25/11/2025
Radium-223 : le duo gagnant avec l’enzalutamide ?
Oncologie
Par Ana Espino | Publié le 25 novembre 2025 | 2 min de lecture
Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC) constitue une forme avancée et agressive de la maladie, dans laquelle les cellules tumorales poursuivent leur progression malgré une suppression androgénique. Il est caractérisé dans la majorité des cas par des métastases osseuses, responsables d’une morbidité considérable et d’une mortalité accrue. Ces atteintes osseuses exposent les patients à des douleurs invalidantes, à des fractures pathologiques, et à des complications graves telles que la compression médullaire.
Malgré les progrès apportés par les traitements hormonaux de nouvelle génération, comme l’enzalutamide, et l’introduction de chimiothérapies ciblées, les options thérapeutiques restent limitées pour contrôler durablement la progression osseuse. Le radium-223, un radio-isotope alpha ciblant spécifiquement les métastases osseuses, a montré un bénéfice en survie dans l’essai ALSYMPCA. Toutefois, son usage a été restreint par un risque accru de fractures, notamment lorsqu’il est utilisé en combinaison avec d'autres traitements sans protection osseuse. Cela souligne un des grands défis actuels : proposer une association de traitements efficaces tout en maîtrisant la toxicité osseuse.
C’est dans ce contexte que l’étude PEACE-3 a été initiée, pour évaluer si l’ajout de radium-223 à l’enzalutamide permettait d’améliorer la survie sans progression radiologique chez des patients atteints de mCRPC avec métastases osseuses.
Dans cette étude, 446 patients atteints de mCRPC et de métastases osseuses ont été inclus. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux bras :
Tous les patients ont bénéficié d’un traitement protecteur osseux, soit par acide zolédronique, soit par dénosumab. Le critère principal était la survie sans progression radiologique. Les critères secondaires incluaient la survie globale, le délai jusqu’au traitement suivant, la progression de la douleur et la survenue d’événements squelettiques symptomatiques.
Les résultats montrent un bénéfice significatif de la combinaison sur la survie sans progression radiologique. Une analyse intermédiaire de la survie globale suggère également un bénéfice, avec une médiane de 35 mois dans le bras contrôle contre 42,3 mois dans le bras expérimental. Le délai jusqu’au traitement suivant est allongé de manière significative dans le bras combiné.
En revanche, la combinaison n’apporte pas de bénéfice démontré sur la progression de la douleur ou la réduction des événements squelettiques symptomatiques. Concernant la tolérance, la fréquence des effets indésirables de grade ≥3 est plus élevée dans le bras combinaison (65,6 % versus 55,8 %), notamment en raison d’un surcroît de fractures osseuses. Toutefois, l’instauration obligatoire d’un traitement osseux en prévention a permis de réduire ce risque dans la seconde phase de l’étude.
Le cancer de la prostate résistant à la castration avec atteinte osseuse demeure une pathologie à fort impact clinique, pour laquelle les traitements actuels peinent à offrir un contrôle durable sans toxicité excessive. L’objectif de PEACE-3 était d’explorer la valeur ajoutée du radium-223 combiné à l’enzalutamide, tout en minimisant les risques osseux. Les résultats obtenus confirment l’efficacité de cette association en termes de survie sans progression, et suggèrent une amélioration de la survie globale, sans compromettre la tolérance lorsqu’une prévention osseuse est mise en place.
L’étude présente toutefois certaines limites. Le suivi de la survie globale reste incomplet, l’étude étant encore en phase d’analyse intermédiaire. Son caractère ouvert peut introduire des biais, notamment dans le choix des traitements ultérieurs. Enfin, les résultats ne peuvent pas être extrapolés aux patients présentant des métastases viscérales, qui étaient exclus de l’étude.
Ces données ouvrent néanmoins des perspectives claires. La combinaison enzalutamide-radium-223, avec prophylaxie osseuse, pourrait être intégrée en première ligne chez les patients atteints de mCRPC osseux. Des études futures pourraient également explorer des stratégies de traitement séquentielles ou combinées à trois agents, et évaluer leur intérêt chez des patients à faible charge tumorale ou en situation oligométastatique.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC) constitue une forme avancée et agressive de la maladie, dans laquelle les cellules tumorales poursuivent leur progression malgré une suppression androgénique. Il est caractérisé dans la majorité des cas par des métastases osseuses, responsables d’une morbidité considérable et d’une mortalité accrue. Ces atteintes osseuses exposent les patients à des douleurs invalidantes, à des fractures pathologiques, et à des complications graves telles que la compression médullaire.
Malgré les progrès apportés par les traitements hormonaux de nouvelle génération, comme l’enzalutamide, et l’introduction de chimiothérapies ciblées, les options thérapeutiques restent limitées pour contrôler durablement la progression osseuse. Le radium-223, un radio-isotope alpha ciblant spécifiquement les métastases osseuses, a montré un bénéfice en survie dans l’essai ALSYMPCA. Toutefois, son usage a été restreint par un risque accru de fractures, notamment lorsqu’il est utilisé en combinaison avec d'autres traitements sans protection osseuse. Cela souligne un des grands défis actuels : proposer une association de traitements efficaces tout en maîtrisant la toxicité osseuse.
C’est dans ce contexte que l’étude PEACE-3 a été initiée, pour évaluer si l’ajout de radium-223 à l’enzalutamide permettait d’améliorer la survie sans progression radiologique chez des patients atteints de mCRPC avec métastases osseuses.
Combiner pour mieux contrôler ?
Dans cette étude, 446 patients atteints de mCRPC et de métastases osseuses ont été inclus. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux bras :
- Enzalutamide seul
- Enzalutamide associé à radium-223.
Tous les patients ont bénéficié d’un traitement protecteur osseux, soit par acide zolédronique, soit par dénosumab. Le critère principal était la survie sans progression radiologique. Les critères secondaires incluaient la survie globale, le délai jusqu’au traitement suivant, la progression de la douleur et la survenue d’événements squelettiques symptomatiques.
Les résultats montrent un bénéfice significatif de la combinaison sur la survie sans progression radiologique. Une analyse intermédiaire de la survie globale suggère également un bénéfice, avec une médiane de 35 mois dans le bras contrôle contre 42,3 mois dans le bras expérimental. Le délai jusqu’au traitement suivant est allongé de manière significative dans le bras combiné.
En revanche, la combinaison n’apporte pas de bénéfice démontré sur la progression de la douleur ou la réduction des événements squelettiques symptomatiques. Concernant la tolérance, la fréquence des effets indésirables de grade ≥3 est plus élevée dans le bras combinaison (65,6 % versus 55,8 %), notamment en raison d’un surcroît de fractures osseuses. Toutefois, l’instauration obligatoire d’un traitement osseux en prévention a permis de réduire ce risque dans la seconde phase de l’étude.
Un nouvel allié pour l’arsenal anti-mCRPC ?
Le cancer de la prostate résistant à la castration avec atteinte osseuse demeure une pathologie à fort impact clinique, pour laquelle les traitements actuels peinent à offrir un contrôle durable sans toxicité excessive. L’objectif de PEACE-3 était d’explorer la valeur ajoutée du radium-223 combiné à l’enzalutamide, tout en minimisant les risques osseux. Les résultats obtenus confirment l’efficacité de cette association en termes de survie sans progression, et suggèrent une amélioration de la survie globale, sans compromettre la tolérance lorsqu’une prévention osseuse est mise en place.
L’étude présente toutefois certaines limites. Le suivi de la survie globale reste incomplet, l’étude étant encore en phase d’analyse intermédiaire. Son caractère ouvert peut introduire des biais, notamment dans le choix des traitements ultérieurs. Enfin, les résultats ne peuvent pas être extrapolés aux patients présentant des métastases viscérales, qui étaient exclus de l’étude.
Ces données ouvrent néanmoins des perspectives claires. La combinaison enzalutamide-radium-223, avec prophylaxie osseuse, pourrait être intégrée en première ligne chez les patients atteints de mCRPC osseux. Des études futures pourraient également explorer des stratégies de traitement séquentielles ou combinées à trois agents, et évaluer leur intérêt chez des patients à faible charge tumorale ou en situation oligométastatique.
À lire également : Traitement du cancer de la prostate par agonistes de la GnRH : quel impact réel sur la qualité de vie ?
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
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