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21/11/2025

Cancer de la prostate : et si l’exercice physique était la clé pour retrouver une vie sexuelle active ?

Urologie-néphrologie Oncologie

La dysfonction sexuelle constitue un effet secondaire fréquent des traitements du cancer de la prostate, affectant la qualité de vie des patients bien au-delà de la phase aiguë de la maladie. Malgré des avancées pharmacologiques, les approches thérapeutiques actuelles n’intègrent pas suffisamment les composantes physiques, psychologiques et relationnelles impliquées. Ce constat met en lumière la nécessité de stratégies plus globales, notamment via l’activité physique encadrée et l’éducation psycho-sexuelle. L’étude randomisée présentée ici évalue l’impact d’un programme d’exercices supervisés, avec ou sans intervention psycho-sexuelle et d’autogestion (PESM), sur la fonction sexuelle des hommes ayant subi ou suivant un traitement du cancer de la prostate. L’objectif principal est d’évaluer les effets sur la fonction érectile, en s’appuyant sur le score IIEF, avec une analyse complémentaire des modifications de composition corporelle, force musculaire et fonction physique. Quels bénéfices cliniques l’exercice peut-il réellement apporter à la fonction sexuelle post-cancer de la prostate ? Au total, 112 hommes (âge moyen : 66,3 ans) ont été répartis aléatoirement en trois groupes : exercice seul (n=39), exercice + PESM (n=36), et soins usuels (n=37). Le programme d’exercice comprenait 3 séances hebdomadaires pendant 6 mois, alliant entraînement en résistance et cardio modéré à intense, encadré par un physiologiste de l’exercice. Le groupe PESM bénéficiait en plus d’un accompagnement cognitivo-comportemental, de supports écrits/audio et d’un plan de gestion individualisé. La fonction érectile, mesurée par le score IIEF, a significativement augmenté de 3,5 points dans le groupe exercice par rapport aux soins usuels (p = 0,04), dépassant le seuil minimal d’amélioration cliniquement significative fixé à 4 points. L’effet était particulièrement marqué chez les patients traités par radiothérapie ou hormonothérapie (ADT), comparativement aux patients ayant subi une prostatectomie. Les autres domaines de la fonction sexuelle (désir, satisfaction, activité sexuelle) ont également montré une tendance positive, bien que non significative statistiquement. Fait intéressant, les patients avec les scores initiaux les plus bas ont bénéficié des plus fortes améliorations, suggérant une utilité accrue dans les cas de dysfonction sévère. Sur le plan physique, l’exercice a permis de :
  • Réduire la masse grasse (−0,9 kg ; p = 0,02),
  • Améliorer la force musculaire du haut (+9,4 kg) et du bas du corps (+17,9 kg) (p < 0,001),
  • Améliorer la performance fonctionnelle, notamment au test de levé de chaise (−1,8 s ; p = 0,002).
L’ajout de la composante psycho-sexuelle (PESM) n’a pas entraîné d’amélioration significative par rapport à l’exercice seul. Ce résultat suggère que l’intensité ou le format de cette intervention était peut-être insuffisant pour produire un effet mesurable à court terme. Intégrer l’exercice dans les soins de support Cette étude démontre que l’exercice physique structuré est une intervention efficace et cliniquement pertinente pour améliorer la fonction érectile et la satisfaction sexuelle chez les hommes traités pour un cancer de la prostate. La PESM, bien que théoriquement pertinente, ne renforce pas les effets de l’exercice dans ce format spécifique. Les limites de l’étude incluent une taille d’échantillon restreinte (étude arrêtée avant d’atteindre les 240 patients initialement prévus), une seule localisation géographique (Australie occidentale), et un biais de sélection possible en raison d’un profil de participants volontaires et fonctionnels. En perspective, il apparaît essentiel de :
  • Inclure l’exercice dans les recommandations de soins post-traitement du cancer de la prostate,
  • Adapter les programmes en fonction du niveau initial de dysfonction sexuelle,
  • Explorer des formats plus intensifs ou personnalisés d’éducation psycho-sexuelle,
  • Sensibiliser les professionnels à la dimension sexuelle du rétablissement oncologique.
L’intégration de l’activité physique dans les parcours de soins constitue donc une approche accessible, non pharmacologique et efficace pour accompagner la qualité de vie sexuelle des patients.

Source(s) :
Exercise and Psychosexual Education to Improve Sexual Function in Men With Prostate Cancer: A Randomized Clinical Trial. Galvão DA, Newton RU, Taaffe DR, Cormie P, Schumacher O, Nelson CJ, et al JAMA Netw Open. 2025 Mar 12;8(3):e250413. ;

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