10/11/2025
Le nombre de cellules tumorales circulantes prédit-il la survie dans le cancer de la prostate métastatique hormono-sensible ?
Oncologie
Par Lila Rouland | Publié le 10 novembre 2025 | 3 min de lecture
Le cancer de la prostate métastatique sensible aux hormones (mHSPC) représente une entité clinique où les thérapies combinées ont significativement amélioré la survie globale. Toutefois, malgré ces progrès, la variabilité interindividuelle des réponses au traitement demeure élevée, rendant difficile l’identification des patients à haut risque de progression.
Face à cette hétérogénéité, les cellules tumorales circulantes (CTC) émergent comme des biomarqueurs sanguins non invasifs potentiellement prédictifs de l’évolution clinique. Déjà validées dans les cancers résistants à la castration (mCRPC), leur valeur pronostique dans les formes hormono-sensibles restait à établir. Cette étude vise à évaluer le lien entre le nombre de CTC à l’initiation du traitement et la survie globale chez les patients atteints de mHSPC, au sein de l’essai clinique de phase 3 S1216.
Un design prospectif intégré à un essai multicentrique
L’étude s’appuie sur 503 échantillons sanguins prélevés au diagnostic chez des participants de l’essai S1216 (N = 1313), randomisés entre traitement hormonal standard (ADT + bicalutamide) et ADT + orteronel, un inhibiteur de la CYP17. Les CTC ont été quantifiés via la plateforme CellSearch, validée par la FDA, et classés en trois groupes :
Une stratification pronostique nette sur la survie
Les résultats montrent que la survie globale (SG) médiane différait fortement selon la numération CTC initiale :
Après ajustement pour les covariables cliniques (âge, PSA, métastases osseuses, etc.), les patients avec ≥5 CTC présentaient un risque de décès multiplié par 3,22 (HR = 3,22 ; IC95 % : 2,22–4,68), et un risque de progression accru (HR = 2,46). Le taux de réponse biologique (PSA ≤ 0,2 ng/mL à 7 mois) était également significativement plus faible chez ces patients (OR = 0,26).
Un renforcement des outils prédictifs existants
L’ajout du nombre de CTC aux facteurs pronostiques traditionnels (volume tumoral, PSA, performance status) a permis d’améliorer la prédiction de la survie à 3 ans avec une AUC de 0,79, contre 0,73 sans les CTC. Ce gain souligne leur utilité en tant qu’outil complémentaire dans la stratification du risque.
Le compte de CTC à l’initiation du traitement chez les patients atteints de mHSPC est fortement corrélé à la survie globale, à la progression et à la réponse biologique. Il reflète le potentiel agressif de la maladie dès le diagnostic, indépendamment des traitements ultérieurs.Cette étude confirme que le nombre de CTC est un marqueur pronostique robuste, surpassant d'autres paramètres cliniques. Il pourrait être utilisé pour :
Limites et recherches futures
En conclusion, les CTC ouvrent la voie à une prise en charge plus personnalisée du mHSPC, centrée sur la biologie tumorale individuelle plutôt que sur les seuls critères anatomocliniques.
À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
Forte d’une double compétence scientifique et marketing, Lila met son expertise au service de l’innovation en santé. Après 5 années en recherche académique internationale, elle s’est tournée vers l’information médicale et scientifique en industrie pharmaceutique. Aujourd’hui rédactrice-conceptrice, elle s’attache à valoriser les savoirs scientifiques et à les transmettre avec clarté et pertinence aux professionnels de santé.
Le cancer de la prostate métastatique sensible aux hormones (mHSPC) représente une entité clinique où les thérapies combinées ont significativement amélioré la survie globale. Toutefois, malgré ces progrès, la variabilité interindividuelle des réponses au traitement demeure élevée, rendant difficile l’identification des patients à haut risque de progression.
Face à cette hétérogénéité, les cellules tumorales circulantes (CTC) émergent comme des biomarqueurs sanguins non invasifs potentiellement prédictifs de l’évolution clinique. Déjà validées dans les cancers résistants à la castration (mCRPC), leur valeur pronostique dans les formes hormono-sensibles restait à établir. Cette étude vise à évaluer le lien entre le nombre de CTC à l’initiation du traitement et la survie globale chez les patients atteints de mHSPC, au sein de l’essai clinique de phase 3 S1216.
Les cellules tumorales circulantes peuvent-elles prédire la survie dans le cancer de la prostate métastatique ?
Un design prospectif intégré à un essai multicentrique
L’étude s’appuie sur 503 échantillons sanguins prélevés au diagnostic chez des participants de l’essai S1216 (N = 1313), randomisés entre traitement hormonal standard (ADT + bicalutamide) et ADT + orteronel, un inhibiteur de la CYP17. Les CTC ont été quantifiés via la plateforme CellSearch, validée par la FDA, et classés en trois groupes :
- 0 CTC/7,5 mL,
- 1–4 CTC/7,5 mL,
- ≥5 CTC/7,5 mL.
Une stratification pronostique nette sur la survie
Les résultats montrent que la survie globale (SG) médiane différait fortement selon la numération CTC initiale :
- Non atteinte pour les patients avec 0 CTC,
- 56,2 mois pour 1 à 4 CTC,
- 27,9 mois pour ≥5 CTC.
Après ajustement pour les covariables cliniques (âge, PSA, métastases osseuses, etc.), les patients avec ≥5 CTC présentaient un risque de décès multiplié par 3,22 (HR = 3,22 ; IC95 % : 2,22–4,68), et un risque de progression accru (HR = 2,46). Le taux de réponse biologique (PSA ≤ 0,2 ng/mL à 7 mois) était également significativement plus faible chez ces patients (OR = 0,26).
Un renforcement des outils prédictifs existants
L’ajout du nombre de CTC aux facteurs pronostiques traditionnels (volume tumoral, PSA, performance status) a permis d’améliorer la prédiction de la survie à 3 ans avec une AUC de 0,79, contre 0,73 sans les CTC. Ce gain souligne leur utilité en tant qu’outil complémentaire dans la stratification du risque.
Vers une médecine personnalisée guidée par les biomarqueurs
Le compte de CTC à l’initiation du traitement chez les patients atteints de mHSPC est fortement corrélé à la survie globale, à la progression et à la réponse biologique. Il reflète le potentiel agressif de la maladie dès le diagnostic, indépendamment des traitements ultérieurs.Cette étude confirme que le nombre de CTC est un marqueur pronostique robuste, surpassant d'autres paramètres cliniques. Il pourrait être utilisé pour :
- Identifier les patients à haut risque nécessitant des thérapies intensifiées (ex. triple thérapie),
- Sélectionner les candidats pour essais cliniques,
- Ajuster les stratégies de surveillance et de suivi.
Limites et recherches futures
- Le biomarqueur a été intégré après le début de l’essai, limitant l’analyse à un sous-groupe (503/1313).
- L'étude n'a pas différencié les formes synchrones ou métachrones de mHSPC.
- Le médicament expérimental (orteronel) n’a pas prolongé la SG, mais les CTC sont restés prédictifs quel que soit le traitement.
En conclusion, les CTC ouvrent la voie à une prise en charge plus personnalisée du mHSPC, centrée sur la biologie tumorale individuelle plutôt que sur les seuls critères anatomocliniques.
À lire également : Les vitamines protègent-elles ou favorisent-elles le cancer de la prostate ? Une question de source et de dosage
À propos de l'auteure – Lila Rouland
Docteure en cancérologie, spécialisée en biotechnologies et marketing
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