08/12/2025
Turner et auto-immunité : une association sous-estimée ?
Allergologie et Immunologie
Le syndrome de Turner (ST) est une anomalie chromosomique rare touchant exclusivement les filles, caractérisée par la perte totale ou partielle d’un chromosome X. Au-delà des atteintes somatiques classiques — cardiaques, endocriniennes ou osseuses — le ST s’accompagne d’un risque accru de maladies auto-immunes, qui constituent une source importante de morbidité tout au long de la vie. Cependant, les données existantes sur la prévalence des maladies auto-immunes dans cette population restent fragmentées et hétérogènes. Les études disponibles portent souvent sur de petits effectifs, utilisent des méthodologies variables et proviennent de régions géographiques limitées, ce qui complique toute estimation fiable du risque réel.
Un défi majeur consiste à disposer d’une vision claire, homogène et fiable de la fréquence des maladies auto-immunes chez les patientes atteintes du syndrome de Turner. Une telle estimation est essentielle pour guider le dépistage précoce, adapter la surveillance clinique et renforcer les stratégies de prévention ciblées. C’est dans cette optique que cette étude a été menée, avec pour objectif d’estimer la prévalence globale et spécifique des maladies auto-immunes chez les patientes atteintes du syndrome de Turner, à travers une revue systématique et une méta-analyse des données disponibles.
Quelle part de risque auto-immun chez Turner ?
Vingt-sept études ont été incluses, totalisant 7 595 femmes atteintes du syndrome de Turner. Les données ont été analysées par maladie auto-immune, par région géographique et par type de caryotype lorsque disponible. La prévalence globale estimée des maladies auto-immunes chez les femmes atteintes du ST est de 38 %.
Les maladies auto-immunes les plus fréquemment observées chez les patientes atteintes du syndrome de Turner sont, par ordre décroissant de prévalence : la thyroïdite auto-immune (27 %), la maladie coeliaque (4,3 %), le diabète de type 1 (3,7 %), le vitiligo (2,3 %) et l’arthrite juvénile idiopathique (1,1 %).
Des disparités régionales sont également notées, avec des taux de prévalence plus élevés en Europe et en Amérique du Nord. À l’inverse, les données issues d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine sont très limitées, ce qui restreint la portée mondiale des conclusions.
L’analyse selon le caryotype suggère par ailleurs un risque accru de maladies auto-immunes chez les patientes présentant un caryotype 45,X, comparées à celles ayant des formes mosaïques. Toutefois, le manque de données détaillées ne permet pas d’établir cette association de façon définitive.
Mieux dépister, mieux anticiper
Le syndrome de Turner est une maladie génétique rare, affectant uniquement les filles. Elle résulte de la perte partielle ou totale d’un chromosome X. Au-delà des complications connues comme les troubles de la croissance ou les anomalies cardiaques, ce syndrome est aussi associé à un risque accru de maladies auto-immunes. Ces dernières, souvent sous-estimées, peuvent apparaître dès l’enfance et impacter durablement la santé.
Dans ce contexte, l’objectif de cette étude était d’estimer la prévalence globale et spécifique des principales maladies auto-immunes associées au syndrome de Turner, afin de mieux objectiver le risque et d’appuyer les recommandations en faveur d’un dépistage précoce et systématique. Les résultats confirment que les maladies auto-immunes sont particulièrement fréquentes chez les patientes atteintes du syndrome de Turner, avec une prédominance marquée des thyroïdites auto-immunes.
L’étude présente toutefois certaines limites qui soulignent le besoin de recherches complémentaires, plus larges et mieux standardisées. Les perspectives futures incluent une meilleure compréhension du lien entre le profil génétique et le risque auto-immun, ainsi que la création de protocoles de dépistage systématique, à intégrer dans les recommandations cliniques pour une prise en charge plus complète du syndrome de Turner.
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
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