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17/10/2025

Capivasertib + Fulvestrant : la bonne pioche après échec des CDK4/6 ?

Oncologie

Par Ana Espino | Publié le 17 octobre 2025 | 3 min de lecture



Le cancer du sein métastatique HR+/HER2-, le plus fréquent chez la femme ménopausée, reste une pathologie incurable malgré les progrès de l’hormonothérapie et des inhibiteurs de CDK4/6. La plupart des patientes développent une résistance secondaire, limitant les options thérapeutiques. Des altérations dans la voie PI3K/AKT/PTEN, fréquentes dans ce sous-type, favorisent cette résistance et représentent une cible thérapeutique prometteuse.


Un enjeu majeur dans la prise en charge de cette pathologie réside dans la recherche d’alternatives efficaces après l’échec des traitements standards. L’intégration de biomarqueurs tumoraux pour orienter les décisions thérapeutiques représente une stratégie prometteuse dans le développement de nouvelles approches ciblées. Dans ce contexte, le développement d’inhibiteurs d’AKT tels que le Capivasertib s’inscrit pleinement dans une logique de médecine de précision, avec pour objectif de restaurer la sensibilité à l’hormonothérapie et de retarder la progression tumorale.


Cette étude a été initiée de sorte à évaluer l’efficacité et la tolérance de l’association Capivasertib + Fulvestrant chez les patientes HR+/HER2- avancé ou métastatique, en particulier en cas d’altérations de la voie PI3K/AKT/PTEN.



Une combinaison prometteuse après CDK4/6 ?


Les essais FAKTION (phase II) et CapItello-291 (phase III) ont évalué l’efficacité de l’association Capivasertib + Fulvestrant chez des patientes ayant progressé sous inhibiteurs de CDK4/6. Dans CapItello-291, la survie sans progression (PFS) a significativement augmenté, passant de 3,6 à 7,2 mois dans la population globale, et atteignant 7,3 mois chez les patientes présentant des altérations de la voie PI3K/AKT/PTEN (HR = 0,50 ; p< 0,001).


Dans l’étude FAKTION, cette combinaison prolonge la PFS à 12,8 mois (contre 4,6 mois) et améliore la survie globale (OS) à 38,9 mois (contre 20,0 mois) dans le sous-groupe muté. Le profil de tolérance est jugé acceptable, les effets indésirables les plus fréquents étant de nature digestive (diarrhée, nausées) ou métabolique (hyperglycémie), généralement modérés et gérables.



Vers une nouvelle ligne standard ?


Le cancer du sein HR+/HER2- métastatique, fréquent et incurable à ce stade, devient particulièrement complexe à traiter après l’échec des inhibiteurs de CDK4/6. Face à cette impasse thérapeutique, les défis majeurs résident dans l’identification de nouvelles options ciblées, la stratification des patientes en fonction de leur profil moléculaire, et la gestion des toxicités en conditions réelles.


L’objectif de cette étude était d’évaluer l’association Capivasertib + Fulvestrant chez des patientes prétraitées, en ciblant spécifiquement les altérations de la voie PI3K/AKT/PTEN. Les résultats obtenus dans les essais CapItello-291 et FAKTION confirment l’efficacité clinique de cette approche, avec un bénéfice significatif en survie sans progression, notamment dans les sous-groupes génétiquement altérés.


Cependant, certaines limites doivent être prises en compte et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Les études en cours (comme CapItello-292) devront clarifier la place exacte de Capivasertib dans les séquences thérapeutiques, son intérêt en association avec d’autres agents ciblés, et sa valeur ajoutée en première ligne. Cette approche ciblée pourrait ainsi s’inscrire durablement dans les standards de traitement du cancer du sein métastatique HR+/HER2-, à condition d’être intégrée précocement et soutenue par un accès élargi à la médecine de précision.




À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.



Source(s) :
Aboud, K., et al. (2025). Capivasertib/Fulvestrant in patients with HR+, HER2-low or HER2-negative locally advanced or metastatic breast cancer. Therapeutic advances in medical oncology, 17, 17588359251358947 ;

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