30/10/2025
TNBC et microbiote : les bactéries dans la ligne de mire
Oncologie
Par Ana Espino | Publié le 30 octobre 2025 | 3 min de lecture
Le cancer du sein triple négatif (TNBC) est l’une des formes les plus agressives et hétérogènes du cancer du sein. En l’absence de récepteurs hormonaux et de surexpression de HER2, il échappe aux thérapies ciblées classiques, réduisant considérablement les options de traitement. De plus, malgré les progrès récents en immunothérapie, les taux de rechute précoces et de mortalité restent particulièrement élevés.
Face à l’agressivité du TNBC et au manque de cibles thérapeutiques, le rôle du microbiote tumoral suscite un intérêt croissant. Des études ont révélé la présence de communautés bactériennes spécifiques dans les tissus mammaires, capables de moduler l’environnement tumoral via des mécanismes immunitaires, inflammatoires et métaboliques.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à identifier les signatures microbiennes associées au TNBC.
L’analyse a porté sur 200 échantillons de tissus mammaires provenant de quatre cohortes indépendantes, incluant des patientes atteintes de TNBC et d’autres sous-types de cancer du sein. Les auteurs ont évalué la diversité microbienne intra-tumorale à l’aide des indices alpha et bêta, et comparé les abondances relatives des taxons entre les groupes afin de détecter des signatures microbiennes spécifiques au TNBC.
Ces travaux révèlent une diversité bactérienne significativement réduite dans les tumeurs TNBC, avec un enrichissement de certaines espèces, notamment Gemmiger formicilis, Anaerobutyricum soehngenii et Azospirillum oryzae, productrices de butyrate, un acide gras à chaîne courte. Ce métabolite joue un rôle paradoxal. Antiprolifératif à haute dose, il est potentiellement pro-inflammatoire et pro-tumoral à faible dose dans certains contextes.
En parallèle, les analyses fonctionnelles montrent une surreprésentation des voies métaboliques liées à la biosynthèse des stéroïdes, au métabolisme des acides gras et à la signalisation cellulaire, suggérant une influence directe du microbiote sur la biologie tumorale.
Le TNBC reste un sous-type de cancer du sein au pronostic défavorable, avec peu d’options thérapeutiques ciblées disponibles. Cette étude visait à explorer une dimension encore peu investiguée de la maladie : le rôle du microbiote tumoral. Les résultats révèlent une composition bactérienne et des profils métaboliques distincts dans les tumeurs TNBC par rapport aux autres sous-types, suggérant une implication directe dans la progression tumorale. Ces données ouvrent la voie à une approche intégrative, croisant oncologie, microbiologie et métabolisme, pour mieux comprendre la biologie du TNBC et identifier de nouvelles pistes thérapeutiques.
Toutefois, des limites importantes subsistent : la nature rétrospective de certaines données, l'absence de validation fonctionnelle in vivo, et le rôle encore flou des bactéries identifiées. Des recherches futures devront inclure des modèles expérimentaux, des analyses longitudinales, et des études translationnelles pour évaluer le potentiel du microbiote tumoral comme biomarqueur pronostique ou cible thérapeutique dans le TNBC.
À lire également :
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
Le cancer du sein triple négatif (TNBC) est l’une des formes les plus agressives et hétérogènes du cancer du sein. En l’absence de récepteurs hormonaux et de surexpression de HER2, il échappe aux thérapies ciblées classiques, réduisant considérablement les options de traitement. De plus, malgré les progrès récents en immunothérapie, les taux de rechute précoces et de mortalité restent particulièrement élevés.
Face à l’agressivité du TNBC et au manque de cibles thérapeutiques, le rôle du microbiote tumoral suscite un intérêt croissant. Des études ont révélé la présence de communautés bactériennes spécifiques dans les tissus mammaires, capables de moduler l’environnement tumoral via des mécanismes immunitaires, inflammatoires et métaboliques.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à identifier les signatures microbiennes associées au TNBC.
Et si les microbes alimentaient la tumeur ?
L’analyse a porté sur 200 échantillons de tissus mammaires provenant de quatre cohortes indépendantes, incluant des patientes atteintes de TNBC et d’autres sous-types de cancer du sein. Les auteurs ont évalué la diversité microbienne intra-tumorale à l’aide des indices alpha et bêta, et comparé les abondances relatives des taxons entre les groupes afin de détecter des signatures microbiennes spécifiques au TNBC.
Ces travaux révèlent une diversité bactérienne significativement réduite dans les tumeurs TNBC, avec un enrichissement de certaines espèces, notamment Gemmiger formicilis, Anaerobutyricum soehngenii et Azospirillum oryzae, productrices de butyrate, un acide gras à chaîne courte. Ce métabolite joue un rôle paradoxal. Antiprolifératif à haute dose, il est potentiellement pro-inflammatoire et pro-tumoral à faible dose dans certains contextes.
En parallèle, les analyses fonctionnelles montrent une surreprésentation des voies métaboliques liées à la biosynthèse des stéroïdes, au métabolisme des acides gras et à la signalisation cellulaire, suggérant une influence directe du microbiote sur la biologie tumorale.
Vers une oncologie (vraiment) microbienne ?
Le TNBC reste un sous-type de cancer du sein au pronostic défavorable, avec peu d’options thérapeutiques ciblées disponibles. Cette étude visait à explorer une dimension encore peu investiguée de la maladie : le rôle du microbiote tumoral. Les résultats révèlent une composition bactérienne et des profils métaboliques distincts dans les tumeurs TNBC par rapport aux autres sous-types, suggérant une implication directe dans la progression tumorale. Ces données ouvrent la voie à une approche intégrative, croisant oncologie, microbiologie et métabolisme, pour mieux comprendre la biologie du TNBC et identifier de nouvelles pistes thérapeutiques.
Toutefois, des limites importantes subsistent : la nature rétrospective de certaines données, l'absence de validation fonctionnelle in vivo, et le rôle encore flou des bactéries identifiées. Des recherches futures devront inclure des modèles expérimentaux, des analyses longitudinales, et des études translationnelles pour évaluer le potentiel du microbiote tumoral comme biomarqueur pronostique ou cible thérapeutique dans le TNBC.
À lire également :
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
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