17/07/2025
Corps résistant, cerveau hésitant : l'effet d'une hydratation négligée
Santé Publique et Médecine Sociale
Par Lila Rouland | Publié le 17 juillet 2025|3 min de lecture
#Déshydratation #Exercice #Cognition #Thermorégulation #Chaleur
La déshydratation légère prolongée (DLP), souvent ignorée, pourrait bien jouer un rôle plus subtil mais déterminant dans notre perception de l'effort, notre confort thermique et notre clarté mentale. Une étude japonaise lève le voile sur ses effets invisibles pendant l’exercice physique modéré en environnement chaud, sans altération physiologique apparente mais avec des impacts cognitifs et perceptifs non négligeable. Cette étude visait à déterminer si la DLP affecte les réponses thermorégulatrices autonomes et les capacités cognitives lors d’un exercice modéré prolongé en environnement chaud. Contrairement à une déshydratation aiguë induite par l’effort, la DLP a ici été provoquée sans activité physique ni diurétique, afin de refléter une situation courante.
Douze jeunes adultes en bonne santé (9 hommes, 3 femmes ; âge moyen : 22 ans) ont participé à cette étude croisée. Tous pratiquaient une activité physique régulière, sans acclimatation préalable à la chaleur.
Chaque participant a réalisé deux sessions d’exercice en ambiance contrôlée (30 °C, 60 % d’humidité relative), une en état euhydraté (CON) et l’autre en état légèrement déshydraté (DLP). La DLP a été induite par une restriction hydrique de 24 h, confirmée par une densité urinaire (USG ≥ 1.020), tandis que l’euhydratation correspondait à une USG ≤ 1.010.
Le protocole comprenait :
L’étude a évalué la fréquence cardiaque, la température corporelle, la sudation, les performances cognitives et les perceptions subjectives telles que la soif et l’effort.
Surprise : les réponses physiologiques clés estent intactes malgré la restriction hydrique. Fréquence cardiaque, pression artérielle, température corporelle centrale et cutanée, sudation et flux sanguin cutané sont similaires dans les deux groupes. Autrement dit, le corps maintient sa régulation thermique, même en condition de déshydratation légère. La sueur est produite normalement, la circulation cutanée s’ajuste, et la charge d’exercice (calculée par VO₂) ne varie pas. Les systèmes autonomes tiennent bon, du moins à court terme.
Malgré des mesures physiologiques équivalentes, les perceptions subjectives ont été significativement modifiées :
Ces résultats suggèrent que la déshydratation modifie la perception thermique sans affecter les mécanismes corporels, ce qui peut avoir un impact comportemental important.
Deux tests ont été utilisés pour évaluer la fonction exécutive :
Résultats :
Ainsi, la DLP altère les processus cognitifs complexes, notamment ceux liés à la prise de décision, ce qui pourrait affecter la sécurité ou la performance dans des contextes exigeants.
La thermorégulation physiologique est robuste, mais les sensations de chaleur, d’inconfort et de fatigue mentale sont amplifiées par la DLP. Ces altérations peuvent :
Sur le plan neurologique, les zones du cerveau activées par la chaleur et la soif (insula, cortex cingulaire antérieur) se chevauchent, ce qui pourrait expliquer l’augmentation de l’inconfort thermique en DLP.
Cette étude soulève des préoccupations importantes :
Même si la DLP n’affecte pas la thermorégulation autonome, elle provoque une majoration des sensations de chaleur, de fatigue et de difficulté cognitive. Pour les professionnels exposés à la chaleur, les sportifs ou les encadrants, l’hydratation préventive reste une priorité, non seulement pour maintenir la fonction corporelle, mais aussi pour préserver la vigilance, la sécurité et les performances.
À propos de l’auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.
#Déshydratation #Exercice #Cognition #Thermorégulation #Chaleur
La déshydratation légère prolongée (DLP), souvent ignorée, pourrait bien jouer un rôle plus subtil mais déterminant dans notre perception de l'effort, notre confort thermique et notre clarté mentale. Une étude japonaise lève le voile sur ses effets invisibles pendant l’exercice physique modéré en environnement chaud, sans altération physiologique apparente mais avec des impacts cognitifs et perceptifs non négligeable. Cette étude visait à déterminer si la DLP affecte les réponses thermorégulatrices autonomes et les capacités cognitives lors d’un exercice modéré prolongé en environnement chaud. Contrairement à une déshydratation aiguë induite par l’effort, la DLP a ici été provoquée sans activité physique ni diurétique, afin de refléter une situation courante.
Méthodologie : une simulation fidèle à la réalité
Douze jeunes adultes en bonne santé (9 hommes, 3 femmes ; âge moyen : 22 ans) ont participé à cette étude croisée. Tous pratiquaient une activité physique régulière, sans acclimatation préalable à la chaleur.
Chaque participant a réalisé deux sessions d’exercice en ambiance contrôlée (30 °C, 60 % d’humidité relative), une en état euhydraté (CON) et l’autre en état légèrement déshydraté (DLP). La DLP a été induite par une restriction hydrique de 24 h, confirmée par une densité urinaire (USG ≥ 1.020), tandis que l’euhydratation correspondait à une USG ≤ 1.010.
Le protocole comprenait :
- 30 minutes de repos initial
- 60 minutes d’exercice modéré sur tapis roulant (3 x 20 min, avec pauses de 2 min)
- Phase de récupération et tests cognitifs
L’étude a évalué la fréquence cardiaque, la température corporelle, la sudation, les performances cognitives et les perceptions subjectives telles que la soif et l’effort.
Déshydratés mais stables : le corps s’adapte…
Surprise : les réponses physiologiques clés estent intactes malgré la restriction hydrique. Fréquence cardiaque, pression artérielle, température corporelle centrale et cutanée, sudation et flux sanguin cutané sont similaires dans les deux groupes. Autrement dit, le corps maintient sa régulation thermique, même en condition de déshydratation légère. La sueur est produite normalement, la circulation cutanée s’ajuste, et la charge d’exercice (calculée par VO₂) ne varie pas. Les systèmes autonomes tiennent bon, du moins à court terme.
…mais le cerveau et les sensations, eux, protestent
Malgré des mesures physiologiques équivalentes, les perceptions subjectives ont été significativement modifiées :
- Les participants en DLP ont signalé une chaleur et une humidité perçues plus intenses
- L’inconfort thermique et l’effort perçu (RPE) ont augmenté, surtout à la fin de l’exercice
- La sensation de soif était significativement plus élevée avant et après l’effort
Ces résultats suggèrent que la déshydratation modifie la perception thermique sans affecter les mécanismes corporels, ce qui peut avoir un impact comportemental important.
Déshydratation discrète, cognition perturbée
Deux tests ont été utilisés pour évaluer la fonction exécutive :
- Go/No-Go (contrôle attentionnel simple)
- Stroop incongruent (inhibition, flexibilité cognitive)
Résultats :
- Aucun changement significatif pour la tâche Go/No-Go
- En DLP, le temps de réponse au test Stroop était significativement plus long avant l’exercice
- Ce ralentissement s’est estompé après l’exercice, probablement grâce à l’effet bénéfique de l’activité physique sur les fonctions cognitives
Ainsi, la DLP altère les processus cognitifs complexes, notamment ceux liés à la prise de décision, ce qui pourrait affecter la sécurité ou la performance dans des contextes exigeants.
Le confort et la vigilance : signaux d’alerte silencieux
La thermorégulation physiologique est robuste, mais les sensations de chaleur, d’inconfort et de fatigue mentale sont amplifiées par la DLP. Ces altérations peuvent :
- Diminuer l’endurance mentale
- Affecter la capacité à maintenir l’effort
- Augmenter les risques liés à la chaleur ou à la perte de vigilance
Sur le plan neurologique, les zones du cerveau activées par la chaleur et la soif (insula, cortex cingulaire antérieur) se chevauchent, ce qui pourrait expliquer l’augmentation de l’inconfort thermique en DLP.
Et après ? Hydratez-vous… pour penser clair
Cette étude soulève des préoccupations importantes :
- Une légère déshydratation altère la perception thermique, même en l’absence de changement physiologique
- Les fonctions cognitives complexes sont plus vulnérables, avec un risque accru en contexte professionnel ou sportif
- Les signaux comportementaux (soif, inconfort) doivent être pris en compte comme marqueurs d’alerte
Même si la DLP n’affecte pas la thermorégulation autonome, elle provoque une majoration des sensations de chaleur, de fatigue et de difficulté cognitive. Pour les professionnels exposés à la chaleur, les sportifs ou les encadrants, l’hydratation préventive reste une priorité, non seulement pour maintenir la fonction corporelle, mais aussi pour préserver la vigilance, la sécurité et les performances.
À lire également : Humeur, mémoire, inflammation : et si tout se jouait dans l’assiette ?
À propos de l’auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.

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