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26/09/2025

Contraception masculine : vers une révolution silencieuse ?

Gynécologie et Obstétrique

Par Ana Espino | Publié le 26 septembre 2025| 3 min de lecture


#Contraception #ContraceptionMasculine #Gynécologie



La contraception reste un enjeu majeur de santé reproductive, encore largement assumé par les femmes. Du côté masculin, les options sont peu nombreuses et datées : préservatifs, retrait ou vasectomie, avec des limitations évidentes en termes d’efficacité, de réversibilité ou d’acceptabilité. Malgré une demande croissante pour une meilleure répartition de la charge contraceptive, les avancées concrètes tardent à se concrétiser, en raison de verrous biologiques, sociaux et réglementaires. Les tentatives de développement d’une contraception masculine réversible se heurtent à la complexité de bloquer la production spermatique sans perturber les fonctions hormonales globales, tout en assurant la réversibilité et la sécurité à long terme.

Dans ce contexte, cette revue propose un état des lieux actualisé des pistes thérapeutiques en cours de développement, qu’elles soient hormonales ou non hormonales, afin d’évaluer leur maturité clinique et leur potentiel en tant qu’alternatives crédibles à court ou moyen terme.



Pilule, gel, chaleur... que promettent vraiment les nouvelles pistes ?


Douze études, incluant des essais cliniques récents et des travaux précliniques avancés, ont été sélectionnées. Les interventions examinées couvraient les approches hormonales (testostérone, progestatifs, DMAU, 11β-MNTDC) et non hormonales (RISUG, EPPIN, contraception thermique). Les critères retenus incluaient l’efficacité contraceptive, la tolérance, la réversibilité et l’acceptabilité.

Parmi les approches hormonales, les associations testostérone/progestatifs, administrées sous forme d’injections, d’implants ou de gels transdermiques, ont démontré une efficacité contraceptive élevée, avec plus de 90 % de suppression de la spermatogenèse. Toutefois, des effets indésirables comme l’acné, la prise de poids ou des troubles de l’humeur limitent encore leur acceptabilité. De nouvelles molécules orales comme le DMAU ou le 11β-MNTDC, combinant propriétés androgéniques et progestatives, suscitent un fort intérêt pour leur bon profil de tolérance et leur efficacité précoce.


Du côté non hormonal, plusieurs pistes innovantes émergent. Les barrières mécaniques réversibles, comme RISUG ou Vasalgel, consistent en une occlusion temporaire du canal déférent, avec un bon potentiel de réversibilité. D’autres molécules, telles que EP055 ou EPPIN, ciblent des protéines spécifiques du sperme pour en réduire la motilité. Des composés comme le lonidamide ou certaines indenopyridines agissent directement sur les cellules de Sertoli, perturbant la spermatogenèse. Enfin, la contraception thermique masculine (TMC), fondée sur l’élévation contrôlée de la température testiculaire via des dispositifs textiles, montre un bon taux d’adhésion et des résultats prometteurs.



Le futur contraceptif des hommes s’écrit maintenant


L’absence de
méthodes masculines réversibles efficaces entretient un déséquilibre persistant dans la charge contraceptive. Alors que la demande sociale évolue, l’offre pharmaceutique reste en retard, confrontée au défi complexe d’associer efficacité, tolérance, réversibilité et acceptabilité.

Cette revue visait à identifier les innovations les plus prometteuses, en évaluant leur niveau de développement et leur potentiel d’application. Les résultats montrent des avancées concrètes, notamment avec des molécules comme le DMAU ou le 11β-MNTDC, ainsi que des alternatives non hormonales comme la contraception thermique, qui pourraient représenter des options viables à moyen terme.

Toutefois, cette étude présente de nombreuses limites qui justifient la poursuite de nouvelles recherches. La majorité des approches sont encore au stade préclinique, avec peu de données sur la sécurité à long terme, la variabilité interindividuelle, ou les effets secondaires. De futurs essais à grande échelle seront essentiels pour valider ces pistes. À terme, seule une stratégie intégrée, personnalisée et accompagnée d’une meilleure éducation contraceptive des hommes permettra de rééquilibrer durablement les responsabilités en matière de contraception.

À lire également : Partage de la charge contraceptive : l’homme entre en jeu



À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.



Source(s) :
Abdelhafez, M. M., et al. (2025). Recent Advances in Male Contraception: Where Are We Now? A Review of Literature. Journal of South Asian Federation of Obstetrics and Gynaecology, 17(4), 548-556 ;

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