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11/08/2025

Adrénaline et anaphylaxie : et si on injectait mieux ?

Allergologie et Immunologie

Par Ana Espino | Publié le 11 Août 2025| 2 min de lecture


#Anaphylaxie #Allergie #Adrénaline #AAI



L’anaphylaxie est une réaction d’hypersensibilité systémique, rapide et potentiellement mortelle, causée par des allergènes tels que les aliments (arachide, fruits à coque, crustacés, lait, œuf), les médicaments ou les venins d’insectes. Les symptômes peuvent apparaître en quelques secondes et évoluer vers une obstruction des voies respiratoires ou un collapsus cardiovasculaire.


Bien que l’adrénaline intramusculaire (IM) soit le traitement de première intention recommandé par les sociétés savantes, son utilisation reste insuffisante, souvent retardée, et entachée d’erreurs de dosage ou de voie d’administration. Les antihistaminiques et corticoïdes ne constituent que des traitements de seconde ou troisième ligne, et n’agissent pas sur les manifestations vitales immédiates. De plus, la reconnaissance rapide des symptômes reste difficile, en particulier chez l’enfant et le nourrisson. Les obstacles incluent la sous-prescription des auto-injecteurs d’adrénaline (AAI), la peur des effets indésirables, le manque de formation des patients et des soignants, et un accès limité aux AAIs dans certains pays.


Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à fournir une synthèse des recommandations cliniques, des données pharmacocinétiques/pharmacodynamiques et des considérations de sécurité liées à l’utilisation des AAIs dans l’anaphylaxie, afin d’optimiser l’administration d’adrénaline et réduire les risques.


AAI : l’arme fatale contre l’anaphylaxie ?


L’adrénaline administrée par voie intramusculaire via un auto-injecteur permet une délivrance plus rapide et plus efficace de la dose thérapeutique qu’une seringue manuelle, atteignant des concentrations plasmatiques plus élevées et plus stables. Les recommandations de dosage varient selon l’âge et le poids, avec des dispositifs allant de 0,1 mg à 0,5 mg. Les effets indésirables observés lors d’une administration intramusculaire sont rares et généralement bénins, se limitant le plus souvent à des tremblements, palpitations ou sensations d’anxiété.

Les complications cardiovasculaires sévères surviennent surtout lors d’un usage intraveineux en bolus, fréquemment lié à un surdosage. Certains risques spécifiques persistent, tels que le surdosage, les blessures liées aux aiguilles — notamment chez les enfants agités — ou les injections accidentelles dans les doigts, des situations que la formation et l’éducation des utilisateurs permettent de réduire. Les profils pharmacocinétiques et pharmacodynamiques varient selon les modèles : EpiPen offre une absorption rapide, Emerade présente un délai d’action plus long mais permet une dose plus élevée, tandis qu’Anapen assure une absorption marquée même avec une longueur d’aiguille plus courte. Enfin, l’adrénaline reste chimiquement instable avec une durée de conservation limitée, conservant toutefois plus de 90 % de sa concentration plusieurs mois après expiration, bien que son usage hors date de validité soit déconseillé.



Adrénaline : rapide, sûre… et indispensable !


L’anaphylaxie constitue une urgence vitale qui exige l’administration rapide d’adrénaline. Pourtant, l’efficacité de cette prise en charge reste compromise par les retards d’injection, la sous-utilisation des auto-injecteurs et un accès encore limité, aggravé par un manque de formation des patients et des professionnels de santé. L’objectif de cette étude était d’optimiser l’usage clinique des AAIs, de garantir leur disponibilité et de promouvoir leur utilisation sécurisée et appropriée. Les données confirment que l’adrénaline intramusculaire administrée via AAI est à la fois sûre et efficace lorsqu’elle est délivrée à la dose adéquate, et que les effets indésirables potentiels ne doivent en aucun cas freiner son administration en situation critique.

Cette étude reste toutefois tributaire de la qualité et de l’hétérogénéité des données disponibles. Les perspectives futures passent par un renforcement de la formation des patients, des soignants et des secouristes, une amélioration de l’accessibilité mondiale aux AAIs, ainsi qu’une exploration des nouvelles voies d’administration, comme le spray nasal, et des technologies d’injection innovantes.

À lire également : Manger sans peur : l’anticorps anti-IgE Omalizumab, nouvelle arme contre les allergies alimentaires




À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Ebisawa, M., et al. (2025). Optimizing Adrenaline Administration in Anaphylaxis: Clinical Practice Considerations and Safety Insights. Clinical and translational allergy, 15(8), e70085 ;

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