16/09/2025
Réalité virtuelle : une arme contre la stigmatisation ?
Psychiatrie
Par Ana Espino | Publié le 16 septembre 2025| 3 min de lecture
#RéalitéVirtuelle #TroublePsychique #Psychiatrie
Les troubles psychiques, bien qu’extrêmement répandus, restent fortement stigmatisés, y compris dans les milieux supposés informés comme les étudiants en santé. Cette stigmatisation contribue à retarder l’accès aux soins, à aggraver l’isolement des personnes concernées, et à maintenir des préjugés persistants. Or, les stratégies éducatives classiques montrent une efficacité limitée, notamment lorsqu’elles reposent sur des formats passifs ou purement théoriques.
Dans ce contexte, l’usage de technologies immersives, comme la réalité virtuelle (VR), émerge comme un outil innovant pour provoquer une empathie vécue, en mettant les participants dans la peau d’un patient atteint de troubles mentaux. Le défi réside toutefois dans la mesure de l’efficacité réelle de cette approche et dans la comparaison entre publics formés (étudiants en santé) et non formés (étudiants d’autres disciplines).
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact d’une expérience immersive en réalité virtuelle sur les attitudes stigmatisantes de deux groupes d’étudiants — en santé et hors santé — dans un essai contrôlé randomisé.
206 étudiants ont été sélectionnées et répartis aléatoirement en deux groupes :
Les deux types de contenus simulaient les expériences quotidiennes d’une personne vivant avec des troubles psychotiques, notamment des hallucinations auditives et des situations de stigmatisation sociale. Les attitudes stigmatisantes ont été évaluées avant, après et deux semaines après l’intervention, à l’aide de trois échelles validées : Social Distance Scale, Personal Stigma, et Perceived Stigma.
Les résultats montrent que, comparé au groupe contrôle, le groupe VR a significativement réduit la distance sociale perçue et les attitudes stigmatisantes personnelles, aussi bien chez les étudiants en santé que chez ceux hors santé. La VR immersive s’est révélée particulièrement efficace pour induire une empathie immédiate et une prise de conscience plus marquée des discriminations vécues par les personnes atteintes de troubles mentaux. Les effets étaient maintenus à deux semaines, bien que légèrement atténués, ce qui suggère une durabilité modérée de l’impact.
Les troubles psychiatriques restent des conditions fortement stigmatisées, même dans les milieux universitaires. Les approches classiques peinent à produire un changement de regard durable, en particulier sur le plan émotionnel. Cette étude visait à tester une approche immersive en réalité virtuelle, capable de générer une expérience sensible, au-delà des simples connaissances.
Les résultats confirment que la VR constitue un outil pédagogique puissant, capable de réduire les attitudes stigmatisantes à court terme, en particulier en modifiant la distance sociale perçue. Ce bénéfice est observé aussi bien chez les étudiants en santé que chez ceux d'autres disciplines, soulignant l’universalité de l’impact émotionnel de l’expérience.
Toutefois, des limites de cette étude persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Ces recherches incluront un suivi plus long, un échantillon plus diversifié au niveau géographique et culturel, ainsi que l’intégration de mesures comportementales objectives, au-delà des simples auto-déclarations. À plus long terme, l’objectif est d’évaluer l’impact durable de la réalité virtuelle sur les attitudes et comportements, en conditions réelles.
L’intégration de cette technologie dans les curricula universitaires, associée à des indicateurs plus robustes et des scénarios immersifs étendus à d’autres troubles mentaux ou contextes sociaux, pourrait en faire un outil central dans la lutte contre la stigmatisation. En misant sur l’expérience vécue, la VR offre un levier unique pour changer les représentations, là où les approches classiques atteignent leurs limites.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#RéalitéVirtuelle #TroublePsychique #Psychiatrie
Les troubles psychiques, bien qu’extrêmement répandus, restent fortement stigmatisés, y compris dans les milieux supposés informés comme les étudiants en santé. Cette stigmatisation contribue à retarder l’accès aux soins, à aggraver l’isolement des personnes concernées, et à maintenir des préjugés persistants. Or, les stratégies éducatives classiques montrent une efficacité limitée, notamment lorsqu’elles reposent sur des formats passifs ou purement théoriques.
Dans ce contexte, l’usage de technologies immersives, comme la réalité virtuelle (VR), émerge comme un outil innovant pour provoquer une empathie vécue, en mettant les participants dans la peau d’un patient atteint de troubles mentaux. Le défi réside toutefois dans la mesure de l’efficacité réelle de cette approche et dans la comparaison entre publics formés (étudiants en santé) et non formés (étudiants d’autres disciplines).
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact d’une expérience immersive en réalité virtuelle sur les attitudes stigmatisantes de deux groupes d’étudiants — en santé et hors santé — dans un essai contrôlé randomisé.
Plonger dans la réalité pour changer les regards ?
206 étudiants ont été sélectionnées et répartis aléatoirement en deux groupes :
- Un groupe d’intervention VR immersive ;
- Un groupe contrôle exposé à une vidéo 2D informative.
Les deux types de contenus simulaient les expériences quotidiennes d’une personne vivant avec des troubles psychotiques, notamment des hallucinations auditives et des situations de stigmatisation sociale. Les attitudes stigmatisantes ont été évaluées avant, après et deux semaines après l’intervention, à l’aide de trois échelles validées : Social Distance Scale, Personal Stigma, et Perceived Stigma.
Les résultats montrent que, comparé au groupe contrôle, le groupe VR a significativement réduit la distance sociale perçue et les attitudes stigmatisantes personnelles, aussi bien chez les étudiants en santé que chez ceux hors santé. La VR immersive s’est révélée particulièrement efficace pour induire une empathie immédiate et une prise de conscience plus marquée des discriminations vécues par les personnes atteintes de troubles mentaux. Les effets étaient maintenus à deux semaines, bien que légèrement atténués, ce qui suggère une durabilité modérée de l’impact.
Changer les esprits par l’immersion
Les troubles psychiatriques restent des conditions fortement stigmatisées, même dans les milieux universitaires. Les approches classiques peinent à produire un changement de regard durable, en particulier sur le plan émotionnel. Cette étude visait à tester une approche immersive en réalité virtuelle, capable de générer une expérience sensible, au-delà des simples connaissances.
Les résultats confirment que la VR constitue un outil pédagogique puissant, capable de réduire les attitudes stigmatisantes à court terme, en particulier en modifiant la distance sociale perçue. Ce bénéfice est observé aussi bien chez les étudiants en santé que chez ceux d'autres disciplines, soulignant l’universalité de l’impact émotionnel de l’expérience.
Toutefois, des limites de cette étude persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Ces recherches incluront un suivi plus long, un échantillon plus diversifié au niveau géographique et culturel, ainsi que l’intégration de mesures comportementales objectives, au-delà des simples auto-déclarations. À plus long terme, l’objectif est d’évaluer l’impact durable de la réalité virtuelle sur les attitudes et comportements, en conditions réelles.
L’intégration de cette technologie dans les curricula universitaires, associée à des indicateurs plus robustes et des scénarios immersifs étendus à d’autres troubles mentaux ou contextes sociaux, pourrait en faire un outil central dans la lutte contre la stigmatisation. En misant sur l’expérience vécue, la VR offre un levier unique pour changer les représentations, là où les approches classiques atteignent leurs limites.
À lire également : La VR pour faire pencher la balance ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
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