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27/05/2025

SOPK : l’homocystéine, le nouveau marqueur caché de la fertilité ?

Endocrinologie et Métabolisme

#SOPK #Fertilité #Homocystéine #Ovocyte #Micronutriments #FIV #Méthylation  


Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection endocrinienne complexe qui touche environ 20 % des femmes en âge de procréer. Il se caractérise par un déséquilibre hormonal chronique, une anovulation persistante et des ovaires à l’aspect polykystique à l’échographie. Bien au-delà de ses manifestations cliniques, le SOPK constitue aujourd’hui l’une des principales causes d’infertilité féminine dans le monde.

L’évaluation de la fertilité dans ce contexte reste un véritable défi clinique. Malgré les avancées cliniques, l’identification de biomarqueurs fiables de la qualité ovocytaire demeure insuffisante. Les approches actuelles sont souvent imprécises, peu reproductibles, et ne reflètent pas toujours le potentiel de développement embryonnaire. Cette incertitude est d’autant plus marquée chez les femmes SOPK, chez qui l’environnement folliculaire est profondément altéré sur le plan métabolique, inflammatoire et oxydatif.


Dans ce contexte, l’homocystéine (Hcy) suscite un intérêt croissant. Impliquée dans des voies métaboliques clés, telles que la méthylation de l’ADN, elle devient toxique lorsqu’elle est mal régulée. Son excès inhibe les processus de méthylation, intensifie le stress oxydatif, et désorganise l’homéostasie cellulaire. Ces altérations pourraient compromettre directement la qualité du microenvironnement folliculaire, essentiel pour la maturation et la compétence des ovocytes. Chez les femmes atteintes de SOPK, des taux élevés d’homocystéine ont été liés à une moindre qualité ovocytaire et à des résultats de FIV moins favorables. Pourtant, les données restent rares et incomplètes, et très peu d’études ont étudié précisément la concentration d’Hcy dans le liquide folliculaire et son lien direct avec la fertilité ovocytaire dans le SOPK.


Cette étude a donc été initiée afin mieux caractériser le rôle de l’Hcy folliculaire comme possible marqueur prédictif de la qualité ovocytaire chez les femmes atteintes de SOPK. Ces données permettraient d’identifier de nouvelles pistes de prise en charge personnalisée, en particulier dans le cadre des techniques d’assistance médicale à la procréation.
   


Et si tout se jouait dans le follicule ?


Dans cette étude, 48 femmes atteintes du SOPK et prises en charge dans le cadre d’un protocole de FIV, ont été sélectionnées et réparties en deux groupes :

  • Groupe contrôle : sans supplémentation.
  • Groupe intervention : supplémentation quotidienne en micronutriments (folates, vitamines B2, B3, B6, B12, zinc, cystine et bétaïne), ciblant le métabolisme de l’homocystéine.

Le traitement a été administré pendant deux mois avant la stimulation ovarienne et maintenu jusqu’au jour du recueil ovocytaire. Après le transfert embryonnaire, les follicules à l’origine des embryons transférés ont été analysés pour déterminer leur concentration en homocystéine.

Les résultats montrent une corrélation négative entre le taux d’Hcy dans le liquide folliculaire et la survenue de grossesse. Aucune grossesse n’a été observée lorsque l’Hcy dépassait 10,5 μmol/L, sauf un cas. Bien que non significative, la concentration médiane d’Hcy était plus basse chez les femmes ayant reçu des micronutriments. Sur le plan clinique, les effets observés sont prometteurs. Les patientes supplémentées ont eu besoin de moins de FSH pour atteindre le déclenchement, indiquant une meilleure réponse ovarienne. Leur taux de blastocystes était plus élevé, suggérant une meilleure qualité embryonnaire, avec également une tendance à une implantation et un taux de grossesse clinique supérieurs. Ces résultats suggèrent que l’Hcy folliculaire pourrait devenir un bon indicateur de la qualité ovocytaire dans le SOPK, et que sa modulation par la nutrition pourrait améliorer les chances de succès en FIV.
 

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Homocystéine : indicateur clé, espoir ciblé


Le SOPK est une pathologie endocrinienne fréquente, responsable d’altérations du microenvironnement folliculaire et d’une réduction de la fertilité. Parmi les principaux challenges figure la difficulté à prédire la qualité ovocytaire, faute de biomarqueurs locaux fiables, ainsi que l’inefficacité des dosages sanguins d’Hcy à refléter l’état métabolique intra-folliculaire.


L’objectif de cette étude
était d’évaluer si la concentration d’Hcy dans le liquide folliculaire pouvait constituer un marqueur prédictif de la compétence ovocytaire, et si elle pouvait être modulée par une supplémentation en micronutriments ciblant le métabolisme de l’Hcy.


Les résultats suggèrent que l’Hcy folliculaire pourrait devenir un indicateur utile et non invasif de la qualité ovocytaire, plus pertinent que l’Hcy plasmatique. Son dosage pourrait enrichir les stratégies de sélection embryonnaire en FIV. Par ailleurs, la supplémentation en micronutriments semble améliorer la réponse à la FSH, la qualité embryonnaire et les taux d’implantation, même sans baisse significative d’Hcy.


Ces premiers résultats ouvrent donc la voie à de nouvelles approches nutritionnelles dans la prise en charge de l’infertilité liée au SOPK. Des études plus larges et incluant des femmes non-SOPK seront nécessaires pour confirmer l’intérêt de l’Hcy folliculaire comme biomarqueur reproductif et valider l’effet des interventions micronutritionnelles sur la fertilité.  

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Source(s) :
Kucuk T. et al. Follicular homocysteine as a marker of oocyte quality in PCOS and the role of mi-cronutrients. Assist Reprod Genet. 2023 Aug;40(8):1933- 1941. ;

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