09/09/2025
Lésion médullaire & kiné : que dit la science ?
Médecine Physique et Réadaptation
Par Ana Espino | Publié le 9 septembre 2025| 2 min de lecture
#LME #Physiothérapie #RPC
Les lésions de la moelle épinière (LME) provoquent des altérations sévères des fonctions motrices, sensitives et autonomes, compromettant durablement l’indépendance fonctionnelle des personnes atteintes. Face à cette pathologie complexe, la physiothérapie joue un rôle fondamental dans la récupération et la prévention des complications. Pourtant, les recommandations cliniques spécifiques à cette discipline restent fragmentées. Les lignes directrices disponibles se concentrent souvent sur des aspects isolés du parcours de soins, sans fournir de cadre global adapté aux pratiques des physiothérapeutes.
Les limites des données disponibles constituent un frein majeur. Peu d’essais cliniques de qualité évaluent l'efficacité des interventions spécifiques à la physiothérapie, et la variabilité des pratiques en l’absence de référentiel commun nuit à la cohérence des soins. S’ajoute à cela un manque de structuration méthodologique, avec peu de recommandations reposant sur des processus rigoureux comme le système GRADE.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à élaborer une recommandation de pratique clinique pour la prise en charge physiothérapeutique des adultes atteints de LME. Elle s’est appuyée sur une revue systématique des preuves et un consensus d’experts, afin d’harmoniser et d’améliorer les pratiques cliniques.
La méthodologie repose sur l’identification de plus de 100 questions PICO, définies à priori par un panel de cliniciens, chercheurs et représentants de patients. Chaque question a fait l’objet d’une revue systématique des données disponibles, incluant 76 ECR, dont les résultats ont permis de réaliser 20 méta-analyses. Le système GRADE a été utilisé pour évaluer la qualité des preuves et pour formuler les recommandations.
Les résultats montrent que 14 recommandations seulement s’appuient sur des preuves issues des ECR, et que la majorité repose sur des opinions d’experts. Les interventions présentant un intérêt clinique incluent l’entraînement aux compétences de fauteuil roulant, la réalité virtuelle pour améliorer l’équilibre assis, les étirements prolongés pour la mobilité articulaire, le TENS pour la douleur neuropathique, ou encore le renforcement musculaire ciblé. Concernant la condition physique, le pédalage avec les bras ou les mains et les entraînements en circuit se sont révélés bénéfiques sur le plan cardiorespiratoire. D’autres domaines, comme l’hypotension orthostatique, la subluxation de l’épaule ou la spasticité, ont fait l’objet d’avis consensuels, faute de données suffisantes.
La lésion médullaire entraîne des déficits fonctionnels majeurs nécessitant une prise en charge spécialisée. La diversité des pratiques, le manque d’essais cliniques robustes et l’absence de recommandations ciblées en physiothérapie compliquent la standardisation des soins. Cette étude visait à établir une recommandation de pratique clinique fondée sur les preuves et le consensus, pour guider la rééducation des adultes atteints de LME.
Elle constitue une première étape vers une approche plus cohérente, accessible et alignée sur les réalités du terrain. Toutefois, les données disponibles sont limitées, souvent de faible qualité, et les recommandations reposent en grande partie sur l’avis d’experts. L’absence de panel international et l’exclusion des études non anglophones limitent également la portée du guide.
Les prochaines étapes incluent l’actualisation des recommandations, l’élargissement géographique du panel, et surtout la production d’essais cliniques de qualité, centrés sur les interventions réellement utilisées en pratique. Une meilleure implication des cliniciens et des patients dans les priorités de recherche sera essentielle pour renforcer la pertinence clinique des futures recommandations.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#LME #Physiothérapie #RPC
Les lésions de la moelle épinière (LME) provoquent des altérations sévères des fonctions motrices, sensitives et autonomes, compromettant durablement l’indépendance fonctionnelle des personnes atteintes. Face à cette pathologie complexe, la physiothérapie joue un rôle fondamental dans la récupération et la prévention des complications. Pourtant, les recommandations cliniques spécifiques à cette discipline restent fragmentées. Les lignes directrices disponibles se concentrent souvent sur des aspects isolés du parcours de soins, sans fournir de cadre global adapté aux pratiques des physiothérapeutes.
Les limites des données disponibles constituent un frein majeur. Peu d’essais cliniques de qualité évaluent l'efficacité des interventions spécifiques à la physiothérapie, et la variabilité des pratiques en l’absence de référentiel commun nuit à la cohérence des soins. S’ajoute à cela un manque de structuration méthodologique, avec peu de recommandations reposant sur des processus rigoureux comme le système GRADE.
Dans ce contexte, cette étude a été initiée de sorte à élaborer une recommandation de pratique clinique pour la prise en charge physiothérapeutique des adultes atteints de LME. Elle s’est appuyée sur une revue systématique des preuves et un consensus d’experts, afin d’harmoniser et d’améliorer les pratiques cliniques.
Quelles preuves pour la kiné en cas de LME ?
La méthodologie repose sur l’identification de plus de 100 questions PICO, définies à priori par un panel de cliniciens, chercheurs et représentants de patients. Chaque question a fait l’objet d’une revue systématique des données disponibles, incluant 76 ECR, dont les résultats ont permis de réaliser 20 méta-analyses. Le système GRADE a été utilisé pour évaluer la qualité des preuves et pour formuler les recommandations.
Les résultats montrent que 14 recommandations seulement s’appuient sur des preuves issues des ECR, et que la majorité repose sur des opinions d’experts. Les interventions présentant un intérêt clinique incluent l’entraînement aux compétences de fauteuil roulant, la réalité virtuelle pour améliorer l’équilibre assis, les étirements prolongés pour la mobilité articulaire, le TENS pour la douleur neuropathique, ou encore le renforcement musculaire ciblé. Concernant la condition physique, le pédalage avec les bras ou les mains et les entraînements en circuit se sont révélés bénéfiques sur le plan cardiorespiratoire. D’autres domaines, comme l’hypotension orthostatique, la subluxation de l’épaule ou la spasticité, ont fait l’objet d’avis consensuels, faute de données suffisantes.
Et maintenant, on fait quoi pour la rééducation ?
La lésion médullaire entraîne des déficits fonctionnels majeurs nécessitant une prise en charge spécialisée. La diversité des pratiques, le manque d’essais cliniques robustes et l’absence de recommandations ciblées en physiothérapie compliquent la standardisation des soins. Cette étude visait à établir une recommandation de pratique clinique fondée sur les preuves et le consensus, pour guider la rééducation des adultes atteints de LME.
Elle constitue une première étape vers une approche plus cohérente, accessible et alignée sur les réalités du terrain. Toutefois, les données disponibles sont limitées, souvent de faible qualité, et les recommandations reposent en grande partie sur l’avis d’experts. L’absence de panel international et l’exclusion des études non anglophones limitent également la portée du guide.
Les prochaines étapes incluent l’actualisation des recommandations, l’élargissement géographique du panel, et surtout la production d’essais cliniques de qualité, centrés sur les interventions réellement utilisées en pratique. Une meilleure implication des cliniciens et des patients dans les priorités de recherche sera essentielle pour renforcer la pertinence clinique des futures recommandations.
À lire également : Lombalgie : l’éducation fait-elle vraiment la différence ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Dernières revues
Lombalgie : l’éducation fait-elle vraiment la différence ?

Par Ana Espino | Publié le 9 septembre 2025| ...
Lésion médullaire & kiné : que dit la science ?

Par Ana Espino | Publié le 9 septembre 2025| ...
Burn-out : les engrenages cachés d’un mal bien réel

Par Lila Rouland | Publié le 8 septembre 2025 | 2 min de lecture