Burn-out : les engrenages cachés d’un mal bien réel

L’étude propose une nouvelle approche systémique pour comprendre les causes du burn-out, en allant au-delà des facteurs individuels. En s’appuyant sur la modélisation par diagrammes de boucles causales (CLD), les auteurs ont réuni huit experts en santé mentale au travail pour cartographier les interactions dynamiques entre conditions de vie, conditions de travail et développements sociétaux. L’objectif : mieux visualiser le réseau de causes interconnectées qui alimentent la prévalence élevée du burn-out aux Pays-Bas.

Burn-out : les coulisses d’un modèle révélateur

Entre octobre 2022 et janvier 2023, huit experts en santé mentale au travail se sont réunis pour un chantier inédit : cartographier les rouages du burn-out. À travers trois ateliers collaboratifs (Group Model Building), ils ont identifié, débattu, puis connecté les causes majeures de l’épuisement professionnel. Résultat : un diagramme de boucles causales (CLD) regroupant 20 facteurs clés, dont 10 liés au travail, 4 à la vie personnelle et 6 aux pressions sociétales.

Au cœur de ce modèle, cinq boucles systémiques ont été mises en lumière :

• Trois boucles amplificatrices qui font grimper la spirale du burn-out
• Deux boucles régulatrices qui peuvent, à l’inverse, freiner sa progression

Ce schéma offre une nouvelle grille de lecture : le burn-out n’est pas un phénomène isolé, mais un déséquilibre systémique, où les interactions entre sphères pro, perso et sociales s’enchaînent… parfois jusqu’à la rupture.

Le burn-out, machine à s’emballer : trois boucles qui l’alimentent

Une charge de travail excessive accroît le risque de burn-out. À mesure que des employés s’absentent, le fardeau retombe sur les collègues, créant une boucle où la surcharge s’auto-renforce.

Un travail envahissant la sphère personnelle ou des responsabilités familiales empiétant sur le travail (ex. : aidants familiaux) accentuent la fatigue chronique. Ce double déséquilibre alimente une spirale menant à l’épuisement.

3. Manque de temps de récupération

L’absence de pauses, de lieux de repos, et de règles claires sur les temps de récupération réduit la résilience des salariés. Moins de récupération → plus d’épuisement → détérioration de la culture organisationnelle → baisse du soutien managérial → aggravation du burn-out.

Ce qui peut freiner la spirale du burn-out

Un soutien adapté permet de clarifier les tâches, accroître l’autonomie et améliorer le climat de travail. Cela réduit la charge mentale et favorise la résilience face aux demandes émotionnelles.

2. Culture collaborative

Le soutien des collègues, favorisé par les managers, diminue la pression liée aux situations émotionnellement exigeantes. Ce cercle vertueux aide à limiter les cas de burn-out.

Bien que peu intégrés aux boucles directes, les facteurs sociétaux (ex. : coût de la vie, accès limité aux soins de santé mentale, climat social plus dur) influencent indirectement des facteurs critiques comme la charge de travail ou le stress financier. Ils modulent la vitesse et l’intensité des boucles identifiées.

Implications pratiques et recherche future

Conclusion : Une approche systémique essentielle pour agir efficacement

Appliquer une perspective systémique, c’est accepter que le burn-out ne soit pas seulement une défaillance individuelle, mais le symptôme d’un système déséquilibré qu’il est urgent de réajuster.

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À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.