L’OMS a publié
le 23 avril dernier un nouveau bulletin d’information concernant la flambée
épidémique des cas d’hépatites aigues sévères de cause encore indéterminée, en
population pédiatrique. En date du 21 avril, au moins 169 cas, âgés de 1
mois à 16 ans, ont été signalés dans 12 pays membres de l’OMS,
essentiellement en Europe et particulièrement au Royaume-Uni (114 cas), mais
aussi en Israël et aux Etats-Unis. La présentation clinico-biologique était
telle que la transplantation hépatique a été justifiée chez 17 enfants (soit
environ 10% des cas). Au moins un décès a été signalé. La symptomatologie était
digestive (symptômes gastro-intestinaux de type douleurs abdominales, diarrhées
et vomissements) précédant l’apparition d’une hépatite sévère à prédominance
cytolytique le plus souvent apyrétique et ictérique, chez des enfants
généralement sans comorbidité.
Les
infections virales communes de type hépatites A, B, C, D, E sont écartées, mais
l’adénovirus, dont les taux de circulation augmentent significativement dans
les régions concernées, reste une hypothèse possible. En effet, ce dernier
a été détecté chez au moins 74 cas, parmi lesquels 18 ont pu être identifiés de
sérotype F41 via les tests moléculaires. On notera également la
co-infection adénovirus-SARS-CoV-2 présente dans 19 cas parmi ceux pour
lesquels elle a été testée. Néanmoins, l’imputabilité hypothétique de
l’adénovirus n’expliquerait pas d’après l’OMS intégralement la sévérité de la
maladie, le sérotype en question « n’ayant jamais été associé à un tel
tableau clinique ». Si ce virus a effectivement pu être associé à des
cas d’hépatite, ceux-ci concernait des enfants immunodéprimés. Ainsi, toujours
d’après l’OMS, il est nécessaire de préciser spécifiquement certains
facteurs « tels qu'une susceptibilité accrue chez les jeunes enfants à la
suite d'une circulation plus faible de l'adénovirus pendant la pandémie de
Covid-19, l'émergence potentielle d'un nouvel adénovirus, ainsi que la co-infection
SARS-CoV-2 ». L’hypothèse d’un effet indésirable post vaccinal
anti-Covid-19 n’est pas retenue, en l’absence de vaccination chez la majorité
des enfants atteints.
Des
enquêtes complémentaires sont recommandées dans les pays concernés, en particulier
toxicologiques (environnementales, alimentaires etc.), associées à des tests
virologiques et plus généralement microbiologiques exhaustifs (sang total,
sérum, urines, selles et échantillons respiratoires, biopsies hépatiques le cas
échéant), parallèlement aux activités de surveillance renforcée. Dans
l’attente des résultats de l’enquête étiologique, les mesures habituelles de
contrôle et de prévention (lavage régulier des mains, hygiène respiratoire)
doivent être mises en œuvre.