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Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est la troisième cause de décès lié au cancer dans le monde. Si la prévalence de CHC secondaires aux hépatites virales B et C diminue au regard des progrès récents dans la prise en charge thérapeutique du VHB/VHC, l’incidence des CHC secondaires à une stéatose hépatique non alcoolique (NASH) est préoccupante et devrait augmenter de manière exponentielle, parallèlement à l’explosion des cas d’obésité. A ce jour, les données comparatives des CHC secondaires à une NASH et des CHC secondaires à une autre hépatopathie en termes de présentation clinique et pronostiques sont discordantes selon les études.

C'est alors l’objet d’une récente méta-analyse dont les résultats ont été publiés dans The Lancet Oncology, évaluant l’incidence de CHC secondaires à une NASH, la présentation clinique et histologique, la prise en charge thérapeutique et les données de survie globale et sans récidive de la maladie, en comparaison aux CHC secondaires à une autre cause. Soixante-et-une études observationnelles (94 636 patients adultes) réalisées entre janvier 1980 et mai 2021, et comparant les deux entités pathologiques ont été incluses.

La proportion de CHC post NASH était de 15,1%, en augmentation. Les patients étaient plus âgés (p<0,0001), avaient un IMC plus élevé et comme attendu présentaient significativement plus de complications d’ordre métabolique (diabète, HTA, dyslipidémie) ou cardiovasculaire au diagnostic, en cas de CHC post NASH. Surtout, ils étaient volontiers non cirrhotiques en cas de CHC post NASH (38,5 %, [27,9–50,2] versus 14,6 %, [8,7–23,4] en cas de CHC secondaire à une autre cause ; p<0,0001). Histologiquement, le volume tumoral était plus important, les lésions uninodulaires. En revanche, il n’y avait pas de différence en termes de stades BCLC (Barcelona Clinic Liver Cancer), de stade TNM, de concentration sérique d'alpha-fœtoprotéine et d'ECOG Performance Status Scale, en comparaison aux patients présentant un CHC favorisé par une autre cause. Une proportion plus faible de patients atteints d'un CHC post NASH avait fait l'objet d'une surveillance (32,8 %, [12,0–63,7] versus 55,7%, [24,0-83,3] ; p<0,0001). La prise en charge thérapeutique oncologique était similaire, de même que les données de survie globale dans les deux groupes. La survie sans récidive était néanmoins plus élevée en cas de CHC post NASH (p=0,044).

Les implications cliniques sont réelles. Ces résultats ont confirmé l’augmentation de l’incidence de CHC post NASH, et le niveau de preuves est élevé quant à la proportion marquée de patients présentant un diagnostic de CHC post NASH avant même le diagnostic de cirrhose. Ces patients présentant un CHC post NASH sans cirrhose associée n’ont alors pas d’indication de routine pour le dépistage du CHC, sur la base des recommandations actuelles. Ils semblent effectivement par ailleurs bénéficier d’un moindre suivi préalable au diagnostic de la néoplasie, en comparaison aux patients présentant un CHC secondaire à une autre cause. Des travaux ultérieurs sont nécessaires pour améliorer la stratégie de dépistage du CHC chez les patients atteints de NASH sans cirrhose, et à haut risque de développer un CHC. Aussi et surtout, la prévention et correction des facteurs de risque cardio-vasculaires restent encore une fois primordiales dans la prise en charge de cette maladie métabolique, constituant un problème majeur de santé publique.

Source(s) :
Tan DJH, et al. Clinical characteristics, surveillance, treatment allocation, and outcomes of non-alcoholic fatty liver disease-related hepatocellular carcinoma: a systematic review and meta-analysis. Lancet Oncol. 2022 Mar 4 ;

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