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25/09/2025

Partage de la charge contraceptive : l’homme entre en jeu

Gynécologie et Obstétrique

Par Lila Rouland | Publié le 25 septembre 2025 | 2 min de lecture


#Contraception #ContraceptionMasculine #Gynécologie#testostérone



Depuis plus d’un demi-siècle, la contraception repose majoritairement sur les épaules des femmes. Mais un tournant semble se profiler : les recherches sur la contraception hormonale masculine avancent à grands pas, ouvrant la voie à une nouvelle ère de partage des responsabilités.

La stratégie repose sur un principe simple mais efficace : administrer de la testostérone (seule ou associée à un progestatif) afin de bloquer l’axe hormonal qui stimule la production de spermatozoïdes. Résultat : une baisse drastique de la production spermatique, réversible dès l’arrêt du traitement. L’homme conserve ses fonctions sexuelles grâce à la testostérone circulante, mais ses testicules cessent de fabriquer les spermatozoïdes nécessaires à la fécondation.

Les premières études, menées dès les années 1970, avaient déjà démontré l’efficacité de l’énanthate de testostérone pour provoquer une azoospermie temporaire. Depuis, des essais à grande échelle, en Chine notamment, confirment le potentiel. Avec l’undécanoate de testostérone (TU) injecté chaque mois, plus de 95 % des hommes atteignent une suppression spermatique suffisante, avec un taux d’échec comparable à celui de la pilule féminine. La fertilité revient en moyenne en six mois après l’arrêt du traitement.



Les combinaisons gagnantes… et leurs limites


L’ajout de progestatifs comme la noréthistérone enanthate améliore encore l’efficacité contraceptive, mais les essais ont parfois dû être interrompus : quelques cas de changements d’humeur et de dépression ont soulevé des inquiétudes, même si la majorité des participants se déclaraient satisfaits. D’autres pistes, comme les analogues de la GnRH, se heurtent encore à des problèmes de coût ou de praticité.



Vers une “pilule masculine”


Les nouvelles générations de molécules suscitent beaucoup d’espoir. Des androgènes de synthèse à double action (androgénique et progestative), comme le diméthandrolone undécanoate (DMAU) ou le 11β-MNTDC, sont testés en comprimés quotidiens ou en injectables longue durée. Les premiers résultats sont encourageants : tolérance satisfaisante, suppression hormonale efficace et maintien des effets androgéniques nécessaires.



Une réponse à un enjeu global


Près de 50 % des grossesses dans le monde ne sont pas planifiées, avec des conséquences sanitaires et économiques majeures. La contraception hormonale masculine apparaît comme un levier de santé publique essentiel, permettant aux hommes de partager la charge contraceptive. Sondages et enquêtes montrent un intérêt croissant des populations, notamment chez les jeunes générations.


Les preuves scientifiques s’accumulent : la contraception hormonale masculine est efficace, réversible et sûre. Injections, gels ou pilules plusieurs formats se profilent. Reste à franchir les dernières étapes réglementaires et à garantir un accès équitable. Si les financements suivent, la “pilule pour hommes” pourrait bien rejoindre l’arsenal contraceptif mondial d’ici une décennie.

À lire également : Pilule, fantasmes & réalités : ce qu’on ne vous dit (pas assez)




À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing

Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.



Source(s) :
Wang, C., Meriggiola, M. C., Behre, H. M., & Page, S. T. (2024). Hormonal male contraception. Andrology, 12(7), 1551–1557 ;

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