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29/08/2025

Des vacances qui font du bien

Psychiatrie

Par Ana Espino | Publié le 29 août 2025| 3 min de lecture


#TroubleEmotionnel #SanteMentale #Psychiatrie



Les troubles émotionnels et comportementaux chez l’enfant représentent un enjeu majeur de santé publique, avec des conséquences sur le développement personnel, les apprentissages scolaires et les relations sociales. Les vacances scolaires, si elles offrent un temps de repos bienvenu, peuvent aussi exposer certains enfants à un manque de stimulation, à l’isolement ou à des environnements peu propices à leur épanouissement mental. Ces périodes creuses peuvent ainsi accentuer les inégalités, notamment pour les enfants issus de milieux défavorisés, qui disposent de moins d’accès aux activités enrichissantes et aux interactions sociales positives.


Dans ce contexte, les programmes estivaux organisés constituent une opportunité unique de favoriser le bien-être psychologique, de stimuler les compétences sociales et de renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe. Pourtant, peu d’études se sont penchées de manière rigoureuse sur leur impact réel, et les approches mises en place varient fortement selon les contextes.

Cette étude a été initiée afin d’évaluer, à travers un protocole comparatif, l’effet d’un programme estival structuré sur la santé mentale et le bien-être d’enfants d’origines socio-économiques diverses.


Et si l’été rendait les enfants plus heureux ?


Cette étude a été menée auprès de 203 enfants âgés de 4 à 12 ans, répartis entre un groupe participant au programme estival et un groupe témoin. Le programme, d’une durée de 4 semaines, combinait activités physiques, créatives, éducatives et moments de socialisation encadrés par des animateurs formés. Les indicateurs principaux mesurés étaient la santé mentale, le bien-être subjectif et les compétences sociales.


Les analyses montrent que les enfants ayant participé au programme présentaient une amélioration significative de leur bien-être émotionnel et de leurs comportements prosociaux par rapport au groupe témoin. Les bénéfices étaient particulièrement marqués chez les enfants issus de milieux défavorisés, avec une réduction notable des symptômes émotionnels et des difficultés de comportement. Le programme a également favorisé le développement de nouvelles amitiés et renforcé le sentiment d’appartenance sociale. Les effets positifs persistaient partiellement lors de l’évaluation de suivi réalisée 3 mois après la fin du programme.



Quand jouer aide à grandir


Les troubles émotionnels et comportementaux chez l’enfant demeurent particulièrement fréquents et représentent un défi de taille. Leur impact dépasse la sphère individuelle, influençant les trajectoires scolaires, les relations sociales et, plus largement, le développement harmonieux de l’enfant. Les vacances d’été, bien qu’elles offrent une pause bienvenue dans le rythme scolaire, peuvent paradoxalement amplifier certaines difficultés lorsqu’elles manquent de structure ou de stimulation. Ces périodes prolongées sans cadre éducatif ou social organisé peuvent ainsi freiner l’acquisition de compétences essentielles et renforcer les inégalités, particulièrement pour les enfants issus de milieux défavorisés.


Dans ce contexte, cette étude visait à évaluer l’impact d’un programme estival structuré, pensé pour offrir des activités variées et socialement enrichissantes, sur la santé mentale, le bien-être et les comportements sociaux des enfants. Les résultats obtenus mettent en évidence un effet positif tangible de ce type d’intervention, se traduisant par une amélioration du bien-être émotionnel, un renforcement des comportements prosociaux et un sentiment accru d’appartenance à un groupe. Ces bénéfices se sont révélés particulièrement marqués chez les enfants les plus vulnérables, confirmant l’importance de cibler en priorité les populations à risque.

Néanmoins, la portée de ces conclusions doit être nuancée par certaines limites méthodologiques, notamment la taille relativement réduite de l’échantillon et la durée courte du suivi, qui ne permettent pas d’évaluer pleinement la pérennité des effets observés. Les perspectives ouvertes par ce travail incluent la reproduction de programmes similaires à plus grande échelle, leur inscription dans des politiques publiques combinant éducation et santé, ainsi que l’exploration de leur impact à long terme sur le développement global de l’enfant, tant sur le plan scolaire que psychosocial.  

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À propos de l'auteure – Ana Espino
Docteure en immunologie, spécialisée en virologie

Rédactrice scientifique, Ana est animée par la volonté de relier la recherche à l’impact concret. Spécialiste en immunologie, virologie, oncologie et études cliniques, elle s’attache à rendre la science complexe claire et accessible. Sa mission : accélérer le partage des savoirs et favoriser des décisions éclairées grâce à une communication percutante.




Source(s) :
Eglitis, E., et al. (2024). Effect of Summer Holiday Programs on Children’s Mental Health and Well-Being: Systematic Review and Meta-Analysis. Children, 11(8), 887 ;

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