17/11/2025
Traitement du cancer de la prostate par agonistes de la GnRH : quel impact réel sur la qualité de vie ?
Urologie-néphrologie Oncologie
Par Lila Rouland | Publié le 17 novembre 2025 | 3 min de lecture
Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez l’homme. En stade avancé, le traitement repose souvent sur une hormonothérapie par analogues de la GnRH (gonadotropin-releasing hormone). Si cette approche ralentit la progression tumorale en supprimant la testostérone, elle entraîne aussi des effets secondaires significatifs susceptibles d’altérer la qualité de vie (QoL). Fatigue, troubles de l’humeur, bouffées de chaleur et baisse de la libido figurent parmi les plaintes les plus fréquentes. La PRISME, une étude observationnelle multicentrique française, s’est donné pour objectif de mesurer précisément l’évolution de la QoL chez les patients débutant un traitement par GnRH, en conditions réelles de soins.
Méthodologie : un suivi de 6 mois en vie réelle
L’étude a inclus 603 patients âgés de 50 ans et plus, atteints d’un cancer de la prostate localement avancé ou métastatique, débutant une hormonothérapie par agonistes de la GnRH (principalement la leuproréline ou goséréline). Les patients ont été suivis à M0, M3 et M6. L’évaluation de la QoL reposait sur des questionnaires validés : QLQ-C30 et QLQ-PR25 (EORTC), explorant les dimensions fonctionnelles, symptomatiques et spécifiques au cancer de la prostate.
Contrairement à certaines études antérieures, la qualité de vie globale (score QLQ-C30) s’est maintenue entre M0 et M6, sans détérioration significative. Les scores des fonctions physiques, sociales, émotionnelles et cognitives sont restés stables, suggérant une bonne tolérance globale au traitement.
Cependant, cette stabilité masque des variations individuelles importantes. Environ 30 % des patients ont présenté une dégradation notable de leur QoL dans au moins un domaine fonctionnel. Ces patients se distinguaient souvent par une atteinte osseuse, une prise concomitante de traitements anticancéreux (comme la radiothérapie) ou une mauvaise QoL initiale.
Malgré une stabilité fonctionnelle globale, certains symptômes spécifiques au traitement hormonal ont augmenté de manière significative, notamment :
Ces effets secondaires, bien que attendus, soulignent la nécessité d’une prise en charge adaptée, notamment sur le plan sexologique et psycho-émotionnel.
L’analyse multivariée a identifié plusieurs facteurs prédictifs de mauvaise évolution de la QoL :
Ces données plaident pour une approche personnalisée, incluant une évaluation systématique de la QoL avant traitement, afin d’identifier les patients à risque de dégradation.
L’étude PRISME apporte une contribution majeure à la compréhension de l’impact réel des agonistes de la GnRH sur la vie quotidienne des patients. Bien que la qualité de vie globale reste stable en moyenne, une proportion non négligeable de patients subit des effets délétères physiques et émotionnels. Ces résultats appellent à une meilleure anticipation des effets secondaires, via :
L’enjeu est clair : maintenir une qualité de vie acceptable tout au long du traitement, et non uniquement viser un contrôle biologique de la maladie. La personnalisation de l’hormonothérapie en fonction du profil QoL pourrait devenir un nouveau standard en oncologie urologique.
À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.
Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez l’homme. En stade avancé, le traitement repose souvent sur une hormonothérapie par analogues de la GnRH (gonadotropin-releasing hormone). Si cette approche ralentit la progression tumorale en supprimant la testostérone, elle entraîne aussi des effets secondaires significatifs susceptibles d’altérer la qualité de vie (QoL). Fatigue, troubles de l’humeur, bouffées de chaleur et baisse de la libido figurent parmi les plaintes les plus fréquentes. La PRISME, une étude observationnelle multicentrique française, s’est donné pour objectif de mesurer précisément l’évolution de la QoL chez les patients débutant un traitement par GnRH, en conditions réelles de soins.
Qualité de vie sous GnRH : stabilité apparente ou déclin masqué ?
Méthodologie : un suivi de 6 mois en vie réelle
L’étude a inclus 603 patients âgés de 50 ans et plus, atteints d’un cancer de la prostate localement avancé ou métastatique, débutant une hormonothérapie par agonistes de la GnRH (principalement la leuproréline ou goséréline). Les patients ont été suivis à M0, M3 et M6. L’évaluation de la QoL reposait sur des questionnaires validés : QLQ-C30 et QLQ-PR25 (EORTC), explorant les dimensions fonctionnelles, symptomatiques et spécifiques au cancer de la prostate.
Une qualité de vie globalement stable à 6 mois
Contrairement à certaines études antérieures, la qualité de vie globale (score QLQ-C30) s’est maintenue entre M0 et M6, sans détérioration significative. Les scores des fonctions physiques, sociales, émotionnelles et cognitives sont restés stables, suggérant une bonne tolérance globale au traitement.
Cependant, cette stabilité masque des variations individuelles importantes. Environ 30 % des patients ont présenté une dégradation notable de leur QoL dans au moins un domaine fonctionnel. Ces patients se distinguaient souvent par une atteinte osseuse, une prise concomitante de traitements anticancéreux (comme la radiothérapie) ou une mauvaise QoL initiale.
Une aggravation des symptômes liés à l’hormonodéprivation
Malgré une stabilité fonctionnelle globale, certains symptômes spécifiques au traitement hormonal ont augmenté de manière significative, notamment :
- Les bouffées de chaleur : signalées par 43 % des patients à M6 (vs 29 % à M0)
- La fatigue : en légère augmentation
- Les troubles de la sexualité : scores en baisse sur le QLQ-PR25
- La perte de libido et les dysfonctions érectiles ont également été accentuées
Ces effets secondaires, bien que attendus, soulignent la nécessité d’une prise en charge adaptée, notamment sur le plan sexologique et psycho-émotionnel.
Facteurs influençant la qualité de vie
L’analyse multivariée a identifié plusieurs facteurs prédictifs de mauvaise évolution de la QoL :
- Présence de métastases osseuses
- Co-morbidités cardiovasculaires
- Niveau initial de QoL bas
- Âge > 75 ans
- Absence de soutien social ou accompagnement psychologique
Ces données plaident pour une approche personnalisée, incluant une évaluation systématique de la QoL avant traitement, afin d’identifier les patients à risque de dégradation.
Peut-on mieux accompagner l’hormonothérapie ?
L’étude PRISME apporte une contribution majeure à la compréhension de l’impact réel des agonistes de la GnRH sur la vie quotidienne des patients. Bien que la qualité de vie globale reste stable en moyenne, une proportion non négligeable de patients subit des effets délétères physiques et émotionnels. Ces résultats appellent à une meilleure anticipation des effets secondaires, via :
- des programmes de suivi structuré de la QoL,
- une prise en charge pluridisciplinaire (urologie, psychologie, soins de support),
- et le développement d’interventions précoces ciblées pour les sous-groupes vulnérables.
L’enjeu est clair : maintenir une qualité de vie acceptable tout au long du traitement, et non uniquement viser un contrôle biologique de la maladie. La personnalisation de l’hormonothérapie en fonction du profil QoL pourrait devenir un nouveau standard en oncologie urologique.
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À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
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