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24/11/2025

Fumer enceinte protège-t-il du diabète de type 1 ?

Endocrinologie et Métabolisme

Par Ana Espino | Publié le 24 novembre 2025 | 3 min de lecture


Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie auto-immune chronique provoquée par la destruction des cellules β des îlots de Langerhans, entraînant une dépendance à l’insuline à vie. Sa prévalence mondiale est en constante augmentation, notamment dans les pays développés, faisant du DT1 un enjeu majeur de santé publique, tant par ses complications métaboliques que psychosociales.


Bien que la susceptibilité génétique soit un facteur clé, des expositions environnementales précoces pourraient influencer son apparition. Parmi elles, le tabagisme maternel pendant la grossesse suscite une attention croissante. Malgré son impact délétère bien connu sur le développement fœtal (retard de croissance, troubles respiratoires, neurodéveloppementaux), son lien avec le DT1 reste controversé.


Une précédente méta-analyse évoquait une association inverse entre tabagisme prénatal et risque de DT1, mais s’appuyait principalement sur des études rétrospectives sujettes à biais. L’objectif de cette étude était donc de réévaluer cette association en s’appuyant exclusivement sur des cohortes prospectives, permettant une meilleure robustesse méthodologique.



Et si fumer réduisait le risque ?


5,9 millions d’enfants ont été inclus dans l’analyse, sur la base de critères rigoureux : naissance de mères dont le statut tabagique pendant la grossesse était documenté, et suivi longitudinal jusqu’à l’apparition éventuelle d’un diabète de type 1 (DT1) avant l’âge de 18 ans. Le critère principal d’évaluation était le risque relatif (RR) de développer un DT1 en fonction de l’exposition prénatale au tabac.

L’analyse globale met en évidence une association inverse significative entre le tabagisme maternel pendant la grossesse et le risque de diabète de type 1 (DT1) chez l’enfant. Cette relation demeure stable dans les analyses de sensibilité, même lorsqu’une étude est exclue à tour de rôle, renforçant la robustesse des résultats.


Les analyses en sous-groupes confirment la constance de l’effet, quelle que soit :

  • la taille des cohortes (< ou >150 000 enfants),
  • le mode de diagnostic du DT1 (critères cliniques ou codage CIM),
  • ou la prévalence du tabagisme prénatal.

Toutefois, l’absence d’ajustement pour le diabète maternel réduit l’ampleur apparente de l’effet protecteur, suggérant la présence d’un biais de confusion résiduel.



Vraiment moins de DT1 chez les enfants de fumeuses ?


Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie auto-immune de l’enfant en nette progression, causée par la destruction des cellules du pancréas qui produisent l’insuline. Si la génétique joue un rôle, elle n’explique pas à elle seule cette augmentation constante. Plusieurs études ont exploré le rôle du tabagisme maternel pendant la grossesse, mais la plupart sont rétrospectives, avec des résultats souvent contradictoires et des biais méthodologiques. Cette étude a été initiée afin de réévaluer cette relation DT1-tabagisme et orienter les recherches à venir.


Les résultats montrent une association inverse significative, suggérant un risque réduit de DT1 chez les enfants exposés in utero. Cette relation s’est révélée robuste et cohérente à travers les différentes analyses, quel que soit le contexte des études incluses. Elle demeure toutefois contre-intuitive et doit être interprétée avec prudence. Le tabac reste un facteur de risque avéré pour de nombreuses complications fœtales et néonatales. L’effet observé pourrait résulter d’un mécanisme immunomodulateur transitoire lié à la nicotine ou à des modifications épigénétiques affectant le système immunitaire du fœtus. Il est également possible que cette association soit influencée par des facteurs de confusion non mesurés, tels que le statut socio-économique, certains comportements parentaux ou des prédispositions génétiques.

À lire également : Tabac : Une dépendance plus profonde qu’il n’y paraît



À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante. 



Source(s) :
Zhang, S., et al. (2025). Maternal smoking during pregnancy and risk of childhood-onset type 1 diabetes in offspring: A systematic review and meta-analysis. Biomolecules & biomedicine, 10.17305/bb.2025.13063 ;

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