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19/11/2025

L’exercice physique peut-il améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer de la prostate métastatique résistant à la castration ?

Oncologie

Par Lila Rouland | Publié le 19 novembre 2025 | 3 min de lecture


Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC)
représente une forme avancée de la maladie, souvent traitée par hormonothérapie de privation androgénique (ADT). Bien que cette stratégie améliore la survie, elle induit une détérioration de la qualité de vie (QoL) due à des effets indésirables tels que la fatigue, les troubles cognitifs, les douleurs osseuses et les dysfonctions urinaires et sexuelles. À ces complications s’ajoute l’impact psychologique d’une pathologie chronique incurable. Des études antérieures ont démontré les bénéfices de l’exercice physique chez les patients atteints de cancer de la prostate, mais peu de données existent chez les patients mCRPC. L’objectif de cette étude pilote CHAMP était d’évaluer l'impact d’un programme d’exercice physique supervisé à distance (aérobique ou résistance) sur la qualité de vie de ces patients.


Exercice physique chez les patients mCRPC : faisable, bien toléré, mais quel impact réel sur leur qualité de vie ?


L’étude CHAMP a inclus 25 hommes atteints de cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC), âgés en moyenne de 71 ans. Ces patients ont été randomisés en trois groupes : exercice aérobique (n=8), exercice de résistance (n=7) et groupe contrôle (n=10). Le programme s’est déroulé sur 12 semaines, avec 3 séances par semaine, menées à domicile, sous télésurveillance à l’aide de cardiofréquencemètres et de bilans hebdomadaires. Les objectifs étaient de tester la faisabilité, la tolérance et les effets potentiels sur la qualité de vie (QoL).


La QoL a été évaluée par des outils validés (QLQ-C30, EPIC-26, EQ-5D-5L, FACIT-F, PSQI, STAI, CES-D), analysant les dimensions fonctionnelles, symptomatiques, émotionnelles, sexuelles et sociales. Malgré la lourdeur des traitements, les patients présentaient à l’inclusion des scores de QoL élevés, excepté pour la fatigue et la qualité du sommeil, suggérant un biais de sélection favorable.


Les interventions physiques ont été bien tolérées, sans effets indésirables majeurs, et avec une excellente adhésion. Toutefois, les bénéfices restent modestes et variables selon la modalité d’exercice :

  • Le groupe résistance a présenté une amélioration significative des troubles urinaires (+11,2 points EPIC-26), et une stabilisation de la fonction sociale.  
  • Le groupe aérobique a rapporté une amélioration du sommeil (réduction du score PSQI) et du bien-être émotionnel, mais une aggravation des symptômes urinaires irritatifs (−8,8 points EPIC-26) et une baisse de la QoL auto-évaluée (−5,0 points EQ-5D VAS).  
  • Le groupe contrôle est resté globalement stable, confirmant l’absence d’effet placebo majeur.

Aucune différence intergroupe significative n’a été détectée, en partie du fait de la petite taille de l’échantillon. Les auteurs soulignent également la charge questionnaire élevée qui a pu limiter la précision des réponses, ainsi que la courte durée de l’intervention (12 semaines) pour induire un effet mesurable sur des variables complexes telles que la QoL.



L’exercice physique est-il pertinent chez les patients mCRPC ?


Le mCRPC s’accompagne de nombreux défis de qualité de vie, aggravés par les traitements prolongés par ADT. Cette étude visait à explorer le potentiel de l’exercice physique à distance, notamment en résistance ou en aérobic, pour améliorer le vécu de ces patients.


Les résultats, bien que encourageants pour certains domaines spécifiques (sommeil, fonction urinaire, bien-être social), montrent une absence d’effet global significatif, probablement liée à une durée d’intervention trop courte (12 semaines) et à des scores initiaux de QoL déjà élevés. La faible taille de l’échantillon a également limité la détection d’effets modestes.


 Pour les futures recherches, les auteurs suggèrent :

  • de cibler des patients présentant une QoL plus basse à l’inclusion,
  • d’allonger la durée de l’intervention au-delà de 12 semaines,
  • de réduire le nombre de questionnaires pour diminuer la charge des patients,
  • et de favoriser l’inclusion de populations plus diversifiées, en particulier les patients afro-américains, sous-représentés dans les essais.

L’étude INTERVAL (NCT04507698), en cours, pourrait répondre à ces enjeux sur un plus grand échantillon et avec un suivi prolongé.

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propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing

Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.



Source(s) :
Quality of life for men with metastatic castrate-resistant prostate cancer participating in an aerobic and resistance exercise pilot intervention. Langlais CS, et al. Urologic Oncology: Seminars and Original Investigations. 2023;41(2):146.e1–146.e11. ;

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