31/12/2025
Aromathérapie chez les patients atteints de cancer : un espoir contre l’anxiété, mais pas contre la dépression ?
Oncologie
Par Lila Rouland | Publié le 31 décembre 2025 | 3 min de lecture
L’anxiété et la dépression touchent une proportion importante de patients atteints de cancer, impactant gravement leur qualité de vie et leur adhésion aux traitements. Bien que les médicaments psychotropes soient souvent prescrits, leurs effets secondaires (somnolence, dépendance, céphalées) justifient l’intérêt croissant pour les médecines complémentaires, dont l’aromathérapie. Cette approche utilise des huiles essentielles pour soulager les symptômes psychologiques via l’inhalation ou le massage. Pourtant, son efficacité clinique reste débattue.
Cette revue systématique et méta-analyse, menée selon les recommandations PRISMA, vise à évaluer l’impact de l’aromathérapie sur l’anxiété, la dépression et le bien-être psychologique chez les patients cancéreux. L’analyse s’appuie sur 17 essais randomisés contrôlés (n=1 611) publiés jusqu’en mai 2021.
Même
efficacité pour tous ? Quand l’aromathérapie dépend du protocole et du symptôme
La majorité des études incluses ont examiné l’anxiété (n=15), un nombre plus restreint la dépression (n=6) et le bien-être psychologique (n=5). Les formes d’aromathérapie variaient : massage seul, inhalation, ou combinaison des deux. La lavande était l’huile essentielle la plus fréquemment utilisée.
Les résultats du méta-analyses sur 10 études (n=823) indiquent un effet modéré mais significatif de l’aromathérapie pour réduire l’anxiété (SMD = −0,49 ; p < 0,05). Le massage aromatique s’avère plus efficace (SMD = −0,70 ; p < 0,005) que l’inhalation seule. Les interventions courtes (< 4 semaines) montrent également une efficacité supérieure (SMD = −0,87 ; p < 0,05). Notamment, les études menées en Asie présentent des résultats plus positifs (SMD = −0,83 ; p < 0,05) que celles européennes, probablement en lien avec une meilleure acceptation culturelle des thérapies naturelles.
Parmi les huiles, la lavande se distingue par ses effets anxiolytiques (SMD = −1,12 ; p < 0,01), attribués à ses composants (linalool, acétate de linalyle) qui agissent sur les récepteurs GABA. Le mode d’action proposé inclut l’activation du système limbique via l’olfaction, mais aussi une action pharmacologique directe.
En revanche, aucun bénéfice significatif de l’aromathérapie sur la dépression n’a été démontré dans les six études analysées. Une seule étude a montré une réduction des scores dépressifs, tandis que les autres, utilisant des échelles validées (HADS, CES-D, POMS), n’ont révélé aucune amélioration cliniquement pertinente. Ce manque d’efficacité pourrait s’expliquer par la gravité des symptômes dépressifs dans cette population et la durée trop courte des interventions (maximum 10 semaines) pour observer un effet comparable à celui des antidépresseurs classiques.
Seules cinq études ont mesuré cet indicateur, avec des résultats globalement non significatifs. Une étude turque utilisant un protocole mixte (massage + inhalation) a montré une amélioration, mais les autres n’ont pas confirmé ce bénéfice.
L’aromathérapie, en particulier via massage à base de lavande, semble offrir une option complémentaire efficace pour soulager l’anxiété chez les patients atteints de cancer, surtout dans les interventions de courte durée et en contexte asiatique. En revanche, ses effets sur la dépression et le bien-être global demeurent incertains.
Les limitations de cette étude incluent une hétérogénéité élevée (I² = 90 %), l’absence de double aveugle dans de nombreux essais (difficilement réalisable en aromathérapie), et des protocoles d’intervention peu standardisés. En outre, les huiles utilisées, leurs dosages, et les méthodes d’application varient considérablement, limitant la comparabilité.
Les futures recherches devraient s’appuyer sur des essais contrôlés rigoureux, avec une standardisation des huiles essentielles, des durées plus longues d’intervention, et une évaluation fine des effets physiologiques et psychologiques. Enfin, il serait pertinent d’examiner les effets synergiques de l’aromathérapie combinée à d'autres approches psychocorporelles dans une stratégie intégrée de soins en oncologie.
À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.
L’anxiété et la dépression touchent une proportion importante de patients atteints de cancer, impactant gravement leur qualité de vie et leur adhésion aux traitements. Bien que les médicaments psychotropes soient souvent prescrits, leurs effets secondaires (somnolence, dépendance, céphalées) justifient l’intérêt croissant pour les médecines complémentaires, dont l’aromathérapie. Cette approche utilise des huiles essentielles pour soulager les symptômes psychologiques via l’inhalation ou le massage. Pourtant, son efficacité clinique reste débattue.
Cette revue systématique et méta-analyse, menée selon les recommandations PRISMA, vise à évaluer l’impact de l’aromathérapie sur l’anxiété, la dépression et le bien-être psychologique chez les patients cancéreux. L’analyse s’appuie sur 17 essais randomisés contrôlés (n=1 611) publiés jusqu’en mai 2021.
Même
efficacité pour tous ? Quand l’aromathérapie dépend du protocole et du symptôme
La majorité des études incluses ont examiné l’anxiété (n=15), un nombre plus restreint la dépression (n=6) et le bien-être psychologique (n=5). Les formes d’aromathérapie variaient : massage seul, inhalation, ou combinaison des deux. La lavande était l’huile essentielle la plus fréquemment utilisée.
Effet sur l’anxiété
Les résultats du méta-analyses sur 10 études (n=823) indiquent un effet modéré mais significatif de l’aromathérapie pour réduire l’anxiété (SMD = −0,49 ; p < 0,05). Le massage aromatique s’avère plus efficace (SMD = −0,70 ; p < 0,005) que l’inhalation seule. Les interventions courtes (< 4 semaines) montrent également une efficacité supérieure (SMD = −0,87 ; p < 0,05). Notamment, les études menées en Asie présentent des résultats plus positifs (SMD = −0,83 ; p < 0,05) que celles européennes, probablement en lien avec une meilleure acceptation culturelle des thérapies naturelles.
Parmi les huiles, la lavande se distingue par ses effets anxiolytiques (SMD = −1,12 ; p < 0,01), attribués à ses composants (linalool, acétate de linalyle) qui agissent sur les récepteurs GABA. Le mode d’action proposé inclut l’activation du système limbique via l’olfaction, mais aussi une action pharmacologique directe.
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Quel est l'effet de l'aromathérapie sur la dépression ?
En revanche, aucun bénéfice significatif de l’aromathérapie sur la dépression n’a été démontré dans les six études analysées. Une seule étude a montré une réduction des scores dépressifs, tandis que les autres, utilisant des échelles validées (HADS, CES-D, POMS), n’ont révélé aucune amélioration cliniquement pertinente. Ce manque d’efficacité pourrait s’expliquer par la gravité des symptômes dépressifs dans cette population et la durée trop courte des interventions (maximum 10 semaines) pour observer un effet comparable à celui des antidépresseurs classiques.
L’aromathérapie améliore-t-elle le bien-être psychologique ?
Seules cinq études ont mesuré cet indicateur, avec des résultats globalement non significatifs. Une étude turque utilisant un protocole mixte (massage + inhalation) a montré une amélioration, mais les autres n’ont pas confirmé ce bénéfice.
Conclusion & Perspectives : Un outil complémentaire, pas un traitement de fond
L’aromathérapie, en particulier via massage à base de lavande, semble offrir une option complémentaire efficace pour soulager l’anxiété chez les patients atteints de cancer, surtout dans les interventions de courte durée et en contexte asiatique. En revanche, ses effets sur la dépression et le bien-être global demeurent incertains.
Les limitations de cette étude incluent une hétérogénéité élevée (I² = 90 %), l’absence de double aveugle dans de nombreux essais (difficilement réalisable en aromathérapie), et des protocoles d’intervention peu standardisés. En outre, les huiles utilisées, leurs dosages, et les méthodes d’application varient considérablement, limitant la comparabilité.
Les futures recherches devraient s’appuyer sur des essais contrôlés rigoureux, avec une standardisation des huiles essentielles, des durées plus longues d’intervention, et une évaluation fine des effets physiologiques et psychologiques. Enfin, il serait pertinent d’examiner les effets synergiques de l’aromathérapie combinée à d'autres approches psychocorporelles dans une stratégie intégrée de soins en oncologie.
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À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
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