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12/08/2025

Ozenoxacine : la nouvelle arme contre l’impétigo

Dermatologie et Vénérologie

Par Ana Espino | Publié le 12 Août 2025| 3 min de lecture


#Impetigo #SARM #Ozenoxacine #Dermatologie



L’impétigo est une infection cutanée bactérienne hautement contagieuse, fréquente en pédiatrie mais pouvant également toucher les adultes, notamment dans les contextes de promiscuité ou de fragilisation cutanée. Elle se manifeste le plus souvent sous forme de lésions érythémateuses recouvertes de croûtes couleur miel, localisées sur le visage, les mains ou d’autres zones exposées, et peut être bulleuse ou non bulleuse. Cette pathologie est principalement causée par Staphylococcus aureus — y compris les souches résistantes à la méthicilline (SARM) — et par Streptococcus pyogenes. Outre l’inconfort physique et esthétique qu’elle entraîne, l’impétigo a un impact psychosocial non négligeable et contribue à la transmission communautaire rapide, notamment en milieu scolaire ou familial.


Les traitements actuels reposent essentiellement sur l’application locale d’antibiotiques topiques (mupirocine, acide fusidique), parfois associés à une antibiothérapie orale dans les formes étendues ou compliquées. Toutefois, l’émergence croissante de résistances bactériennes à ces molécules compromet leur efficacité, limitant ainsi les options thérapeutiques disponibles et compliquant la prise en charge. Le défi réside désormais dans le développement et la mise à disposition de traitements capables de maintenir une efficacité clinique et microbiologique élevée, tout en offrant un bon profil de tolérance et en réduisant le risque de sélection de souches résistantes.


Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à évaluer l’efficacité et la sécurité de l’ozenoxacine 1%, un nouvel antibiotique topique de la classe des quinolones, non fluoré, actif contre S. aureus et S. pyogenes, y compris les souches multirésistantes.


Un petit tube peut-il faire mieux que les classiques ?


Trois essais cliniques randomisés de phase III, incluant au total 756 patients – 377 traités par ozenoxacine et 379 dans les groupes témoins – ont été sélectionnés. Les participants, âgés de deux mois à l’âge adulte, présentaient un impétigo bulleux ou non bulleux confirmé cliniquement. Le traitement par ozenoxacine 1% était appliqué localement deux fois par jour pendant 5 à 7 jours. Deux des études comparaient l’ozenoxacine à un placebo, tandis qu’une troisième la confrontait à la mupirocine 2%.


Les résultats montrent que l’ozenoxacine améliore significativement le taux de succès clinique par rapport au placebo et réduit presque de moitié le risque d’échec clinique. Sur le plan microbiologique, elle offre un taux de guérison supérieur et diminue nettement la probabilité d’échec. Lorsqu’elle est comparée à la mupirocine, son efficacité apparaît équivalente, même si la précision des estimations est limitée par des effectifs réduits. Le profil de tolérance est favorable, les effets indésirables étant rares, bénins — principalement érythème et prurit — et comparables à ceux observés avec les traitements de référence.



Un futur incontournable dans la lutte contre l’impétigo


L’impétigo
, infection cutanée courante et hautement contagieuse, demeure un défi thérapeutique dans un contexte marqué par la progression constante des résistances aux antibiotiques topiques. Préserver des solutions efficaces et bien tolérées est essentiel pour limiter la transmission et assurer une prise en charge optimale. Cette étude visait à évaluer et positionner l’ozenoxacine 1% comme une alternative thérapeutique crédible à intégrer dans l’arsenal actuel. Les résultats démontrent que l’ozenoxacine offre une efficacité clinique et microbiologique comparable à celle de la mupirocine, tout en surpassant nettement le placebo, et ce avec un excellent profil de tolérance. Ces données soutiennent son potentiel d’utilisation, notamment dans des contextes où la résistance à la mupirocine compromet l’efficacité des traitements habituels. Toutefois, le faible nombre d’études disponibles et la taille restreinte de certains échantillons imposent de nuancer ces conclusions.

Des essais cliniques plus larges, incluant divers profils de patients et différents contextes épidémiologiques, permettront de confirmer ces résultats, d’évaluer son rôle éventuel dans la décolonisation bactérienne et de définir sa place dans les recommandations thérapeutiques internationales.


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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Tuesta, B. L., et al. (2025). Ozenoxacin 1% in Pediatric and Adult Patients with Impetigo: A Meta-Analysis of Randomized Trials. Journal of clinical medicine, 14(7), 2157 ;

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