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11/09/2025

Prévenir le déclin cognitif : le trio gagnant ?

Neurologie

Par Ana Espino | Publié le 11 septembre 2025| 2 min de lecture


#DéclinCognitif #MCI #ActivitéPhysique #Alimentation #StimulationCognitive



Le déclin cognitif lié à l’âge est une problématique de santé publique croissante, aggravée par le vieillissement démographique mondial. Les troubles cognitifs légers (MCI) précèdent souvent la démence et s’accompagnent d’une perte progressive de mémoire, d’attention et de fonctions exécutives. À ce jour, les traitements pharmacologiques sont limités, peu efficaces en prévention primaire, et souvent mal tolérés chez les personnes âgées. Ce constat renforce l’intérêt porté aux approches non médicamenteuses, notamment la stimulation cognitive, l’activité physique et les interventions nutritionnelles, dont les bénéfices isolés ont été partiellement démontrés.

Dans ce contexte, l’étude ENHANCE a été initiée pour évaluer la faisabilité, l’adhésion et les effets initiaux d’un programme combinant activité physique modérée, alimentation anti-inflammatoire et stimulation cognitive, chez des adultes en bonne santé mais à risque de déclin cognitif.



Bouger, bien manger, stimuler son cerveau : est-ce vraiment efficace ?


60 participants âgés de 60 à 90 ans
ont été sélectionnés et répartis aléatoirement en deux groupes :

  • Groupe ENHANCE (intervention multidimensionnelle sur 12 semaines) ;
  • Groupe contrôle (suivi de santé général).

L’intervention associait un programme hebdomadaire d’exercices physiques à des ateliers nutritionnels basés sur les principes du régime anti-inflammatoire. Elle incluait également une stimulation cognitive par le biais d’exercices en ligne structurés. Les critères d’évaluation portaient sur les fonctions exécutives, la mémoire de travail, la vitesse de traitement, la qualité de vie, l’activité physique auto-déclarée et les marqueurs inflammatoires.


Les résultats montrent une amélioration significative des fonctions exécutives dans le groupe ENHANCE. Une tendance positive a également été observée pour la vitesse de traitement et la mémoire de travail, bien que ces effets n’aient pas atteint le seuil de signification statistique. En revanche, aucun changement notable n’a été constaté concernant les marqueurs biologiques ou les niveaux d’activité physique auto-déclarés. L’adhésion au programme, particulièrement élevée (96 %), souligne la faisabilité et l’acceptabilité de l’intervention en milieu communautaire.



Prévention cognitive : vers une approche intégrée ?


Le déclin cognitif lié à l’âge constitue un enjeu de santé publique majeur, avec un impact croissant sur l’autonomie des personnes âgées et les systèmes de soins. Les traitements pharmacologiques disponibles restent peu efficaces en prévention, notamment chez les individus ne présentant pas encore de troubles cognitifs majeurs. Face à ces limites, les approches non médicamenteuses attirent un intérêt grandissant, en particulier celles qui combinent activité physique, nutrition adaptée et stimulation cognitive. Ces leviers du mode de vie pourraient contribuer à préserver les fonctions cérébrales avec l’âge.

L’étude ENHANCE s’inscrit dans cette dynamique, en évaluant la faisabilité, l’adhésion et les effets cognitifs d’une telle intervention multidomaine.


Les résultats suggèrent que ce type de programme est réalisable, bien accepté, et potentiellement bénéfique sur certains aspects cognitifs, notamment les fonctions exécutives. Ces effets, bien que modestes à ce stade, justifient des études à plus large échelle.


Cependant, certaines limites doivent être soulignées et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Ces recherches incluent la mise en place d’essais multicentriques de plus grande ampleur, intégrant des critères cognitifs, biologiques et comportementaux plus robustes, ainsi qu’un suivi à long terme. L’approche multidimensionnelle portée par ENHANCE pourrait ainsi devenir un modèle structurant pour la prévention du vieillissement cérébral en population générale.
   

À lire également : APOE, le gène qui fait vieillir plus vite… ou moins vite ?




À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Peng, L. N., et al. (2025). Enhancing Neurocognitive Health via Activity, Nutrition and Cognitive Exercise (ENHANCE): A Randomized Controlled Trial. Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle, 16(3), e13830 ;

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