28/10/2025
Triple négatif : une nouvelle arme ciblée ?
Oncologie
Par Ana Espino | Publié le 28 octobre 2025 | 3 min de lecture
Le cancer du sein triple négatif (TNBC) représente environ 15 % des cancers du sein. Son pronostic est défavorable, notamment en phase métastatique. Sa biologie, marquée par l’absence de récepteurs hormonaux (ER, PR) et HER2, limite l’efficacité des thérapies ciblées classiques. De plus, la récidive est fréquente, et les patientes disposent de peu d’options thérapeutiques après les premières lignes de chimiothérapie, souvent à base de taxanes.
Parmi les pistes explorées, la voie PI3K/AKT/PTEN, fréquemment altérée dans ces tumeurs, pourrait constituer une cible thérapeutique. Ipatasertib, inhibiteur oral sélectif de l’AKT, a déjà montré une certaine efficacité, notamment lorsque combiné au paclitaxel. Toutefois, les toxicités liées aux taxanes peuvent limiter leur usage.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à évaluer la sécurité, la tolérance, et l’efficacité préliminaire d’ipatasertib combiné à trois chimiothérapies non-taxanes — carboplatine, vinorelbine, ou capécitabine — chez des patientes atteintes de TNBC localement avancé ou métastatique, déjà traitées.
85 patientes atteintes de TNBC avancé ont été sélectionnées et réparties aléatoirement en trois bras :
Les traitements ont été administrés par cycles de 28 jours. Les paramètres d’efficacité et de tolérance de ces combinaisons ont été portés à l’étude. Les patientes pouvaient avoir reçu jusqu'à deux lignes de traitement antérieures.
Les résultats ont montré un taux de réponse objective (ORR) de 29,4 % dans le bras ipatasertib + carboplatine, contre 13,3 % avec la vinorelbine et 10,7 % avec la capécitabine. La durée médiane de réponse atteignait 4,6 mois dans le bras carboplatine, confirmant cette combinaison comme la plus prometteuse. Fait notable, les patientes présentant des altérations de la voie PI3K/AKT/PTEN répondaient mieux au traitement, suggérant un intérêt en thérapie ciblée.
Sur le plan de la tolérance, les effets indésirables de grade ≥3 les plus fréquents comprenaient la diarrhée (jusqu’à 28 %), la neutropénie (13 à 20 % selon les bras), ainsi que des nausées, de la fatigue et des mucites observées plus rarement. Les toxicités étaient globalement jugées maîtrisables, sans signal de sécurité nouveau, bien que quelques interruptions de traitement aient été nécessaires en raison d’effets gastro-intestinaux.
Cette étude montre que l’association ipatasertib + carboplatine présente une activité antitumorale prometteuse dans le TNBC avancé préalablement traité, particulièrement dans les tumeurs avec altérations moléculaires ciblables (voie PI3K/AKT/PTEN). Ces résultats confirment l’intérêt d’une approche de médecine de précision dans cette population hétérogène et difficile à traiter.
Toutefois, les autres combinaisons testées (avec vinorelbine ou capécitabine) ont montré des réponses plus modestes, limitant leur intérêt clinique. De fait, des travaux supplémentaires incluront une étude de phase III comparant l’association ipatasertib + carboplatine à la chimiothérapie seule, ainsi qu’une stratification plus précise des patientes en fonction des altérations génétiques tumorales. L’utilisation de biomarqueurs prédictifs sera également essentielle pour affiner les indications thérapeutiques.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
Le cancer du sein triple négatif (TNBC) représente environ 15 % des cancers du sein. Son pronostic est défavorable, notamment en phase métastatique. Sa biologie, marquée par l’absence de récepteurs hormonaux (ER, PR) et HER2, limite l’efficacité des thérapies ciblées classiques. De plus, la récidive est fréquente, et les patientes disposent de peu d’options thérapeutiques après les premières lignes de chimiothérapie, souvent à base de taxanes.
Parmi les pistes explorées, la voie PI3K/AKT/PTEN, fréquemment altérée dans ces tumeurs, pourrait constituer une cible thérapeutique. Ipatasertib, inhibiteur oral sélectif de l’AKT, a déjà montré une certaine efficacité, notamment lorsque combiné au paclitaxel. Toutefois, les toxicités liées aux taxanes peuvent limiter leur usage.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à évaluer la sécurité, la tolérance, et l’efficacité préliminaire d’ipatasertib combiné à trois chimiothérapies non-taxanes — carboplatine, vinorelbine, ou capécitabine — chez des patientes atteintes de TNBC localement avancé ou métastatique, déjà traitées.
Ça donne quoi ?
85 patientes atteintes de TNBC avancé ont été sélectionnées et réparties aléatoirement en trois bras :
- Ipatasertib (400 mg/jour, 3 semaines sur 4) combiné à carboplatine (n=34) ;
- Vinorelbine (n=30) ;
- Capécitabine (n=21).
Les traitements ont été administrés par cycles de 28 jours. Les paramètres d’efficacité et de tolérance de ces combinaisons ont été portés à l’étude. Les patientes pouvaient avoir reçu jusqu'à deux lignes de traitement antérieures.
Les résultats ont montré un taux de réponse objective (ORR) de 29,4 % dans le bras ipatasertib + carboplatine, contre 13,3 % avec la vinorelbine et 10,7 % avec la capécitabine. La durée médiane de réponse atteignait 4,6 mois dans le bras carboplatine, confirmant cette combinaison comme la plus prometteuse. Fait notable, les patientes présentant des altérations de la voie PI3K/AKT/PTEN répondaient mieux au traitement, suggérant un intérêt en thérapie ciblée.
Sur le plan de la tolérance, les effets indésirables de grade ≥3 les plus fréquents comprenaient la diarrhée (jusqu’à 28 %), la neutropénie (13 à 20 % selon les bras), ainsi que des nausées, de la fatigue et des mucites observées plus rarement. Les toxicités étaient globalement jugées maîtrisables, sans signal de sécurité nouveau, bien que quelques interruptions de traitement aient été nécessaires en raison d’effets gastro-intestinaux.
On en fait quoi ?
Cette étude montre que l’association ipatasertib + carboplatine présente une activité antitumorale prometteuse dans le TNBC avancé préalablement traité, particulièrement dans les tumeurs avec altérations moléculaires ciblables (voie PI3K/AKT/PTEN). Ces résultats confirment l’intérêt d’une approche de médecine de précision dans cette population hétérogène et difficile à traiter.
Toutefois, les autres combinaisons testées (avec vinorelbine ou capécitabine) ont montré des réponses plus modestes, limitant leur intérêt clinique. De fait, des travaux supplémentaires incluront une étude de phase III comparant l’association ipatasertib + carboplatine à la chimiothérapie seule, ainsi qu’une stratification plus précise des patientes en fonction des altérations génétiques tumorales. L’utilisation de biomarqueurs prédictifs sera également essentielle pour affiner les indications thérapeutiques.
À lire également : TNBC : plongée dans l’univers mondial des biomarqueurs et des espoirs thérapeutiques
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
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