07/08/2025
Tebentafusp : espoir ciblé contre un cancer de l’œil rebelle
Oncologie
Par Ana Espino | Publié le 07 Août 2025| 3 min de lecture
#Tebentafusp #Mélanome #Immunotherapie
Le mélanome uvéal est une tumeur intraoculaire rare, représentant 3 à 5 % des mélanomes. Il se distingue par un tropisme métastatique hépatique élevé et une résistance marquée aux traitements systémiques classiques. Malgré une prise en charge locale efficace (radiothérapie, chirurgie), près de 50 % des patients développent des métastases, souvent réfractaires à la chimiothérapie et peu sensibles aux immunothérapies usuelles, telles que les inhibiteurs de points de contrôle.
Face à l’absence de traitements systémiques efficaces, Tebentafusp représente une avancée thérapeutique majeure. Cet agent bispécifique, capable de lier simultanément l’antigène tumoral gp100 et CD3 sur les lymphocytes T, permet de rediriger spécifiquement la réponse immunitaire contre les cellules tumorales. Son efficacité semble particulièrement marquée chez les patients HLA-A*02:01 positifs, mais plusieurs questions demeurent concernant l’optimisation des schémas thérapeutiques, la compréhension fine des mécanismes de réponse et les possibilités de combinaisons avec d’autres immunothérapies.
Dans ce contexte cette étude a été initiée afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance de Tebentafusp chez les patients atteints de mélanome uvéal métastatique, une population au pronostic particulièrement sombre.
Quatre études cliniques incluant 475 patients atteints de mélanome uvéal métastatique ont été sélectionnées. Tous les patients étaient porteurs d’une tumeur exprimant l’antigène gp100 et présentaient l’allèle HLA-A*02:01, indispensable à l’efficacité de Tebentafusp.
Les participants ont reçu Tebentafusp par voie intraveineuse, à des doses variables allant de 20 µg à 68 µg. Les cycles de traitement étaient hebdomadaires, avec une montée en dose progressive au cours des premières semaines pour limiter les effets indésirables. Les critères d’évaluation comprenaient la survie globale, le taux de réponse objective, la stabilisation de la maladie, la progression tumorale, ainsi que la tolérance au traitement.
Les résultats montrent une survie globale à un an de 68 %, malgré une hétérogénéité modérée entre les études. Le taux de réponse objective reste limité à 7 %, avec 37 % de maladies stables et 52 % de progressions tumorales. Aucune réponse complète n’a été rapportée. Les effets indésirables les plus fréquents incluent un syndrome de relargage cytokinique dans 83 % des cas, suivi de nausées (39 %), fatigue (32 %) et vomissements (25 %). Bien que fréquents, ces événements étaient le plus souvent modérés et gérables, entraînant peu d’interruptions de traitement. Aucune augmentation significative de la mortalité ni complication grave directement imputable au traitement n’a été observée.
Le mélanome uvéal métastatique est une forme rare mais particulièrement agressive de cancer oculaire, pour laquelle les options systémiques restent très limitées et peu efficaces après dissémination hépatique. Le principal défi thérapeutique réside dans l’absence de cibles moléculaires valides et dans la faible efficacité des immunothérapies classiques. Face à ce constat, Tebentafusp a été développé comme une immunothérapie bispécifique innovante, ciblant à la fois les cellules tumorales et les lymphocytes T.
Cette étude visait à évaluer l’efficacité clinique et la tolérance de Tebentafusp dans cette indication à fort besoin médical. Les résultats suggèrent un gain de survie significatif à court terme, avec des réponses cliniques modérées mais encourageantes, en particulier chez les patients HLA-A*02:01 positifs. Le profil de tolérance reste globalement gérable.
Toutefois, l’absence de réponses complètes, l’hétérogénéité des données disponibles et la fréquence élevée des événements indésirables appellent à la prudence dans l’interprétation des bénéfices. Des essais de phase 3 à plus large échelle, combinés à une stratification des patients par biomarqueurs prédictifs, et à l’exploration de combinaisons rationnelles seront essentiels pour confirmer le rôle de Tebentafusp comme pilier thérapeutique dans le mélanome uvéal métastatique.
À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie
Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.
#Tebentafusp #Mélanome #Immunotherapie
Le mélanome uvéal est une tumeur intraoculaire rare, représentant 3 à 5 % des mélanomes. Il se distingue par un tropisme métastatique hépatique élevé et une résistance marquée aux traitements systémiques classiques. Malgré une prise en charge locale efficace (radiothérapie, chirurgie), près de 50 % des patients développent des métastases, souvent réfractaires à la chimiothérapie et peu sensibles aux immunothérapies usuelles, telles que les inhibiteurs de points de contrôle.
Face à l’absence de traitements systémiques efficaces, Tebentafusp représente une avancée thérapeutique majeure. Cet agent bispécifique, capable de lier simultanément l’antigène tumoral gp100 et CD3 sur les lymphocytes T, permet de rediriger spécifiquement la réponse immunitaire contre les cellules tumorales. Son efficacité semble particulièrement marquée chez les patients HLA-A*02:01 positifs, mais plusieurs questions demeurent concernant l’optimisation des schémas thérapeutiques, la compréhension fine des mécanismes de réponse et les possibilités de combinaisons avec d’autres immunothérapies.
Dans ce contexte cette étude a été initiée afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance de Tebentafusp chez les patients atteints de mélanome uvéal métastatique, une population au pronostic particulièrement sombre.
Tebentafusp : percée ou promesse modérée ?
Quatre études cliniques incluant 475 patients atteints de mélanome uvéal métastatique ont été sélectionnées. Tous les patients étaient porteurs d’une tumeur exprimant l’antigène gp100 et présentaient l’allèle HLA-A*02:01, indispensable à l’efficacité de Tebentafusp.
Les participants ont reçu Tebentafusp par voie intraveineuse, à des doses variables allant de 20 µg à 68 µg. Les cycles de traitement étaient hebdomadaires, avec une montée en dose progressive au cours des premières semaines pour limiter les effets indésirables. Les critères d’évaluation comprenaient la survie globale, le taux de réponse objective, la stabilisation de la maladie, la progression tumorale, ainsi que la tolérance au traitement.
Les résultats montrent une survie globale à un an de 68 %, malgré une hétérogénéité modérée entre les études. Le taux de réponse objective reste limité à 7 %, avec 37 % de maladies stables et 52 % de progressions tumorales. Aucune réponse complète n’a été rapportée. Les effets indésirables les plus fréquents incluent un syndrome de relargage cytokinique dans 83 % des cas, suivi de nausées (39 %), fatigue (32 %) et vomissements (25 %). Bien que fréquents, ces événements étaient le plus souvent modérés et gérables, entraînant peu d’interruptions de traitement. Aucune augmentation significative de la mortalité ni complication grave directement imputable au traitement n’a été observée.
Une lueur dans l’ombre du mélanome uvéal
Le mélanome uvéal métastatique est une forme rare mais particulièrement agressive de cancer oculaire, pour laquelle les options systémiques restent très limitées et peu efficaces après dissémination hépatique. Le principal défi thérapeutique réside dans l’absence de cibles moléculaires valides et dans la faible efficacité des immunothérapies classiques. Face à ce constat, Tebentafusp a été développé comme une immunothérapie bispécifique innovante, ciblant à la fois les cellules tumorales et les lymphocytes T.
Cette étude visait à évaluer l’efficacité clinique et la tolérance de Tebentafusp dans cette indication à fort besoin médical. Les résultats suggèrent un gain de survie significatif à court terme, avec des réponses cliniques modérées mais encourageantes, en particulier chez les patients HLA-A*02:01 positifs. Le profil de tolérance reste globalement gérable.
Toutefois, l’absence de réponses complètes, l’hétérogénéité des données disponibles et la fréquence élevée des événements indésirables appellent à la prudence dans l’interprétation des bénéfices. Des essais de phase 3 à plus large échelle, combinés à une stratification des patients par biomarqueurs prédictifs, et à l’exploration de combinaisons rationnelles seront essentiels pour confirmer le rôle de Tebentafusp comme pilier thérapeutique dans le mélanome uvéal métastatique.
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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

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