Il a recruté des femmes âgées de 50 à 70 ans, présentant des seins denses et une mammographie négative. Les participantes ont été réparties au hasard dans l’un des quatre groupes suivants :
- Soins standard : mammographie numérique plein champ uniquement
- Imagerie complémentaire :
- IRM abrégée
- Échographie mammaire automatisée (ABUS)
- Mammographie avec contraste (CEM)
Le critère principal était le taux de détection des cancers après le premier cycle d’imagerie. Les critères secondaires incluaient les taux de rappel et de biopsie, ainsi que les caractéristiques tumorales.
Plus de 8 800 femmes ont été randomisées :
- Soins standard : 2 568
- IRM : 2 130
- ABUS : 2 141
- CEM : 2 035
Taux de détection (pour 1 000 femmes) :
- CEM : 19,2
- IRM : 17,4
- Soins standard : 8,4
- ABUS : 4,2
Ces résultats confirment que la CEM et l’IRM doublent plus que le taux de détection par rapport à la mammographie standard, tandis que l’ABUS est moins performant que le soin standard. Fait notable : les tumeurs identifiées par CEM et IRM étaient environ deux fois plus petites que celles détectées par ABUS, suggérant une détection plus précoce.
Sécurité et effets indésirables
Les effets indésirables étaient rares mais notables. L’IRM a rapporté un seul cas d’extravasation du produit de contraste, qui se produit lorsque l’agent de contraste injecté fuit de la veine vers les tissus environnants. La CEM a signalé 24 réactions au produit de contraste (principalement mineures, avec un cas grave). L’ABUS n’a signalé aucun effet indésirable, ce qui en fait la modalité la plus sûre, bien qu’elle présente également le taux de détection du cancer le plus faible.
Implications cliniques
Les résultats de l’essai BRAID marquent un tournant dans le dépistage du cancer du sein chez les femmes ayant un tissu mammaire dense. L’IRM et la CEM ont toutes deux montré une amélioration substantielle du taux de détection par rapport à l’ABUS et à la mammographie standard. Ces données suggèrent que l’imagerie complémentaire n’est pas simplement une option, mais une nécessité potentielle pour cette population à haut risque. Cependant, l’adoption de ces technologies ne se fait pas sans difficultés. Le coût, l’accessibilité et l’allocation des ressources demeurent des obstacles majeurs, en particulier pour l’IRM, qui est coûteuse et exigeante en temps. La CEM, bien que plus accessible, soulève des préoccupations liées aux réactions au produit de contraste, bien que ces risques soient relativement faibles.
Une autre préoccupation essentielle est celle du surdiagnostic — la détection de cancers qui n’auraient peut-être jamais eu de conséquences cliniques. Bien que la détection précoce soit généralement bénéfique, les interventions inutiles peuvent engendrer de l’anxiété, un surtraitement et une augmentation des coûts de santé. L’essai BRAID vise à examiner ces questions, notamment en ce qui concerne l’impact sur la mortalité et le rapport coût-efficacité.
Et après ?
Les implications de ces résultats sont profondes. L’IRM et la CEM démontrent clairement des capacités de détection supérieures, mais leur intégration dans la pratique courante doit tenir compte du coût, de l’accessibilité et des risques potentiels liés à l’utilisation du contraste. Pour l’instant, le message est simple mais puissant : Le dépistage universel ne répond plus aux besoins des femmes aux seins denses. L’imagerie complémentaire — en particulier l’IRM et la CEM — offre une véritable opportunité de détection plus précoce et de meilleurs résultats.
La prochaine étape consiste à garantir que ces avancées soient accessibles, sûres et adaptées à chaque profil de risque individuel. Car, au cœur de cette démarche, réside une vérité essentielle : Chaque femme mérite les meilleures chances de détection précoce — grâce à un dépistage véritablement personnalisé.
À lire également : Un cancer hétérogène, une prise en charge en mutation
À propos de l’auteure – Carolina Lima
Docteure spécialisée en anesthésiologie
Carolina est spécialiste en anesthésiologie et nourrit une profonde passion pour l’apprentissage et le partage des connaissances médicales. Dévouée à l’avancement de sa discipline, la Dre Lima s’efforce d’apporter à la communauté médicale des perspectives nouvelles fondées sur les données probantes. Considérant la médecine non pas simplement comme une profession, mais comme un parcours d’apprentissage continu tout au long de la vie, la Dre Lima s’engage à rendre l’information complexe claire, pratique et utile pour les professionnels de santé du monde entier.Docteure spécialisée en anesthésiologie

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