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12/11/2025

Darolutamide : Va-t-il redéfinir la stratégie initiale dans le cancer de la prostate métastatique ?

Oncologie

Le cancer de la prostate métastatique sensible à la castration (mCSPC) a longtemps été traité uniquement par suppression androgénique (ADT). Mais les avancées récentes ont fait émerger des stratégies combinées, notamment avec les inhibiteurs du récepteur aux androgènes (ARSi). Parmi ces agents, le darolutamide, déjà validé dans le cancer résistant à la castration non métastatique, suscite un intérêt croissant pour une utilisation précoce. L’étude ARANOTE, récemment publiée, évalue l'efficacité du darolutamide + ADT par rapport à l’ADT seul chez des patients atteints de mCSPC sans chimiothérapie préalable, comblant un vide clinique laissé par d'autres essais majeurs comme ARASENS.  Darolutamide + ADT : une alternative suffisante sans chimiothérapie ? L’étude ARANOTE est un essai de phase III, multicentrique, randomisé et en double aveugle, qui a inclus 553 patients atteints de mCSPC, naïfs de chimiothérapie. Les patients ont été répartis entre darolutamide + ADT (n = 278) et placebo + ADT (n = 275). La majorité présentaient une maladie à haut volume selon les critères de CHAARTED (72 %), et 70 % avaient une maladie de novo . Le critère principal, la survie sans progression radiologique (rPFS) a été atteint avec une réduction de 55 % du risque de progression ou de décès dans le bras darolutamide (HR = 0,45 ; IC à 95 % : 0,34–0,59 ; p < 0,001). À 12 mois, 87,8 % des patients sous darolutamide étaient sans progression contre 72,7 % dans le bras placebo . Le taux de survie globale (OS) à 12 mois était élevé dans les deux groupes : 96,9 % pour darolutamide contre 93,2 % pour le placebo. Bien que les données OS soient encore immatures, une tendance favorable est observée. Du point de vue tolérance, les effets indésirables de grade ≥3 étaient comparables entre les deux bras (25,4 % vs 25,7 %). Les plus fréquents incluaient fatigue, hypertension et douleurs musculo-squelettiques. Aucun nouveau signal de toxicité notable n’a été observé. Le profil de sécurité du darolutamide reste favorable, notamment en ce qui concerne les effets neurologiques, grâce à sa faible pénétration hémato-encéphalique. En comparaison avec l’étude ARASENS (ADT + darolutamide + docétaxel), ARANOTE se distingue en ciblant une population différente : des patients sans indication initiale de chimiothérapie. Cette approche offre une alternative sans docétaxel, avec une tolérance accrue et une efficacité clinique prouvée. Peut-on désormais éviter la chimiothérapie d’emblée ? Les résultats d’ARANOTE positionnent le darolutamide + ADT comme une option thérapeutique de première ligne solide dans le mCSPC sans chimiothérapie, notamment pour les patients inéligibles ou réticents au docétaxel. L’objectif de maintenir une efficacité comparable à celle des triplets tout en améliorant la tolérance semble atteint. Cette stratégie pourrait changer la norme thérapeutique, en particulier dans les contextes de faible volume métastatique ou pour des patients fragiles. Les études futures devront affiner la stratification : qui bénéficiera le plus de la combinaison avec darolutamide ? Peut-on intégrer des biomarqueurs de réponse pour individualiser le traitement ? La place du darolutamide dans l’arsenal du mCSPC se renforce. Mais la question clé demeure : peut-on désormais éviter la chimiothérapie d’emblée chez certains patients tout en assurant une maîtrise durable de la maladie ?

Source(s) :
Smith MR, Shore ND, Yu EY, et al. Darolutamide in Combination with Androgen-Deprivation Therapy in Metastatic Hormone-Sensitive Prostate Cancer. New England Journal of Medicine. 2023;389(3):207–217. doi: 10.1056/NEJMoa2302780 . ;

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