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12/11/2025

Darolutamide, PSA indétectable et survie prolongée : une nouvelle norme dans le traitement du cancer de la prostate ?

Oncologie

Le cancer de la prostate métastatique sensible à l’hormonothérapie (mHSPC) connaît une révolution thérapeutique avec l’arrivée des combinaisons intensifiées intégrant le darolutamide. L’étude ARASENS, ayant démontré un bénéfice de survie globale avec l’ajout de darolutamide à l’ADT et au docétaxel, a redéfini les standards. Mais un objectif biologique mérite une attention particulière : l’atteinte de niveaux indétectables de PSA (antigène spécifique de la prostate) marqueur biologique bien connu mais rarement utilisé comme critère prédictif majeur. Cette analyse secondaire de l’essai ARASENS évalue la profondeur et la durabilité de la réponse PSA selon le volume tumoral, et leur corrélation avec les résultats cliniques, y compris la survie globale (OS).   La réponse PSA indétectable, un nouveau marqueur pronostique ? L’analyse a porté sur les 1305 patients de l’étude ARASENS (ADT + docétaxel ± darolutamide), répartis selon le volume tumoral (haut ou bas) défini par les critères de CHAARTED. L’objectif principal de cette analyse secondaire était d’évaluer la proportion de patients atteignant une réponse PSA profonde (≤0,2 ng/mL) à 12 mois, et son impact pronostique. Les résultats sont nets : 86 % des patients traités par darolutamide ont atteint une réponse PSA, contre 77 % sous placebo. La proportion de patients atteignant un PSA ≤0,2 ng/mL à 12 mois était significativement plus élevée dans le bras darolutamide (59,1 % vs 40,3 %, p < 0,0001). Ce bénéfice était observé quel que soit le volume tumoral. Chez les patients ayant une maladie à haut volume, 53,5 % sous darolutamide ont atteint un PSA ≤0,2 ng/mL à 12 mois, contre 35,1 % sous placebo. Pour les bas volumes, la différence est encore plus marquée : 71,5 % vs 53,4 %. L’atteinte d’un PSA indétectable à 12 mois était fortement associée à une meilleure survie globale et à une survie sans progression radiologique (rPFS) prolongée. Ainsi, les patients atteignant un PSA ≤0,2 ng/mL à 12 mois avaient un risque réduit de décès de 63 % (HR : 0,37), toutes stratégies confondues. Ces données confirment le rôle pronostique de la réponse biologique au traitement, et la pertinence de suivre le PSA comme marqueur de réponse précoce. En termes de sécurité, cette analyse n’a pas identifié de nouveaux signaux de toxicité avec l’ajout de darolutamide. Les effets indésirables étaient comparables entre les groupes et cohérents avec les résultats initiaux d’ARASENS. La réponse PSA va-t-elle guider les futures stratégies ? L’analyse secondaire de l’étude ARASENS montre que l’ajout de darolutamide à l’ADT + docétaxel permet une réduction significative et durable des niveaux de PSA, indépendamment du volume tumoral. Plus encore, le fait d’atteindre un PSA ≤0,2 ng/mL à 12 mois est fortement corrélé à une survie prolongée, faisant de ce marqueur un critère de réponse prometteur pour guider les futures décisions thérapeutiques. Ces résultats suggèrent que le PSA indétectable pourrait devenir un objectif thérapeutique intermédiaire pour stratifier les patients, adapter l’intensité du traitement ou envisager des stratégies de dé-escalade. Cette approche permettrait de mieux individualiser la prise en charge, en intégrant des données biologiques précises au-delà des critères cliniques classiques (volume, risque, etc.). Des études prospectives sont nécessaires pour valider le PSA comme biomarqueur décisionnel, notamment dans le contexte de nouveaux triplets thérapeutiques ou de traitements ciblés. Cette stratégie ouvre la voie vers une oncologie de précision, où la biologie de la réponse guide l’intensité du traitement, avec un bénéfice direct pour la qualité de vie des patients.

Source(s) :
Saad F, et al. Deep and Durable Prostate-specific Antigen Response to Darolutamide with Androgen Deprivation Therapy and Docetaxel, and Association with Clinical Outcomes […] : Analyses of the Randomized Phase 3 ARASENS Study. European Urology. 2024. ;

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