16/12/2025
Chocolat noir : plaisir coupable ou allié rénal ?
Médecine Générale Néphrologie
Le contrôle de la pression artérielle et de la perfusion rénale est essentiel en néphrologie, car ces deux paramètres jouent un rôle clé dans la prévention des maladies cardiovasculaires et rénales. Une bonne circulation sanguine dans les reins permet de maintenir leur fonction, tandis qu’une pression artérielle élevée ou mal régulée peut accélérer la dégradation rénale. Améliorer la vasodilatation rénale pourrait donc être un levier thérapeutique intéressant, notamment chez les patients à risque.
Dans ce contexte, certaines substances naturelles comme les flavonoïdes, présents notamment dans le chocolat noir, ont suscité un intérêt croissant. Le chocolat noir, riche en polyphénols et notamment en flavanols, a déjà démontré des effets hypotenseurs, vasodilatateurs systémiques et antioxydants dans plusieurs études cliniques. Toutefois, ses effets spécifiques sur l’hémodynamique rénale restent encore mal compris. Peu d’études ont utilisé des marqueurs objectifs tels que l’index de résistance rénal (RRI) pour évaluer son impact direct sur les artères intrarénales.
L’absence de données consolidées sur ces paramètres empêche aujourd’hui d’envisager le chocolat noir comme un outil complémentaire dans la prise en charge ou la prévention des maladies rénales ou cardiovasculaires. C’est dans ce cadre que cette étude a été initiée, avec pour objectif d’évaluer l’effet aigu du chocolat noir sur la pression artérielle et la vascularisation rénale.
Un carré de chocolat peut-il améliorer le flux rénal ?
Dans cette étude, 17 volontaires sains ont été inclus dans un essai croisé, randomisé et contrôlé contre placebo. Chaque participant a consommé, à deux occasions distinctes, 1 g/kg de chocolat noir (70 % de cacao) ou de chocolat blanc. Des mesures hémodynamiques ont été réalisées par échographie Doppler rénal, avant et deux heures après l’ingestion. L’index de résistance rénal (RRI), la pression artérielle, la fréquence cardiaque et le débit cardiaque ont été évalués, à la fois au repos et pendant un exercice isométrique de 3 minutes (handgrip), visant à stimuler le système nerveux sympathique.
Les résultats montrent une baisse significative du RRI après ingestion de chocolat noir (de 0,62 à 0,60 ; p = 0,039), traduisant une vasodilatation intra-rénale, effet non observé avec le chocolat blanc. Le test handgrip a réduit le RRI de manière marquée (p = 0,001), mais cet effet était atténué chez les participants ≥35 ans après consommation de chocolat noir. Chez les personnes non consommatrices habituelles de chocolat, une élévation aiguë de la pression artérielle a été observée, alors que les consommateurs réguliers ne montraient pas cette réaction.
Du cacao pour les reins : coup de cœur ou coup de bluff ?
Le dysfonctionnement de la perfusion rénale et le contrôle de la pression artérielle sont des enjeux majeurs en néphrologie, notamment en lien avec les risques cardiovasculaires. Dans ce contexte, l’intérêt croissant pour les approches nutritionnelles, comme l’utilisation de composés naturels à potentiel vasculaire, pose de nouvelles questions.
Le chocolat noir, riche en flavonoïdes, a déjà démontré des effets vasodilatateurs généraux, mais son impact spécifique sur l’hémodynamique rénale restait peu étudié. Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’effet aigu du chocolat noir sur la vascularisation rénale et la pression artérielle, en le comparant au chocolat blanc, grâce à des marqueurs Doppler comme le RRI.
Les résultats suggèrent une vasodilatation rénale modeste mais significative chez des sujets sains, ouvrant la voie à de nouvelles pistes dans la prévention rénale. Toutefois, des limites de cette étude persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches. Ces recherches incluront des essais cliniques de plus grande ampleur, réalisés sur des populations à risque (patients hypertendus, diabétiques ou insuffisants rénaux), avec des suivis prolongés et des doses standardisées. Une meilleure distinction entre les effets du chocolat en tant qu’aliment et ceux des flavonoïdes isolés sera également nécessaire, tout comme une évaluation fine de la tolérance métabolique à long terme.
À lire également : Le cacao peut-il préserver la mémoire chez les seniors ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
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