Deux études récentes ont évalué l’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 sur le risque de suicide chez les jeunes américains. La première étude est une étude transversale ayant analysé les données nationales sur le suicide des jeunes américains (âge 5-24 ans) entre 2015 et 2020. Le sexe, l’âge et l’origine ethnique ont été pris en compte. Les analyses statistiques ont permis d’estimer le nombre mensuel de suicides attendus (à partir de la tendance des décès mensuels avant la Covid-19) et de comparer ces données avec les suicides observés sur les dix premiers mois de la pandémie (du 1er mars 2020 au 31 décembre 2020).
Sur l’année 2020, 5 568 suicides de jeunes ont été recensés, dont 4 408 garçons, 1 009 d’origine hispanique, 170 d’origine amérindienne, 262 d’origine asiatique, 801 d’origine africaine et 3 321 d’origine caucasienne. Les données révèlent une augmentation significative du nombre total de suicides chez les jeunes en lien avec la Covid-19, par rapport aux suicides attendus, avec un nombre de décès excédentaire évalué à 212 sur la période de dix mois considérée dans l’étude. Les jeunes les plus exposés à ce risque semblaient être les garçons, les jeunes âgés de 5 à 12 ans ou de 18 à 24 ans et les jeunes d’origine amérindienne ou africaine. Le décès par arme à feu apparaissait plus fréquent.
La seconde étude a porté sur les suicides de jeunes âgés de 10 à 17 ans, survenus au cours des années 2020 et 2021. Les chercheurs ont distingué les suicides liés à la Covid-19 (552 suicides) et ceux non liés à la crise sanitaire (408 suicides) et pris en compte différents paramètres (les caractéristiques démographiques, les facteurs de stress, les antécédents sociaux et de santé mentale, les perturbations de scolarité liées à l’épidémie). Les résultats ont mis en évidence que les suicides liés à la Covid-19 étaient plus souvent par pendaison, se produisaient davantage dans les banlieues que les suicides sans lien avec la situation sanitaire. Par ailleurs, les jeunes affectés par la pandémie étaient plus fréquemment touchés par un isolement, des difficultés scolaires, des troubles dépressifs ou anxieux.
Ces deux études confirment que la pandémie de la Covid-19 a impacté la santé mentale des jeunes et induit une hausse des suicides. Elles fournissent également des clés pour adapter les stratégies de prévention du suicide chez les jeunes.