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22/12/2025

Sauna thérapeutique et rhumatismes : une chaleur bénéfique pour l'inflammation chronique ?

Rhumatologie

Par Lila Rouland | Publié le 22 décembre 2025 | 3 min de lecture


Les maladies rhumatismales (MR) représentent un enjeu majeur de santé publique, exacerbé par le vieillissement de la population. Ces pathologies, telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR), la spondylarthrite ankylosante (SA) ou la sclérodermie systémique, se caractérisent par une inflammation chronique, des douleurs articulaires et une altération fonctionnelle durable.
 

Face aux limites des traitements conventionnels (AINS, DMARDs), notamment en termes d’effets secondaires et d’efficacité partielle, les interventions non pharmacologiques gagnent du terrain. Parmi elles, la thérapie par sauna (finlandais ou infrarouge) suscite un intérêt croissant. Elle pourrait moduler l’inflammation systémique, améliorer la mobilité, réduire le stress oxydatif et optimiser la santé cardiovasculaire, des dimensions essentielles chez les patients atteints de MR.
 


Quels effets immuno-métaboliques induit le sauna ?  


L’exposition à la chaleur déclenche une réponse hormétique bénéfique. Elle stimule la production de protéines de choc thermique, réduit les cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, CRP, PGE2, LTB4) et augmente la sécrétion d’IL-10, cytokine aux propriétés anti-inflammatoires marquées. Elle diminue également le stress oxydatif en limitant la production de radicaux libres, tout en activant la régulation neuroendocrinienne favorable à l’homéostasie immunitaire.
 

Des études cliniques et observationnelles, notamment chez les patients finlandais pratiquant le sauna régulièrement (4 à 7 séances/semaine), ont montré une réduction dose-dépendante de la CRP et une amélioration du sommeil, de la douleur et de la mobilité articulaire.
   


Quels bénéfices selon la pathologie ?  


  • Polyarthrite rhumatoïde (PR) : Les thérapies infrarouges sur 4 semaines réduisent significativement la douleur et la raideur. L’ajout de sauna à un protocole multimodal (acupuncture, massage, fangothérapie) améliore aussi l’anxiété et les capacités physiques.
  • Spondylarthrite ankylosante (SA) : La combinaison de sauna, physiothérapie et mobilisation articulaire a permis une nette amélioration de la souplesse articulaire et des performances musculaires. Aucun effet secondaire ou poussée n’a été observé lors d’études sur 8 séances infrarouges.
  • Sclérodermie systémique : En cas d’ulcères digitaux réfractaires, le sauna infrarouge doux (Waon) favorise la cicatrisation, améliore la perfusion cutanée, et évite l’amputation. 
  • Goutte : Attention au risque de poussée aiguë en raison de l’augmentation de l’acide urique induite par la déshydratation. La prudence est de mise, notamment en limitant l’alcool et en maintenant une bonne hydratation.  


Quels effets cardiovasculaires, cognitifs et systémiques ?


La sauna-thérapie régulière (3 à 7 fois/semaine) est associée à une réduction de 26 à 77 % du risque de mortalité cardiovasculaire, à une meilleure fonction endothéliale et à une baisse de la pression artérielle. Les effets sont renforcés lorsqu’elle est associée à l’exercice physique.


Chez les personnes âgées ou à risque de démence, le sauna est corrélé à une réduction de 53 % du risque de démence et de 70 % d’Alzheimer, probablement via des effets combinés sur l’inflammation systémique et la vascularisation cérébrale
 


Une chaleur douce pour mieux vivre avec une maladie chronique ?  


La thérapie par sauna, notamment dans ses versions finlandaise et infrarouge, constitue une approche complémentaire prometteuse pour les patients atteints de maladies rhumatismales. Elle offre des bénéfices anti-inflammatoires, musculosquelettiques, cardiovasculaires et psychologiques. Si les résultats sont encourageants, la majorité des études présentent des échantillons modestes, ce qui limite la généralisation.


Des études à plus grande échelle, contrôlées et multicentriques sont désormais nécessaires pour standardiser les protocoles (durée, fréquence, type de sauna), identifier les contre-indications spécifiques (goutte, grossesse, troubles cardiaques sévères, infertilité masculine) et optimiser l’intégration clinique de cette approche dans les parcours de soins.
   

À lire également : Sauna infrarouge après l’exercice : booster de récupération neuromusculaire ou simple confort ?



À 
propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing

Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.



Source(s) :
Sauna therapy in rheumatic diseases: mechanisms, potential benefits, and cautions. Fedorchenko Y. et al. Rheumatol Int. 2025;45:94. ;

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