09/10/2025
Quand l’IA lit entre les cellules
Oncologie
#IA #CancerduSein #OctobreRose
Le cancer du sein
représente une pathologie hétérogène, dont certaines formes agressives
nécessitent un traitement néoadjuvant (NAT) avant chirurgie. Ce
traitement a pour objectif de réduire la taille tumorale, d’améliorer la
résection et d’évaluer la sensibilité tumorale aux agents utilisés. Cependant,
la réponse au NAT varie fortement d’une patiente à l’autre. De plus, il
n’existe actuellement aucun outil fiable en pratique clinique pour
prédire précocement son efficacité. Les limites des approches actuelles
résident dans la variabilité inter-observateur en anatomopathologie, la subjectivité
de l’interprétation, et l’impossibilité d’extraire des caractéristiques
morphologiques complexes à l’œil nu.
Dans ce contexte, l’intelligence
artificielle (IA) et l’apprentissage automatique émergent comme des
solutions puissantes pour analyser les lames histologiques numérisées et
extraire des informations prédictives invisibles à l’œil humain. Cette
étude vise à explorer comment une approche IA-pathologie peut aider à prédire
la réponse au NAT chez les patientes atteintes de cancer du sein, en
identifiant des biomarqueurs visuels à partir de lames H&E standard.
Peut-on prédire la réponse
au traitement sur une lame H&E ?
L’étude repose sur l’analyse de lames
histologiques H&E digitalisées provenant de 302 patientes
atteintes de cancer du sein invasif, réparties selon leur réponse au traitement
néoadjuvant (réponse complète pathologique vs partielle ou nulle). Les images
ont été traitées via une plateforme d’intelligence artificielle
utilisant un algorithme de type Vision Transformer (ViT), spécialisé
dans la segmentation tissulaire, la quantification cellulaire, et
l’extraction de caractéristiques spatiales et texturales.
Le modèle a appris à associer les
caractéristiques morphologiques spécifiques (densité cellulaire,
répartition des lymphocytes, organisation tumorale) à la réponse au NAT,
aboutissant à un score prédictif robuste. Le modèle a généré un score
prédictif performant, atteignant une AUC de 0,80 dans la cohorte
test, avec une bonne capacité de généralisation sur des données issues
d'autres centres. Il a également permis d’identifier visuellement les zones
clés associées à la réponse, renforçant la valeur interprétative
clinique de l’outil. Ces résultats suggèrent que l’IA peut détecter des marqueurs
histologiques prédictifs absents de l’analyse conventionnelle, ouvrant la
voie à une stratification thérapeutique personnalisée.
Vers une anatomopathologie
augmentée
Le cancer du sein, dans
ses formes agressives, nécessite une adaptation fine du traitement néoadjuvant,
aujourd’hui encore guidée par des critères partiels. L’enjeu est de développer
des outils objectifs, reproductibles et intégrables en clinique,
capables de prédire précocement l’efficacité du NAT.
Cette étude montre que l’intelligence
artificielle appliquée à l’histologie peut générer des biomarqueurs
visuels puissants, indépendants de l’œil humain, pour prédire la réponse
thérapeutique. La performance du modèle, sa capacité à s’adapter à des
données extérieures, et son approche interprétable, en font un outil
prometteur pour la médecine personnalisée.
Toutefois, des limites de
cette étude persistent et justifient la poursuite de nouvelles recherches.
Ces recherches incluront des cohortes multicentriques plus larges, une validation
prospective, ainsi que l’intégration d’autres modalités cliniques ou
moléculaires pour améliorer la précision du modèle. Le développement d’interfaces
utilisateurs adaptées aux pathologistes sera également clé pour favoriser
l’adoption de ces outils en pratique quotidienne, dans une optique de décision
thérapeutique augmentée.
Dernières revues
Des nano-espions contre le cancer du sein ?

Par Ana Espino | Publié le 8 octobre 2025| 3 min de lecture
Eugénol : le girofle contre le cancer ?

Par Ana Espino | Publié le 7 octobre 2025| 3 min de lecture
Cancer du sein : le rôle du mode de vie dans la réduction du risque

Par Carolina Lima | Publié le 6 octobre 2025 | 3 min de lecture