Dengue et Psyché : La tempête silencieuse
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La dengue, souvent qualifiée de "fièvre de sept jours" ou de "fièvre casse-os", est une arbovirose transmise par les moustiques. Prévalente dans les régions tropicales et subtropicales, elle représente un défi majeur de santé publique en raison de sa morbidité élevée et de l’absence de traitement antiviral spécifique. Si les complications neurologiques comme l’encéphalite ou la myélite sont désormais bien reconnues, les troubles psychiatriques secondaires restent largement sous-estimés.
Les limites actuelles de traitement résident dans une prise en charge exclusivement symptomatique, qui néglige l’évaluation et le suivi des conséquences psychiques de l’infection. Or, plusieurs études rapportent des cas de troubles de l’humeur, d’anxiété, de manie, de psychose, voire de troubles obsessionnels ou dysmorphiques, apparaissant durant ou après la maladie. Ces symptômes psychiatriques peuvent persister bien au-delà de la phase aiguë, affectant significativement la qualité de vie des patients.
Les principaux défis sont multiples : absence de protocoles de dépistage psychiatrique, manque de sensibilisation du corps médical, confusion avec les effets secondaires médicamenteux (notamment les corticostéroïdes), et carence de données longitudinales robustes. Ces lacunes rendent difficile la compréhension de l’origine réelle de ces manifestations et leur prise en charge adaptée.
L’objectif de cette revue narrative est donc d’analyser l’ensemble des données disponibles sur les troubles psychiatriques post-dengue, afin de proposer des pistes de compréhension physiopathologique, d’identifier les facteurs prédictifs associés à leur survenue, et de discuter les stratégies thérapeutiques actuellement disponibles.
Au total, 30 études ont été retenues : 14 observationnelles, 14 cas cliniques et 2 séries de cas. Les données ont été regroupées selon les types de troubles psychiatriques, afin de mieux comprendre leur fréquence, leurs causes possibles et les pistes thérapeutiques. Les critères de sélection ont été définis selon le cadre PEO (Population, Exposition, Outcome).
Les travaux démontrent que les manifestations psychiatriques les plus fréquemment rapportées étaient la dépression et l’anxiété, avec une prévalence variant de 60 à 81 % au cours de la phase aiguë de la dengue. Des épisodes de manie, de psychose, ainsi que des cas plus rares de dysmorphophobie ont également été recensés, apparaissant principalement pendant la phase fébrile ou dans les semaines suivant la guérison.
Sur le plan physiopathologique, plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer ces troubles. L’activation de cytokines pro-inflammatoires, la perturbation du métabolisme de la sérotonine, ainsi que des modifications épigénétiques liées à l’activation des histones désacétylases (HDAC) pourraient être impliqués. Ces mécanismes présentent des similarités avec ceux observés dans d'autres infections à flavivirus, notamment le Zika et le virus du Nil occidental.
Parmi les facteurs prédictifs identifiés, on retrouve une fièvre élevée, une thrombopénie marquée, des atteintes neurologiques centrales, ainsi que les infections par les sérotypes DENV-2 ou DENV-3. Le stress psychologique induit par l’hospitalisation ou par la sévérité perçue de la maladie semble également jouer un rôle important dans la survenue de ces complications psychiatriques.
Enfin, sur le plan thérapeutique, aucune recommandation spécifique n’a encore été établie pour la prise en charge des troubles psychiatriques liés à la dengue. Les traitements actuels sont majoritairement empruntés à la pratique psychiatrique conventionnelle et incluent l’utilisation de thymorégulateurs, d’antipsychotiques et d’anxiolytiques. L’intérêt potentiel des inhibiteurs de HDAC est également souligné dans certains cas, ouvrant la voie à des stratégies thérapeutiques plus ciblées.
La dengue, bien au-delà de ses manifestations physiques, peut entraîner des troubles psychiatriques durables qui demeurent encore sous-évalués dans la pratique clinique. Ces complications mentales, allant de l’anxiété à la psychose, représentent un défi important pour les soignants, en raison de leur diversité, de leur survenue imprévisible, et de l’absence de lignes directrices spécifiques pour leur dépistage et leur traitement. Cette revue visait à mieux cerner ces troubles, à comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents et à identifier les facteurs de risque associés.
Les résultats confirment que la dengue peut agir comme un facteur déclencheur ou aggravant de troubles mentaux, notamment dans les formes sévères ou en présence d’atteintes neurologiques. Malgré cela, les données actuelles restent fragmentaires, souvent issues d’observations isolées, ce qui limite la généralisation des conclusions. L’absence d’outils diagnostiques standardisés et de protocoles thérapeutiques adaptés constitue une limite majeure.
Des recherches longitudinales à grande échelle sont nécessaires pour mieux comprendre l’évolution de ces troubles, valider des biomarqueurs spécifiques et explorer des approches thérapeutiques ciblées, notamment autour des voies inflammatoires et épigénétiques. Une approche multidisciplinaire impliquant psychiatres, neurologues, infectiologues et chercheurs est essentielle pour intégrer la santé mentale dans la prise en charge globale de la dengue. Sans cette reconnaissance, le fardeau invisible de la maladie risque de rester dans l’ombre.
La dengue, souvent qualifiée de "fièvre de sept jours" ou de "fièvre casse-os", est une arbovirose transmise par les moustiques. Prévalente dans les régions tropicales et subtropicales, elle représente un défi majeur de santé publique en raison de sa morbidité élevée et de l’absence de traitement antiviral spécifique. Si les complications neurologiques comme l’encéphalite ou la myélite sont désormais bien reconnues, les troubles psychiatriques secondaires restent largement sous-estimés.
Les limites actuelles de traitement résident dans une prise en charge exclusivement symptomatique, qui néglige l’évaluation et le suivi des conséquences psychiques de l’infection. Or, plusieurs études rapportent des cas de troubles de l’humeur, d’anxiété, de manie, de psychose, voire de troubles obsessionnels ou dysmorphiques, apparaissant durant ou après la maladie. Ces symptômes psychiatriques peuvent persister bien au-delà de la phase aiguë, affectant significativement la qualité de vie des patients.
Les principaux défis sont multiples : absence de protocoles de dépistage psychiatrique, manque de sensibilisation du corps médical, confusion avec les effets secondaires médicamenteux (notamment les corticostéroïdes), et carence de données longitudinales robustes. Ces lacunes rendent difficile la compréhension de l’origine réelle de ces manifestations et leur prise en charge adaptée.
L’objectif de cette revue narrative est donc d’analyser l’ensemble des données disponibles sur les troubles psychiatriques post-dengue, afin de proposer des pistes de compréhension physiopathologique, d’identifier les facteurs prédictifs associés à leur survenue, et de discuter les stratégies thérapeutiques actuellement disponibles.
Fièvre virale ou choc psychique ?
Au total, 30 études ont été retenues : 14 observationnelles, 14 cas cliniques et 2 séries de cas. Les données ont été regroupées selon les types de troubles psychiatriques, afin de mieux comprendre leur fréquence, leurs causes possibles et les pistes thérapeutiques. Les critères de sélection ont été définis selon le cadre PEO (Population, Exposition, Outcome).
Les travaux démontrent que les manifestations psychiatriques les plus fréquemment rapportées étaient la dépression et l’anxiété, avec une prévalence variant de 60 à 81 % au cours de la phase aiguë de la dengue. Des épisodes de manie, de psychose, ainsi que des cas plus rares de dysmorphophobie ont également été recensés, apparaissant principalement pendant la phase fébrile ou dans les semaines suivant la guérison.
Sur le plan physiopathologique, plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer ces troubles. L’activation de cytokines pro-inflammatoires, la perturbation du métabolisme de la sérotonine, ainsi que des modifications épigénétiques liées à l’activation des histones désacétylases (HDAC) pourraient être impliqués. Ces mécanismes présentent des similarités avec ceux observés dans d'autres infections à flavivirus, notamment le Zika et le virus du Nil occidental.
Parmi les facteurs prédictifs identifiés, on retrouve une fièvre élevée, une thrombopénie marquée, des atteintes neurologiques centrales, ainsi que les infections par les sérotypes DENV-2 ou DENV-3. Le stress psychologique induit par l’hospitalisation ou par la sévérité perçue de la maladie semble également jouer un rôle important dans la survenue de ces complications psychiatriques.
Enfin, sur le plan thérapeutique, aucune recommandation spécifique n’a encore été établie pour la prise en charge des troubles psychiatriques liés à la dengue. Les traitements actuels sont majoritairement empruntés à la pratique psychiatrique conventionnelle et incluent l’utilisation de thymorégulateurs, d’antipsychotiques et d’anxiolytiques. L’intérêt potentiel des inhibiteurs de HDAC est également souligné dans certains cas, ouvrant la voie à des stratégies thérapeutiques plus ciblées.
L’esprit face au moustique ?
La dengue, bien au-delà de ses manifestations physiques, peut entraîner des troubles psychiatriques durables qui demeurent encore sous-évalués dans la pratique clinique. Ces complications mentales, allant de l’anxiété à la psychose, représentent un défi important pour les soignants, en raison de leur diversité, de leur survenue imprévisible, et de l’absence de lignes directrices spécifiques pour leur dépistage et leur traitement. Cette revue visait à mieux cerner ces troubles, à comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents et à identifier les facteurs de risque associés.
Les résultats confirment que la dengue peut agir comme un facteur déclencheur ou aggravant de troubles mentaux, notamment dans les formes sévères ou en présence d’atteintes neurologiques. Malgré cela, les données actuelles restent fragmentaires, souvent issues d’observations isolées, ce qui limite la généralisation des conclusions. L’absence d’outils diagnostiques standardisés et de protocoles thérapeutiques adaptés constitue une limite majeure.
Des recherches longitudinales à grande échelle sont nécessaires pour mieux comprendre l’évolution de ces troubles, valider des biomarqueurs spécifiques et explorer des approches thérapeutiques ciblées, notamment autour des voies inflammatoires et épigénétiques. Une approche multidisciplinaire impliquant psychiatres, neurologues, infectiologues et chercheurs est essentielle pour intégrer la santé mentale dans la prise en charge globale de la dengue. Sans cette reconnaissance, le fardeau invisible de la maladie risque de rester dans l’ombre.

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